Paris (© 2025 Afriquinfos)- A l’issue d’âpres négociations, le parti d’extrême droite a décroché la présidence de 35 groupes d’amitié dont 14 franco-africains, contre 26 pour la formation de Gabriel Attal et 20 pour La France insoumise.
Parmi les groupes dont hérite le parti de Marine Le Pen (le RN), après avoir bataillé pendant plusieurs semaines, figure en premier le groupe France-Maroc. Cette prise est considérée comme un « signal fort » pour le RN. Son entourage avait expliqué avant la rencontre que le Maroc était « un grand pays de diplomatie et de développement économique » et un acteur « important dans la lutte contre l’immigration », avec une « forte diaspora ». Ainsi d’ailleurs, le RN apporte son soutien à la marocanité du Sahara.
De cette présidence marocaine, la formation d’extrême-droite avait d’ailleurs fait une priorité, ce qui est tout sauf un hasard pour Jean-Yves Camus, le co-directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès. « Comme naguère certaines personnalités du Front national, le RN a une certaine propension à aimer le Maroc, à entretenir des liens avec lui et à soutenir notamment son attitude face à Alger sur les questions de souveraineté sur cette région qui était naguère le Sahara espagnol », rappelle-t-il sur Rfi.
Pour le RN qui est également en passe d’obtenir sept présidences de groupes avec des pays d’Afrique de l’Ouest – dont la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Togo -, ces postes seront notamment un moyen de développer ses réseaux dans la sous-région.
Bien sûr, la formation « y a toujours eu des contacts officieux, mais là on change de niveau », reprend Jean-Yves Camus avant d’illustrer son propos : « un groupe parlementaire, c’est effectivement un groupe qui publie des rapports sur la situation du pays qu’il concerne, sur la coopération entre [lui et la France]. C’est aussi le moyen de voyager en délégation et de voyager de manière officielle. Autrement dit, vous avez un contact avec d’autres réseaux diplomatiques ».
Le parti de Marine Le Pen devrait également présider les groupes d’amitié avec le Gabon, la Somalie et l’Erythrée ainsi qu’avec la Guinée-Equatoriale, un pays où Jean-Marie Le Pen s’était rendu en 2016 pour l’investiture de Téodoro Obiang-Nguéma…
Des groupes très convoités
Près de deux mois auront été nécessaires aux groupes parlementaires de l’Assemblée nationale pour s’accorder sur la répartition des présidences des groupes d’amitié avec des pays étrangers. Très convoités, les groupes d’amitié parlementaires sont surtout un outil symbolique vu comme un instrument au service du rayonnement à l’international. Il permet de participer à des actions de coopération et de réception des délégations étrangères. La désignation des présidences, hautement stratégique, a donné lieu à de longues tractations.
Le bureau de l’Assemblée nationale – sa plus haute instance collégiale – avait officiellement lancé la procédure le 20 novembre 2024. Elle devrait être définitivement entérinée lors de sa prochaine réunion, le 22 janvier. Cependant, c’est au cours d’une ultime séance de négociations, lundi 13 janvier, que la liste a été finalisée. La règle est simple : chaque camp reçoit un nombre de présidences proportionnel à son poids. A ce titre, le groupe du Rassemblement national (RN) est donc le mieux servi avec 35 places, contre 26 pour Renaissance, 20 pour La France insoumise (LFI) et 18 pour le Parti socialiste (PS).
Le parti présidentiel, Ensemble pour la République, a, lui, obtenu les États-Unis, Israël et l’Espagne. Les Insoumis, eux, auraient décroché le Liban, le Sénégal et le Mexique. Le MoDem a obtenu le groupe d’amitié France-Palestine. Le Parti socialiste présidera le groupe avec l’Algérie et Taïwan.
V.A.