Le front anti-révision de la Constitution en RDC s’est élargi le week-end du 14 décembre

Afriquinfos Editeur
5 Min de Lecture
Manifestation ce 14 décembre en RDC, pour dire non au changement de Constitution.jpg

Kasaï-Oriental (© 2024 Afriquinfos)- Ce sont dans les rues de Mbuji-Mayi, au Kasaï-Oriental, que le mouvement d’opposition connu sous le nom de Sursaut national a tenu ce samedi 14 décembre 2024, une manifestation significative. Le but: exprimer son opposition à toute tentative de révision ou de changement de la Constitution de la République démocratique du Congo (RDC).

 Réuni autour du slogan provocateur, « La Constitution ne t’empêche pas de relancer la MIBA », la manifestation a attiré un grand nombre de participants, incluant des membres de la société civile, des étudiants, des syndicats et d’autres acteurs politiques. Elle visait à défendre l’intégrité de la loi fondamentale du pays tout en appelant à une revitalisation des secteurs industriels, notamment la Société Minière de Bakwanga (Miba)

Le message explicite adressé au président de la République, Félix Tshisekedi au cours de cette marche est ‘’Non au changement de la constitution’’. Un document écrit et affiché en grand format a été présenté à la foule, portant l’inscription : « La Constitution ne t’empêche pas de relancer la MIBA ». Cette phrase résonne comme un appel urgent aux autorités pour initier des réformes structurelles et opérationnelles qui permettront de redynamiser le secteur minier congolais, tout en respectant le cadre constitutionnel.

Les organisateurs ambitionnent ainsi dénoncer toute velléité de modification de la Constitution, qu’ils considèrent comme un danger pour la démocratie et la stabilité politique en RDC.

La Miba, autrefois fleuron de l’industrie minière de la RDC, a connu des difficultés majeures au cours des dernières décennies. Les manifestants estiment que la relance de cette entreprise est essentielle non seulement pour l’économie locale de Mbuji-Mayi, mais aussi pour l’ensemble du pays. Selon les intervenants présents, la relance de la Miba ne nécessite pas une révision constitutionnelle, mais plutôt une volonté politique claire et des stratégies bien définies pour redresser l’entreprise.

Les organisateurs de cet événement ont également rappelé les risques que représentent pour la démocratie les tentatives de modification de la Constitution. Ils affirment que ces initiatives pourraient ouvrir la voie à des dérives autoritaires et à une centralisation excessive du pouvoir, contraires aux principes démocratiques inscrits dans la Constitution actuelle.

Le Sursaut national a donc lancé un appel à l’ensemble des Congolais pour rester vigilants et s’opposer à toute initiative qui pourrait remettre en question les droits et libertés fondamentaux.

« Nous ne sommes pas contre le progrès ou l’évolution de notre pays, mais nous croyons fermement que cela doit se faire dans le respect des lois en vigueur. La Constitution est le socle de notre démocratie et ne doit pas être instrumentalisée au gré des intérêts politiques. Nous exigeons que le Président Tshisekedi, au lieu de se concentrer sur des révisions constitutionnelles, se penche sur des projets concrets pour relancer l’économie, et notamment la Miba », à notre rédaction, un des leaders du mouvement.

La mobilisation à Mbuji-Mayi s’inscrit dans un contexte plus large de tensions politiques en RDC. Des rumeurs persistantes indiquent que des membres du gouvernement envisagent des modifications pour faciliter la prolongation de certains mandats ou la révision des règles électorales. Face à cela, le Sursaut national se positionne comme un acteur clé de la résistance civique, prêt à insister sur la transparence et la responsabilité dans la gouvernance.

Les manifestants ont arboré des banderoles et entonné des chants patriotiques, soulignant leur détermination à préserver les acquis démocratiques obtenus après des décennies de lutte.

Pour le parti Ensemble pour la République, la situation sécuritaire ne permet pas de changer la constitution actuellement. Khiller Mubambe, élu du parti Ensemble pour la République: «Quand on ose parler du changement de la constitution en cette période où l’état de siège est décrété, c’est une violation de la même constitution».

De son côté, le PPRD, de Joseph Kabila, estime que Félix Tshisekedi veut s’éterniser au pouvoir : «Aujourd’hui, si nous disons Non à haute voix, c’est parce que le PPRD avait déjà dénoncé la violation de la constitution lors de la désignation des membres de la Céni et ceux de la cour constitutionnelle», pointe Jules Mpanga, président du PPRD dans le Haut-Katanga. L’opposition entend désormais multiplier des actions de contestation partout dans le pays pour dire ‘non’ au changement de Constitution.

Afriquinfos