La condamnation des meneurs du « Hirak » provoque des indignations au Maroc

Afriquinfos
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Casablanca (© 2018 Afriquinfos) – Au Maroc, la condamnation des meneurs du mouvement de protestation qui a agité le royaume en 2016-2017, à de lourdes peines de prison, a suscité des réactions de colère et d’indignation chez plus d’un.

La chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca a condamné mardi soir le leader du mouvement Nasser Zefzafi et trois de ses compagnons, à vingt ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’Etat » à l’issue d’un procès qui a duré neuf mois. Un verdict qualifié de « honte ».

Les 49 autres militants qui comparaissaient avec eux ont écopé de peines comprises entre un et quinze ans de prison.

Les avocats de la défense ont refusé de plaider par solidarité avec les prévenus, qui ont boycotté les dernières audiences pour dénoncer la « partialité de la justice ».

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Après le verdict, les proches des accusés ont quitté le tribunal en criant leur colère contre « l’Etat défaillant » et en scandant « vive le Rif », en référence à la région historiquement frondeuse et marginalisée dans le nord du Maroc secouée par le mouvement de protestation.

Pour l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), ceci est un « simulacre de justice », a-t-elle écrit sur twitter, tandis que  les médias marocains eux, soulignent la « sévérité » des peines.

Nabila Mounib, figure de la gauche au Maroc à la tête du PSU (Parti socialiste unifié, gauche), lors d’une conférence consacrée à la contestation sociale dans le pays et aux détentions politiques ce mercredi, a pour sa part fustigé « les décisions désastreuses de l’Etat menacent la stabilité et la cohésion du pays ».

Dans la nuit de mardi à mercredi, des rassemblements ont eu lieu à Al-Hoceïma (nord), épicentre du « Hirak » (la mouvance), et dans la ville voisine d’Imzouren, autre haut lieu de la protestation, ont rapporté des médias locaux.

Sur les réseaux sociaux, des milliers d’internautes ont remplacé leur photo de profil par un fond noir, avec des commentaires sur la « honte » qu’ils disent ressentir devant cette « injustice », en comparant les peines avec celles plus « clémentes » prononcées contre les « pédophiles » et les « criminels ».

Des internautes marocains ont pointé un « retour en arrière » vers « les années de plomb » marquées par les exactions commises sous le règne de l’ancien roi Hassan II entre les années 1960 et 1990.

Il faut rappeler que c’est la mort d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en octobre 2016 qui a déclenchée les hostilités dans le Rif.

Xavier-Gilles CARDOZZO