Kenya: Recettes du pouvoir Ruto pour faire voter le budget 2025 sans réveiller la colère populaire

Afriquinfos Editeur
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Des policiers et des agents de sécurité kenyans prennent position pour protéger le Parlement alors que des manifestants tentent de prendre d'assaut le bâtiment lors d'une grève nationale contre les hausses d'impôts et le projet de loi de finances, le 25 juin 2024 à Nairobi.

Le Gouvernement kényan présente ce 12 juin 2025 au Parlement son budget, sans hausses massives d’impôts afin d’éviter que le rue ne s’embrase comme l’an 2024 lors de manifestations réprimées dans le sang.

Le Kenya est une puissance économique régionale, fortement endettée auprès de bailleurs étrangers. Sa population dénonce une montée en flèche du coût de la vie, dans un marché de l’emploi stagnant, et une élite politique impliquée dans de multiples scandales de corruption. Le projet de loi de finances de 2024, qui prévoyait d’augmenter les taxes sur des biens de consommation courante, avait dans ce contexte suscité une énorme colère. Des milliers de manifestants avaient pris d’assaut le parlement le 25 juin 2024, forçant le Président William Ruto à retirer le texte.

Conférence de presse du Président kenyan William Ruto le 11 juillet 2024 à Nairobi.

Au moins 60 personnes ont été tuées lors de semaines de manifestations. Les groupes de défense des droits de l’Homme affirment que des dizaines d’autres ont été illégalement détenues par les Forces de sécurité dans la foulée, dont certaines ne sont jamais réapparues. Cette année 2025, le Gouvernement a donc joué la carte de la prudence. Plutôt que d’augmenter les taxes directes appliquées aux consommateurs, il s’est davantage concentré sur les entreprises, tout en cherchant à réduire les dépenses publiques et à fermer les échappatoires fiscales pour augmenter ses revenus.

Manifestation contre les projets fiscaux du Gouvernement kényan, le 23 juin 2024 à Nairobi.

A l’instar de nombreuses nations africaines, le Kenya est lourdement endetté auprès de bailleurs étrangers. Le paiement des intérêts de ses emprunts excède les budgets de la santé et de l’éducation.

– « Eviter la controverse » –

« Le projet de loi de finances de cette année 2025 cherche, en comparaison avec celui de l’année dernière, à éviter la controverse », observe Patricia Rodrigues, du Cabinet de conseil Control Risks, interrogée par l’AFP. Mais il sera « difficile pour de nombreuses entreprises de l’accepter, car il inclut des augmentations potentielles des impôts sur le revenu et des contributions sociales, ainsi que la fin de certaines exonérations fiscales pour les grandes entreprises et les PME », ajoute-t-elle. La Banque mondiale a réduit cette année ses prévisions de croissance pour le Kenya de 5 à 4,5% d’ici 2025.

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