ABIDJAN (© 2025 Afriquinfos)- Dans un monde où la transparence est souvent reléguée au second plan, certaines voix osent briser le silence. Nelson Amenya, un entrepreneur kényan devenu lanceur d’alerte est l’une de ces figures qui refusent de fermer les yeux face aux injustices. Son nom est aujourd’hui synonyme de courage et de lutte contre la corruption, après ses révélations explosives sur un accord controversé entre le Gouvernement kenyan et le conglomérat indien Adani Group.
Un informaticien au service de l’environnement
Avant d’être propulsé sur le devant de la scène médiatique, Nelson Amenya était un homme de l’ombre. Graphiste et développeur web de formation, il s’est rapidement distingué par son engagement en faveur de la technologie et de l’environnement. Il est l’un des co-fondateurs d’«Environment 254», une organisation kényane dédiée à la promotion de modes de vie écologiques.
Loin d’être une simple ONG, «Environment 254» gère un espace de co-working, un cybercafé et une bibliothèque spécialisée, tout en offrant des formations aux jeunes sur l’utilisation des médias sociaux. Son travail dans le secteur numérique l’a également amené à développer des plateformes immobilières en ligne facilitant l’accès au logement pour les Kenyans.
De la technologie à la dénonciation
Mais, c’est en 2024 que Nelson Amenya est devenu un nom incontournable dans son pays. En publiant des informations confidentielles sur un contrat de 30 ans signé entre le Kenya et Adani Group pour la gestion de JKIA (Aéroport international Jomo Kenyatta), il a levé le voile sur des clauses défavorables pour son pays. Selon ses révélations, l’accord prévoyait une augmentation progressive des frais aéroportuaires ainsi que des exonérations fiscales massives en faveur du géant indien !
Des conditions qui mettraient en péril l’intérêt national et menaceraient la souveraineté économique du Kenya. Les révélations de Nelson A. ont suscité une indignation nationale, notamment une grève des employés de l’aéroport JKIA, en raison du manque de transparence et des conditions défavorables de ce contrat pour le Kenya. Il a démontré que certains responsables gouvernementaux tentaient de contourner les procédures légales, y compris les consultations publiques, pour faire avancer cet accord.
Menaces et répercussions
Comme beaucoup de lanceurs d’alerte avant lui, Nelson Amenya n’a pas tardé à subir les conséquences de ses révélations. Menaces de mort, intimidations et enquêtes policières sur son entreprise pour des accusations de fraude qu’il réfute catégoriquement ! Tout a été mis en œuvre pour le faire taire.
Malgré ces pressions, il reste déterminé à défendre la vérité et à sensibiliser l’opinion publique aux enjeux de la gouvernance transparente. «Je savais que ce que je faisais était risqué, mais je ne pouvais pas garder le silence, en sachant ce que cela signifierait pour mon pays», confie-t-il.
Un combat pour la vérité
Nelson Amenya incarne aujourd’hui un combat bien plus vaste que sa propre histoire: celui de la responsabilité gouvernementale et de la lutte contre la corruption. Dans un continent où de nombreux accords opaques sont passés sans consultation citoyenne, son action a ravivé le débat sur la nécessité d’une transparence accrue dans la gestion des ressources publiques.
Reste à savoir si la société kényane et la communauté internationale répondront à son appel ou si, comme tant d’autres avant lui, sa voix finira par être étouffée par les puissants qu’il dérange. Malgré tout, Nelson Amenya demeure un exemple du prix à payer pour dénoncer les irrégularités dans un monde où les intérêts économiques priment souvent sur l’éthique. Son courage rappelle que, même face à l’adversité, certaines voix refusent de se taire.
Victorine LENGA
NDLR: Plus à venir avec notre interview exclusive (Découvrez l’histoire de Nelson Amenya, le lanceur d’alerte kenyan qui a fait échouer un deal injuste de 2 milliards de dollars entre l’Etat kenyan et un magnat indien) !