Les personnels de l’aéroport international de Nairobi ont mis fin à leur grève qui a perturbé mercredi 11 septembre 2024 le trafic aérien, après avoir trouvé un accord avec la direction, ont annoncé les dirigeants syndicaux et le ministre des Transports.
Cette grève, qui a débuté à minuit, avait été lancée par le Syndicat des personnels de l’aviation du Kenya (KAWU) pour dénoncer le projet du Gouvernement kényan de confier au groupe indien Adani l’agrandissement du site en échange d’un droit d’exploitation de trente ans.
« Nous sommes parvenus à un accord. Nous avons un accord pour la reprise du travail », a déclaré à la presse le ministre des Transports Davis Chirchir depuis l’aéroport Jomo Kenyatta (JKIA), l’un des principaux hubs du trafic aérien en Afrique de l’Est et en Afrique. « Nous n’avons pas dit que nous avions accepté Adani. Nous aurons un droit de veto et notre signature sera nécessaire pour que le processus avance », a déclaré de son côté le dirigeant du KAWU, Moss Ndiema.
« Si c’est un mauvais accord, nous ne signerons pas », a-t-il ajouté. Selon le secrétaire général de l’Organisation centrale des syndicats, Francis Atwoli, des documents concernant le projet d’investissement d’Adani ont été présentés aux syndicalistes, qui les étudieront avant de décider de la prochaine action. « Nous nous engageons à les examiner dans un délai de dix jours », a-t-il déclaré, ajoutant qu’aucun travailleur ne sera sanctionné pour cette grève. De nombreux retards et annulations ont été enregistrés dans la matinée de ce 11 septembre, mais l’Autorité de l’aviation civile (KCAA) a assuré dans l’après-midi que les services de navigation aérienne étaient « pleinement opérationnels et n’étaient pas affectés » par cette grève « illégale ».
« Les opérations aériennes – décollages et atterrissages – sont gérées sans retard et des efforts sont en cours pour rattraper rapidement tout retard », a ajouté la KCAA. Le site flightaradar.com montrait un trafic moins perturbé pour la fin de journée.
– « Actif stratégique » –
Un passager, Elvis Mushengu, a dit à l’AFP avoir attendu toute la nuit. « Ils ont fermé les portes vers minuit. On n’a pas dormi, on est simplement fatigués ». Le KAWU avait assuré que son mouvement durerait tant que le Gouvernement ne mettrait pas fin aux négociations avec Adani en vue de lui confier l’agrandissement et la modernisation de l’aéroport, pour un investissement prévu de 1,85 milliard de dollars (1,7 milliard d’euros), en échange d’un droit d’exploitation pour les trente prochaines années. Selon le syndicat, l’aéroport est rentable – les taxes sur le fret et les passagers du JKIA perçues par l’Etat kényan représentent plus de 5% du PIB – et ce projet menace les emplois et n’apportera aucun bénéfice aux contribuables kényans.
Saisi par la principale association professionnelle d’avocats (LSK) et l’ONG Commission kényane des droits de l’Homme (KHRC) qui jugent le projet « irrationnel », un tribunal de Nairobi a ordonné ce 09 septembre sa suspension, en attendant un jugement sur le fond. Confronté à une importante dette publique, le Gouvernement kényan défend ce projet destiné à rénover l’un des hubs aéroportuaires les plus fréquentés du continent, mais régulièrement touché par des dysfonctionnements (pannes, fuites, etc.).
« JKIA est un actif national stratégique et n’est pas à vendre. Le Gouvernement considère un partenariat public-privé comme l’option de financement la plus viable pour la remise à niveau des infrastructures », a souligné le porte-parole adjoint du Gouvernement, Gabriel Muthuma.
Le projet prévoit notamment la construction d’une deuxième piste et la modernisation du terminal passagers. Selon l’Autorité aéroportuaire (KAA), 8,8 millions de passagers et 380.000 tonnes de fret ont transité par JKIA en 2022-23. Le tourisme est un pilier important de l’économie kényane, représentant plus de 10% du PIB en 2022, selon des données officielles.
© Afriquinfos & Agence France-Presse