A travers cette «Marche de protection de la famille», qui a rassemblé une centaine de personnes, les manifestants entendent demander au président américain de s’abstenir de plaider pour les homosexuels lors de sa visite dans le pays.
«Nous ne voulons pas Obama et Obama, nous ne voulons pas Michelle et Michelle », ont scandé les manifestants pour marquer leur refus des couples de même sexe. «Nous voulons Obama et Michele et nous voulons un enfant!»
Cette manifestation fait suite aux propos de l’ambassadeur américain à Nairobi Robert Godec qui a abordé la question lors d’une soirée organisée le 2 juillet pour la fête nationale étasunienne. L’ambassadeur avait axé son discours sur l’engagement de Barack Obama pour la défense des droits des homosexuels en invitant les Kényans à «respecter plus les droits de chacun».
«Il est important pour nous en tant que Kényans de savoir que les Etats-Unis ne sont pas Dieu. Le président Obama est le bienvenu dans le pays natal de son père mais ne devrait pas parler de la question gay», a martelé le pasteur évangélique Mark Kariuki, l’organisateur de la manifestation. Des propos qu’épouse Ann Kiok, responsable du Kenyan Christian Forum, une des associations qui ont participé à la manifestation. «Le Kenya est un pays de liberté d’expression, mais l’homosexualité est illégale. Nous ne voulons pas que quelqu’un d’un pays étranger nous dicte ce que l’on doit faire. »
Pour mieux faire passer le message, le compte twitter de Barack Obama a été impliqué dans la campagne. A travers le nouveau hashtag #KenyansMessageToObama, de nombreux kényans transmettent un message au président américain l’encourageant à ne pas parler de l’homosexualité.
Pays hostile à l’homosexualité
Les propos du vice-président kényan William Ruto ont été la goutte qui a fait déborder le vase. «Nous avons entendu que les Etats-Unis avaient autorisé les relations homosexuelles et d’autres choses dégoûtantes. L’autre jour, vous avez entendu qu’en Amérique, une loi sur l’homosexualité a été promulguée. Je veux vous dire, en tant que dirigeant chrétien, que nous allons défendre notre foi et notre pays», avait clamé M.Ruto lors d’une cérémonie religieuse, selon des propos rapportés par le journal Daily Nation.
M. Ruto, avait fait des déclarations similaires en mai, lors de la visite au Kenya du secrétaire d’Etat américain John Kerry.
Comme lui beaucoup de kenyans à l’image de la plupart des sociétés africaines sont hostiles à la question de l’homosexualité. Au Kenya, la pratique est interdite depuis la colonisation britannique, mais très rarement sanctionnée. D’après une étude du Pew Research Center, publiée en juin 2013, 90% des Kényans penseraient que «la société ne devrait pas tolérer l’homosexualité».
Mais pour Erik Gitari, directeur de la Commission nationale des droits des homosexuels au Kenya, il ya lieu de recentrer le débat «en disant qu’ils ne veulent pas des homosexuels au Kenya, ils prêchent l’exclusion et ils incitent à la violence. Nous avons d’ailleurs recueilli dernièrement des preuves de viols envers des femmes lesbiennes à Nairobi», affirme-t-il. «Obama, premier président noir des Etats-Unis, évoque l’égalité, la libération. Ils ont peur qu’il vienne prêcher l’égalité des droits ici», a-t-il ajouté.
Lors de sa visite, le président américain abordera également les questions comme l’accélération de la croissance économique, le renforcement des institutions et l’amélioration de la sécurité au Kenya.
Larissa AGBENOU