Après avoir conquis Goma dans l’est de la RDC, le groupe armé antigouvernemental M23 et l’armée rwandaise progressent dans la province voisine vers la ville de Bukavu où des volontaires ont commencé vendredi à s’enregistrer pour combattre aux côtés de l’armée congolaise en difficulté.

Face à l’aggravation de la situation, le Président congolais Félix Tshisekedi avait assuré mercredi 29 janvier 2025 qu’une « riposte vigoureuse » était en cours. Vendredi 31 janvier 2025, des files de volontaires venus s’enregistrer pour aller au front ont commencé à se former dans le stade de Bukavu, a constaté un journaliste de l’AFP. La veille, le ministre provincial de l’Intérieur avait appelé les jeunes à s’enrôler!
– Sécuriser la ville –
A Goma, des combats sporadiques se poursuivent dans la périphérie nord mais l’eau courante et l’électricité sont revenues dans plusieurs quartiers, selon plusieurs témoins. A côté d’une église au toit crevé par un obus et des boutiques pillées aux portes détruites par des rafales d’armes automatiques, une femme rencontrée par l’AFP, qui ne souhaite pas donner son nom, clame son soutien au M23. Et dit espérer qu’ils sécurisent rapidement la ville. Elle file à l’arrivée d’un pick-up du M23, craignant d’être vue avec la presse.
Les affrontements ont fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés, selon les hôpitaux. Ils ont aussi aggravé une crise humanitaire chronique dans une région où, selon l’ONU, plus de 500.000 personnes ont été déplacées depuis début janvier 2025. L’offensive éclair sur Goma, cité de plus d’un million d’habitants et presque autant de déplacés, a suscité de nombreux appels internationaux (ONU, États-Unis, Chine, UE, Angola, France…) à la fin des combats et au retrait des troupes rwandaises.
La Belgique a demandé à l’Union Européenne d’envisager des sanctions contre le Rwanda. Londres a menacé ce 30 janvier 2025 « d’un réexamen de toute l’aide britannique au Rwanda« . M. Tshisekedi a, lui, condamné « le silence » et « l’inaction » de la communauté internationale face à « la barbarie du régime de Kigali« , mettant en garde contre « une escalade aux conséquences imprévisibles » dans la région des Grands Lacs. Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques pour régler le conflit qui dure depuis plus de trois ans n’ont rien donné. L’est de la RDC est déchiré depuis des décennies par les violences de multiples groupes armés, exacerbées après le génocide de 1994 au Rwanda.

Kinshasa accuse Kigali de vouloir y piller les nombreuses richesses naturelles. Le Rwanda dément, et dit vouloir y éradiquer certains groupes armés qui menacent en permanence sa sécurité selon lui. Notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda.
© Afriquinfos & Agence France-Presse