Politique industrielle
Pour améliorer la compétitivité de la France, Nicolas Sarkozy entend baisser le coût du travail. Il a annoncé début janvier la mise en place d'une TVA sociale : les charges sociales qui pèsent sur les entreprises seront diminuées et, en contrepartie, la TVA augmentée de 1,6 point en octobre. Le candidat a en outre proposé fin janvier de mettre en place une Banque de l'industrie dotée d'un milliard d'euros de fonds propres. François Hollande compte, lui, mettre en place un "pacte productif" pour développer les entreprises, notamment les PME, et relancer croissance et emploi. Ce pacte devrait coûter près de 5 milliards d'euros sur cinq ans, financés notamment par une baisse des aides publique accordées aux grandes entreprises et au secteur
financier.
Le candidat souhaite aussi créer une Banque publique d'investissement qui doit permettre de soutenir le développement des sociétés. Une partie des financements sera orientée vers l'économie sociale et solidaire. Marine Le Pen souhaite quant à elle mener une politique de réindustrialisation volontariste pour renouer avec la croissance et lutter contre le chômage, l'objectif étant de permettre à la France de retrouver sa place dans la compétition mondiale. La candidate compte mettre l'accent sur le développement du tissu national d'entreprises via les PME/PMI et le secteur du commerce et de l'artisanat. Jean-Luc Mélenchon propose de reconstruire un tissu industriel diversifié en France. Il compte favoriser les filières dans les secteurs émergents et stratégiques comme les transports ou les énergies vertes. Les pôles de compétitivité, qui mettent selon lui en concurrence les territoires, seront supprimés au profit de pôles de coopération pour mieux lier recherche, formation, production et emploi. Au MoDem, François Bayrou entend valoriser les points forts de la France dans les secteurs de pointe, comme l'aéronautique, mais aussi reconquérir les secteurs perdus, tels le textile ou l'électroménager.
Pour relancer la croissance, le candidat centriste veut "réarmer" la production française, afin que la France redevienne un grand pays producteur et exportateur. Pouvoir d'achat Selon un sondage BVA-Orange-presse régionale-RTL publié mercredi 14 mars, la première préoccupation des Français demeure le pouvoir d'achat. Pour augmenter le pouvoir d'achat, Nicolas Sarkozy propose d'augmenter "d'un peu moins de 1.000 euros par an" le revenu net des sept millions de Français gagnant entre 1.200 et 1.500 euros par mois en abaissant les charges salariales. Le coût de la mesure, 4 milliards d'euros, serait financé par la suppression de l'actuelle prime pour l'emploi, qui coûte 2,5 milliards d'euros et par une hausse de 1,5 milliard d'euros de la taxe sur les dividendes. De son côté, François Hollande souhaite agir sur les tarifs énergétiques et le niveau des loyers. En matière énergétique, l'objectif est d'encourager les consommations responsables et de faire sortir de la précarité énergétique 8 millions de Français.
Dans les zones en tension, François Hollande entend encadrer par la loi le montant des loyers lors de la première location ou à la relocation. La candidate du Front national préconise une augmentation du pouvoir d'achat des plus modestes, en allégeant de 200 euros les cotisations sociales de tous les salariés touchant moins de 1,4 fois le smic. Au total, une telle mesure reviendrait à environ 20 milliards d'euros. Pour la financer, Marine Le Pen pense instaurer une contribution sociale à l'importation. Ce droit de douane appliqué sur tous les produits étrangers (538 milliards d'euros) s'établirait à 3,6 % du prix. Pour ce qui est de Jean-Luc Mélenchon, il propose d'indexer les minima sociaux sur le smic et de fixer celui-ci à 1 700 euros brut par mois pour 35 heures, contre 1 400 euros en 2012, soit une augmentation de 300 euros. Quant au candidat du MoDem, il n'a pas formulé jusqu'à présent de proposition claire en faveur du pouvoir d'achat mais suggère néanmoins d'éviter une hausse de prix supérieure à 0,5%, en n'augmentant la TVA à 1% pour 2012.
De plus, selon lui, acheter français constitue également "un moyen d'augmenter le pouvoir d'achat des Français". Emploi L'UMP prône une sortie définitive des 35 heures par la négociation collective dès 2012, en adaptant la durée du travail aux besoins des entreprises et en échange d'une augmentation des salaires. Le parti de Nicolas Sarkozy entend favoriser les revenus du travail par rapport aux revenus de l'assistance, pour inciter au retour à l'emploi et développer les contrats d'insertion, afin d'inciter les bénéficiaires du RSA à reprendre une activité. Il entend également élargir les conditions du travail le dimanche et attribuer à chacun un compte individuel de formation. Le Parti socialiste entend quant à lui créer 150.000 emplois d'avenir pour faciliter l'insertion des jeunes dans l'emploi et revenir sur la défiscalisation et les exonérations de cotisation sociale sur les heures supplémentaires, sauf pour les très petites entreprises. Il prévoit également une hausse du coût des licenciements collectifs pour les entreprises qui versent des dividendes ou rachètent leurs actions et une augmentation des cotisations chômage pour les entreprises qui abusent des emplois précaires. A l'extrême-droite, le Front National propose une nouvelle stratégie autour de trois grands axes : la réindustrialisation de la France, le soutien aux PME, artisans et commerçants et le renforcement du dynamisme du marché du travail. Marine Le Pen ne compte pas revenir sur la loi sur les 35 heures mais souhaite prévoit autoriser la renégociation de la durée hebdomadaire du temps de travail à la condition qu'elle s'accompagne d'une augmentation proportionnelle du salaire. Le Front de gauche se prononce quant à lui pour un rétablissement des 35 heures, un strict encadrement du recours aux heures supplémentaires et une réaffirmation du CDI au plein temps comme la norme du contrat de travail. Les intérimaires et les CDD ne devront pas dépasser 5 % des effectifs dans les grandes entreprises et 10 % dans les PME. La coalition de M. Mélenchon prévoit également l'interdiction des licenciements boursiers ainsi que la création d'un Fonds national et de fonds régionaux pour l'emploi et la formation. Pour lutter contre le chômage, François Bayrou propose à toute entreprise de moins de 50 salariés l'ouverture d'un droit à un emploi sans charges pendant deux ans, pour un CDI proposé à un jeune, dont ce sera le premier emploi, ou à un chômeur. Cette mesure, qui devrait coûter 2 milliards d'euros par an, sera financée par la suppression de l'exonération fiscale des revenus des heures supplémentaires.
Made in France Nicolas Sarkozy se pose en défenseur des produits fabriqués en France. Le candidat UMP promeut le label "Origine France garantie", attribué aux produits dont 50% de la valeur ajoutée est fabriquée dans l'Hexagone. Imaginé en 2010, il permet de garantir l'origine des produits, d'aider les consommateurs à repérer ce qui vient de France mais aussi de "favoriser le maintien des savoir-faire" dans le pays. Dans son programme, François Hollande vante le "patriotisme industriel". Pour le candidat socialiste, l'Etat devient "stratège " et aide en priorité les entreprises qui relocalisent leur activité. A l'inverse, celles qui délocalisent doivent rembourser les aides de l'Etat qu'elles perçoivent. Dans ce nouveau "pacte industriel", la fiscalité locale est modulée en fonction des investissements réalisés dans l'Hexagone. Pour Marine Le Pen, des barrières douanières doivent être installées aux frontières françaises pour décourager les importations. La candidate du Front National veut également faire voter une loi "Achetons Français" qui donnera priorité aux PME françaises dans les marchés publics. Elle espère ainsi créer 500 000 emplois industriels en 5 ans. Une vaste campagne de valorisation du "Made in France" serait en parallèle lancée auprès des consommateurs. De son côté, Jean-Luc Mélenchon prône un protectionnisme européen par l'instauration d'une taxe aux frontières des 27 sur les produits qui "posent un problème social ou environnemental". Le candidat Front de gauche entend réintroduire les productions d'usage courant qui n'existent plus en France et en Europe. Les entreprises qui délocalisent devront rembourser les aides d'Etat. Jugeant cette consigne culpabilisatrice, il refuse néanmoins d'encourager les consommateurs à acheter français. Le candidat du MoDem souhaite créer un label "produit en France" pour garantir au consommateur l'origine du produit, qu'il soit fabriqué par une entreprise hexagonale ou étrangère. Objectif : la transparence absolue à l'égard du consommateur. A ses yeux, l'achat doit être un acte engagé dans lequel le consommateur soutient le producteur.