France/présidentielle : grandes propositions en matière économique des principaux candidats

Afriquinfos Editeur
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En pleine crise de la dette en zone euro et suite à la perte du triple A français en janvier, la question de l'économie occupe une place centrale dans la campagne présidentielle. A la recherche de solutions de sortie de crise, les candidats avancent diverses propositions, notamment sur l'équilibre budgétaire, la régulation financière, la politique industrielle, le pouvoir d'achat et l'emploi. Un débat sur le "made in France" s'est également invité dans la campagne.  Crise de la dette en zone euro  Dans la continuité des avancées promues par le président de la République et la chancelière allemande, l'UMP souhaite la mise en place d'un gouvernement économique de la zone euro et la création d'un sommet de la zone euro qui réunirait les chefs d'État au moins six fois par an.

Une Assemblée parlementaire de la zone euro, regroupant des eurodéputés et des représentants des Parlements des États partageant la monnaie unique, serait également créée. L'UMP reprend aussi dans son projet l'obligation pour les Etats de la zone euro d'adopter, de préférence au niveau constitutionnel, une règle d'or contre les déficits.  Le Parti socialiste souhaite quant à lui renégocier le traité européen issu de l'accord du 9 décembre 2011 et le traité de rigueur budgétaire voté fin février pour privilégier la croissance et l'emploi. Le rôle de la Banque centrale européenne sera orienté dans cette direction et plus seulement le contrôle de l'inflation. François Hollande compte proposer aux autres pays de l'UE "un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance", avec pour objectif de sortir de la crise économique et de "la spirale d'austérité qui l'aggrave".

Pour Marine Le Pen, la crise de la dette en zone euro est l'aboutissement de dix années d'échec de la monnaie unique. Elle estime que l'euro n'a pas "tenu ses promesses de croissance et de plein emploi" et prône de un "plan de déconstruction ordonnée" qui prévoit l'arrêt de la monnaie unique et le retour aux devises nationales.  Pour mettre fin à la crise de la dette, Jean-Luc Mélenchon prône un réaménagement négocié des dettes publiques, l'échelonnement des remboursements, la baisse des taux d'intérêts et leur annulation partielle. Le Front de gauche compte abroger par voir référendaire le Pacte qui fixe aux Etats des objectifs d'équilibre budgétaire, et le semestre européen, mécanisme censé coordonner les politiques budgétaires des 27. Pour remplacer le Fonds de stabilité financière mis en place en 2010, il propose un nouveau "Fond européen de développement social, écologique et solidaire" chargé de répartir les financements à taux d'intérêt très bas ou nuls entre les pays membres de l'euro en fonction de leurs besoins.  

Le MoDem propose de créer un Conseil de la politique économique de la zone euro dont le rôle serait d'exercer une coordination de la politique économique et budgétaire et de dialoguer avec la BCE. Ce Conseil agirait avec des instruments d'action nouveaux comme une ligne de crédit adossée à la BCE, un Fonds Monétaire Européen, qui pourrait venir en aide à des pays défaillants au sein de l'Union, ou encore une agence européenne d'émission de la dette publique pour réaliser de nouveaux emprunts européens.  Equilibre budgétaire  Nicolas Sarkozy voit un retour sous la barre européenne des 3% de déficit en 2013 et l'équilibre en 2016 à travers les mesures du plan de rigueur adopté début novembre : relèvements partiels d'impôts et de TVA, accélération de la mise en place de la retraite à 62 ans, et des mesures sur certaines dépenses (prestations familiales, aides au logement). Il souhaite faire adopter une "règle d'or" dans la Constitution afin de limiter le niveau du déficit et de la dette. Pour contourner le vote du Sénat, où la gauche est majoritaire, le candidat souhaite proposer un référendum sur cette question.  Le candidat socialiste, lui, évoque un retour à l'équilibre en 2017.

Pour François Hollande, le redressement des finances passe par une suppression des "cadeaux fiscaux" accordés en 2007 et un nettoyage des niches fiscales aux plus favorisés et aux grosses entreprises. Une politique qui permettrait un retour à 3% de déficit dès 2013 et donc l'équilibre en 2017. 

 Marine Le Pen compte mettre en place une politique volontariste pour restaurer la croissance, condition indispensable pour elle d'un désendettement de long terme. Elle défend la préservation de la "bonne dépense" avec notamment la fin du non-replacement d'un fonctionnaire sur deux partants à la retraite. La maîtrise dans la durée de l'endettement public sera inscrite dans une loi cadre qui instaurera à terme l'obligation d'un déficit structurel égal à zéro.  Quant à Jean-Luc Mélenchon, il estime que l'investissement public est nécessaire en particulier en période de crise. Il refuse le dogme de la réduction des dépenses publiques et souhaite libérer les finances publiques de toute pression des marchés financiers. Le candidat ne souhaite pas inscrire dans la Constitution l'objectif de l'équilibre budgétaire et compte supprimer la loi organique relative aux lois de finances pour mettre en place des règles alternatives qui n'impliquent pas la réduction des dépenses.  

Au MoDem, François Bayrou s'est donné comme objectif de revenir à l'équilibre budgétaire en trois ans. Le candidat propose un programme austère, pour que l'Etat "remette en ordre ses affaires" sans "effrayer les Français", tablant sur une hausse de 0,2% du PIB. François Bayrou s'engage ainsi à faire 50 milliards d'économies et à dégager 50 milliards de recettes en trois ans. Le centriste veut également supprimer 20 milliards d'euros de niches fiscales d'ici à 2016, augmenter la TVA d'un point en 2012 et d'un autre point en 2014 "si la croissance n'est pas au rendez-vous".  Régulation financière  A l'UMP, Nicolas Sarkozy prône la mise en place d'une taxe sur les transactions financières de 0,1% dès le mois d'août 2012. Le rendement attendu est de 1 milliard d'euros. Il prône également une fusion du G8 et du G20, en vue d'améliorer la gouvernance dans la prise de décisions en matière de régulation bancaire, une hausse de 2% de la CSG sur les revenus du patrimoine ainsi que la mise en place d'une taxe sur les flux financiers, à hauteur de 0,1%.  

François Hollande propose quant à lui de séparer par la loi les activités de dépôt des banques, "utiles à l'investissement et à l'emploi", de leurs opérations spéculatives. Il entend remettre la finance au service du financement de l'économie et souhaite augmenter de 15% l'imposition sur les bénéfices des banques. Au niveau européen, il compte proposer la création d'une agence publique européenne de notation ainsi que d'une taxe sur toutes les transactions financières. Enfin, il défend l'interdiction pour les banques d'exercer dans les paradis fiscaux et la création d'une Agence publique européenne de notation.  Le Front National défend quant à lui la fin du monopole des marchés financiers et des banques en ce sur le financement des emprunts de l'Etat et envisage en cas d'extrême nécessité la nationalisation, même partielle et temporaire, des banques de dépôts en difficulté. Marine Le Pen s'est prononcée en faveur d’une interdiction des produits dérivés spéculatifs et pour la mise en place d'une taxe mondiale sur les transactions financières.

Elle propose également la sortie de l'euro et un retour aux monnaies nationales. Enfin, le programme du FN prévoit que la Banque de France puisse financer la dette de l'Etat.  Quant au Front de gauche, il propose de mettre en place un contrôle des mouvements des capitaux et le blocage de ceux à visée spéculative, ainsi qu'une taxe sur le capital et les transactions financières. Il défend en outre le blocage des échanges de capitaux avec les paradis fiscaux et la réforme de la BCE et de la Banque de France. Au MoDem, François Bayrou souhaite la création d'un budget européen qui s'autofinancerait en n'étant plus tributaire des versements des Etats. Le candidat centriste propose également la mise en place d'un "Conseil européen de la politique économique de la zone Euro" dont le but serait de coordonner les politiques économiques et budgétaires nationales ainsi que d'une "agence européenne d'émission de la dette". François Bayrou s'engage également à séparer les activités de banque de détail de celles de marché, de supprimer les paradis fiscaux et de mettre en place une taxe Tobin sur les transactions financières.  (à suivre)