Dans un bureau de vote de Saint-Ouen-l'Aumône, en banlieue parisienne, des dizaines de personnes âgées se présentent pour accomplir leur devoir de citoyen. Les bulletins de vote sont disposés en grandes piles, signe de l'enthousiasme des électeurs pour ce scrutin présidentiel.
Khadija Ben Issa, une dame voilée âgée d'une quarantaine d'années, déclare avoir voté pour François Hollande. "Je veux un nouveau président qui ne stigmatisera pas les immigrés, ni les musulmans, comme l'a fait Sarkozy pour camoufler ses mauvaises mesures politiques et économiques", a confié à Xinhua la citoyenne française d'origine algérienne.
"Tout se passe bien, correctement", a affirmé la présidente du bureau de vote n°7 dans le 17e arrondissement à Paris, Nadia Salem, dans une interview à Xinhua. Le bureau de vote, installé dans l'enceinte du collège Boris Vian, devrait accueillir 1.249 électeurs inscrits. Parmi les quatre votants interviewés par l'agence Xinhua à la sortie de ce bureau de vote, deux ont répondu avoir voté pour François Hollande, un a dit avoir donné sa voix au président sortant Nicolas Sarkozy et le quatrième n'a pas voulu dévoiler son choix.
Tout en reconnaissant que le président-candidat "a fait des erreurs au départ", ayant "voulu jouer les riches" (vacances à bord d'un yacht, dîner au Fouquet's..), l'électeur de droite, qui s' est présenté comme Christian, estime que M. Sarkozy "a les clés d' une meilleure gestion que François Hollande qui sera beaucoup plus enclin à prendre des mesures démagogiques". Ce dimanche, environ 44,5 millions d'électeurs sont attendus aux urnes entre 8h et 18h en province, mais jusqu'à 20h à Paris et en Ile-de-France.
Déçue par la politique du président sortant, Françoise Le Maité, employée de cantine, a choisi de voter socialiste, essentiellement pour le droit à la retraite à 60 ans. Les électeurs se pressent dans le calme, attendant leur tour en file indienne, dans les écoles publiques où se déroule le vote, encadré par des bénévoles, qui vérifient l'identité du votant et son inscription sur les listes électorales. Dans une école maternelle du 20e arrondissement de Paris, où s'est rendu Xinhua, des personnes de tout âge – retraitée portant son cabas, probablement en route pour le marché dominical, et couple de trentenaires accompagné de leurs enfants se côtoient – présentent leur carte d'électeur pour recevoir une petite enveloppe bleue et des bulletins de vote portant le nom des candidats, avant de rejoindre l'isoloir.
"A voté !", peut-on entendre résonner à intervalles réguliers dans la grande salle, une fois que le votant a mis son enveloppe bleue dans l'urne. Tout se déroule dans le calme et avec un semblant de solennité, en cette fraîche matinée de printemps. Après deux mois de campagne surmédiatisée, le bal des sondages et des pronostics cède enfin la place au vote effectif des Français, suscitant un sentiment de soulagement mêlé d'appréhension.
Il s'agit d'élire les deux candidats qui passeront au second tour de l'élection présidentielle française. L'enjeu est de taille, puisque la plupart des analystes et conseillers politiques estiment que le score réalisé au premier tour par chacun des prétendants à l'Elysée sera déterminant pour le résultat final.
Alors que tous les sondages donnent le président sortant Nicolas Sarkozy (UMP, droite) et le socialiste François Hollande (PS, gauche) comme le duo gagnant du premier tour, deux grandes inconnues demeurent : le vote des indécis, qui compterait pour un quart de l'électorat français, et le taux d'abstention, qui, s'il est élevé, reflètera l'intérêt des Français pour cette campagne présidentielle et renforcera la légitimité des deux vainqueurs du premier tour. Selon un sondage IFOP, un taux d'abstention record de 32% pourrait assombrir le scrutin du premier tour, reflétant la frustration d'électeurs insatisfaits par les propositions des différents candidats.
Environ 16% de Français ne sont pas allés voter au premier tour de l'élection présidentielle de 2007, alors qu'ils étaient 28,4% à s'abstenir en 2002, ce qui avait permis au candidat d'extrême- droite, Jean-Marie Le Pen, de damer le pion à l'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin et d'accéder au second tour. Aujourd'hui, à midi, le taux de participation s'est élevé à 28, 29%, soit un taux inférieur à celui de 30,88% qui avait été enregistré à la même heure en 2007, selon les chiffres dévoilés par le ministère de l'Intérieur.
L'ensemble des candidats à la présidentielle de 2012 ont effectué leur vote avant midi, y compris le président Sarkozy (UMP) et M.Hollande (PS). Les premiers résultats officiels seront publiés après la fermeture à 20h des derniers bureaux de vote. Les deux principaux favoris, M. Sarkozy et M. Hollande, devraient reprendre leur duel, le 27 avril, avec une série de meetings de campagne, s'ils finissent bien en tête de ce premier tour. Un débat télévisé en face-à-face est prévu, le 2 mai prochain, entre les deux derniers candidats en lice pour le second tour.