Foot: Le Cameroun s’amuse à valoriser la confusion autour de deux sélectionneurs provenant de deux entités différentes

Afriquinfos Editeur
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Yaoundé (© 2024 Afriquinfos)- Entre le ministère camerounais des Sports et la FECAFOOT (Fédération Camerounaise de Football), dire que le torchon brûle, est un doux euphémisme. La pomme de discorde, la nomination d’un nouveau sélectionneur à la tête des Lions Indomptables que conteste le président de la Fédération, Samuel Eto’o. Ce dernier annonce la nomination d’un sélectionneur parallèle.

Deux sélectionneurs pour une seule équipe nationale, c’est le scénario vers lequel on s’avance au Cameroun. Après l’annonce par le ministère des Sports de la nomination d’un nouveau sélectionneur en la personne du Belge Marc Brys, la FECAFOOT et son célèbre président, Samuel Eto’o, ont réagi pour marquer leur mécontentement. Pour motiver son désaccord, l’instance faîtière du football camerounais évoque le décret présidentiel n°2014/384 du 26 septembre 2014 portant organisation et fonctionnement des sélections nationales. Et estime que la gestion sportive, technique et administrative de la sélection fanion de football relève de sa compétence.

Pour ne rien arranger, outre le technicien belge, plusieurs personnalités nommées pour rejoindre l’encadrement de la sélection entretiennent des relations notoirement mauvaises avec Samuel Eto’o. Parmi elles, les anciens internationaux Alioum Boukar et François Omam-Biyik, qui intégreront le staff technique de Marc Brys. Ils avaient déjà occupé ces fonctions sous la direction du sélectionneur portugais Antonio Conceiçao, mais avaient été limogés par le président de la FECAFOOT, juste après la Coupe d’Afrique des nations (CAN) jouée à domicile en 2022. Quant à Benjamin Banlock, nommé coordinateur sportif de la sélection, il était Secrétaire général de la Fecafoot avant de démissionner en mai 2022, six mois après l’élection de Samuel Eto’o dont il dénonçait le management!

Un pays de talents, une gouvernance sportive approximative

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La FECAFOOT reproche par dessus tout au Gouvernement de ne l’avoir pas associé au processus de recrutement du nouveau sélectionneur. ‘’Faux’’, rétorque le ministère des Sports. Cyrille Tollo, conseiller technique auprès du ministre Narcisse Mouelle Kombi, conteste vigoureusement les arguments de l’instance. «Affirmer que la FECAFOOT n’a pas été associée au processus de recrutement est faux. Elle a transmis au ministère des sports des dossiers de candidature qu’elle avait reçus, ceux du Portugais José Peseiro, de l’Italien Fabio Cannavaro et d’Hervé Renard».

Des candidatures qui selon le Ministère des Sports ‘’présentaient chacune des prétentions salariales exorbitantes’’. Avant d’ajouter qu’‘’au regard de l’imminence des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, nous vous tenons informé que le ministère des Sports a d’ores et déjà pris toutes les dispositions utiles et nécessaires, adéquates et appropriées (…) pour l’entrée en fonction du nouvel entraîneur-sélectionneur ». Cyrille Tollo, n’a pas manqué de rappeler à Samuel Eto’o que les précédentes nominations ou limogeages étaient passés par ce mécanisme en vertu de la Convention Minsep-FECAFOOT.

Cette réponse n’a cependant pas convaincu la FECAFOOT d’arrêter sa fronde. Samedi 6 avril, le Comité d’urgence de la Fédération a demandé à Samuel Eto’o de choisir un nom dans les 72H. « À l’unanimité des membres présents, le Comité d’urgence recommande au président de la FECAFOOT de lui soumettre, en application des articles 4 du décret N°2014/384 du 26 septembre 2014 et 40 alinéa 11 des statuts de la FECAFOOT, des propositions de nomination des membres des structures d’encadrement des sélections nationales de football dans un délai de 72 heures », explique le communiqué issu de cette réunion.

Dans ce bras de fer qui oppose le Minsep et la FECAFOOT, Samuel Eto’o détient une carte. Pour être validé par la FIFA, le contrat de Marc Brys, déjà à Yaoundé depuis dimanche 07 avril, devra en effet être signé par le président de la FECAFOOT. Mais pourra-t-il seulement l’activer? Cyrille Tallo a laissé entendre que cette fronde de la FECAFOOT est perçue «comme une attaque frontale de Samuel Eto’o à l’encontre du Chef de l’Etat. Monsieur Eto’o n’est pas un collaborateur de Monsieur Biya, et il ne gère pas la sélection nationale comme il l’entend, car l’Etat consacre des moyens importants pour la réussite des Lions indomptables. Il doit comprendre que la décision de nommer Marc Brys est celle du Président de la République, et non celle du ministre des Sports. » Voilà qui est dit.

Cette impasse qui se profile dans le football camerounais, laisse planer le risque de sanctions de la CAF et de la FIFA qui peuvent aller jusqu’à la suspension des Lions Indomptables de la CAN ou du Mondial de football.

Boniface T.