Fethullah Gülen disparaît au moment où Ankara a presque noyauté son réseau d’écoles en Afrique depuis 10 ans 

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Façade d'une école Maarif en Côte d'Ivoire (DR)

Ankara (© 2024 Afriquinfos)- Le prédicateur turc Fethullah Gülen « ennemi juré » du pouvoir turc est décédé dans la nuit du dimanche au lundi 21 octobre. Exilé aux États-Unis depuis 1999, l’ancien allié de président Recep Tayyip Erdogan, est tombé en disgrâce depuis des décennies, encore plus, après la tentative de coup d’état en 2016, dont il serait le cerveau. Depuis, Ankara s’attèle à effacer toute trace de son influence à travers le monde notamment en reprenant le contrôle de ses écoles ouvert en Afrique.

Avant d‘être persona non grata en Turquie, Fethullah Gülen était un prédicateur très respecté et bien introduit dans les cercles du pouvoir. Aussi a-t-il eu, le temps de placer ses hommes liges dans tous les rouages du système étatique turque que ce soit dans le gouvernement, la magistrature, dans l’armée, dans la police ou encore dans le système éducatif. A sa chute, l’une des priorités du pouvoir d’Ankara a été de démettre tous les cadres du mouvement « guléniste » de toutes les positions de pouvoir.

Pour se rendre compte de l’ampleur de son influence, il faut savoir que des poursuites ont été engagées contre près de 700 000 personnes, et 3 000 d’entre elles, accusées d’avoir joué un rôle dans le coup d’État raté, ont été condamnées à la prison à vie, selon les autorités turques. Plus de 125 000 fonctionnaires ont également été limogés pour de soupçons d’appartenance, dont quelque 24 000 soldats et des milliers de magistrats. Des établissements d’enseignement privé, des médias et des maisons d’édition ont aussi été fermés.

La « chasse à l’homme » ne s’est pas arrêtée en Turquie mais aussi à l’étranger où Fethullah Gülen avait implanté des centaines d’établissements scolaires réputés pour leur excellence, mais dans lesquels ses détracteurs voyaient la volonté de former des élites locales totalement dévouées à la cause d’une redoutable communauté.

En Afrique, les écoles enseignant le modèle « Gülen » étaient présentes à Djibouti, au Gabon, en Gambie, en Guinée, en Mauritanie, au Niger, à São Tomé-et-Prìncipe, au Sénégal, en Somalie, au Soudan, au Tchad et en Tanzanie etc… Après la tentative de putsch de 2016, la Fondation Maarif a été créée par les autorités d’Ankara. Son objectif : reprendre le contrôle des écoles gulenistes sur le continent et partout ailleurs ou créer des écoles expurgées de toute influence guléniste.

Le président Recep Tayyip Erdogan jouera personnellement de son influence auprès des Chefs d’Etat africains pour permettre à la Fondation Maarif de reprendre la main de ces écoles. « Nous n’avons pas de contacts réguliers avec le président de la République, mais sans doute les autorités turques emploient-elles des canaux diplomatiques pour faire part à leurs interlocuteurs africains de leurs préoccupations concernant la menace guléniste. De notre côté, nous nous tenons prêts lorsqu’il faut apporter des solutions dans le domaine de l’éducation » a confié Birol Akgün, qui préside la Fondation Maarif depuis 2016.

Depuis bientôt 10 ans, presque toutes les écoles Gulénistes en Afrique sont désormais sous l’étendard Maarif. Avec la mort Fethullah Gülen, son réseau s’affaiblit un peu plus, et Recep Tayyip Erdoğan voit une épine enlever de son pied.  

Boniface T.