Eto’o, Evra, Balotelli, Touré, Ouaddou, Mbia et Samba : Ces joueurs africains victimes du racisme

Afriquinfos Editeur
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Le football anglais est particulièrement marqué par le racisme. Malgré les sanctions, il prolifère sur les pelouses. En décembre dernier, c’est le joueur d’origine guinéenne Patrice Evra qui a fait les frais d’insultes racistes de la part de l’attaquant uruguayen, Luis Suarez : parait-il que « negro » ne serait pas une insulte dans sa langue. Il avait alors été contraint de payer une amende de près de 48.000 euros et avait été suspendu pour 8 matchs. Par ailleurs, le racisme s’étendrait au sein même des clubs  : le joueur ivoirien Kolo Touré se disait victime de discrimination, en décembre dernier. La raison : la participation des joueurs africains à la CAN.

 Les équipes anglaises ne sont pas les seules à être entachées par le racisme. L’Italie est le pays où le racisme dans le football est le plus ancré. L’unique joueur d’origine africaine de la Squadra, Mario Balotelli, a souvent été victime de protestations racistes de la part de supporters exhibant des tatouages ou des saluts fascistes et les médias italiens n’ont pas souvent été tendres avec lui.

 En Espagne, les affaires de xénophobies ne sont pas rares. Le camerounais Samuel Eto’o connait la chose : en 2006, alors qu’il jouait au sein du FC Barcelone, les supporters du Saragosse l’avait accueilli à coup de cris de singe. La star du football avait alors menacé de quitter le stade. La fédération espagnole avait donc condamné le club à une amende de 9.000 euros, une goutte d’eau dans la mer. Samuel Eto’o, quant à lui, avait demandé à ce que le stade soit fermé pendant un an, comme mesure exemplaire et dissuasive, mais sa demande n’avait pas été retenue.

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 En Russie, le tir de banane sur les joueurs d’origine africaine est devenu un sport national. En mars dernier, le footballeur congolais Christophe Samba, coéquipier de Samuel Eto’o à l'Anzhi Makhachkala, l’a appris à ses dépens : une banane est venue s'écraser sur sa tête. Furieux, il a renvoyé le fruit dans les tribunes. Ce geste aurait pu lui valoir une sanction disciplinaire si l'auteur de l’affront n'avait été identifié. Par ailleurs, le geste de l'attaquant tchèque Milan Baros avait choqué le monde du football : il se pinçait le nez et agitait sa main, après un contact avec le footballeur camerounais Stéphane Mbia. On se souvient également, lors de l’Euro 2012, des attaques de la part des supporters croates et russes à l’encontre des supporters d’origines africaines.

 La France n’est pas épargnée : le marocain Abdeslam Ouaddou, alors joueur au sein de la Valenciennes,  avait été victime à plusieurs reprises d’insultes racistes de la part de supporters du FC Metz, en 2008. Le joueur Togolais Emmanuel Aderbayor, choqué par la vague de racisme qui s’abat sur ce sport, a donc décidé de s’investir dans la lutte contre le racisme dans le football français.

 Jets de bananes, cris de singe, insultes et bagarres sont le lot quotidien des joueurs et supporters d’origines africaine ou antillaise. Les différentes fédérations de football cherchent donc aujourd’hui à durcir les sanctions et de nombreuses associations luttant contre le racisme au sein du sport se sont multipliées. L’association « Non-au-racisme » (http://www.non-au-racisme.com), parrainé par le marocain Abdeslam Ouaddou, ainsi que la FARE (Football Against Racism In Europe) (http://www.farenet.org/), sont des exemples d’associations apparues suite à un « ral-le-bol » général. Ces associations ont pour but de lutter contre le racisme et incitent les joueurs internationaux à se mobiliser pour permettre une prise de conscience générale des supporters. Plus officiellement, la FIFA a créé en 2002 la Journée Mondiale Contre le Racisme et la Discrimination. Ainsi, depuis 2006, chaque équipe doit poser avec la bannière « Say No to Racism » avant d’entamer le Mondial de la Coupe du Monde. Enfin, l’UNESCO, en partenariat avec le FC Barcelona, a lancé son opération « Put Racism Offside ». Le président de l’UEFA, Michel Platini, a affirmé sa volonté de durcir les sanctions au sein du football européen : les matchs seront suspendus pendant 10 minutes si des incidents racistes se produisent, et seront totalement annulés si l’incident persiste. On espère que ces mesures, dont l’efficacité reste faible à l’heure d’aujourd’hui, finiront par porter leur fruit.