"L'Inspection Générale d'Etat de Djibouti a été mandatée pour localiser et mettre en oeuvre toutes les actions nécessaires pour le recouvrement des actifs détournés par M. Abdourahman Boreh. C' est ainsi que nous avons engagé des poursuites judiciaires en France, au Royaume Unie et aux Emirats Arabes Unies. Et les résultats atteints à ce jour sont encourageants", a expliqué dimanche l'inspecteur général d'Etat de Djibouti, Hassan Issa Sultan.
Déjà en juillet 2012, les juges de l'exécution des tribunaux de Paris et de Grasse en France ont accordé à Djibouti l'autorisation de saisir, à titre conservatoire, les actifs détenus par M. Charles Boreh à hauteur de 23 millions d'euros.
Le 7 juin 2013, la Haute Cour de Justice du Royaume-Uni a rendu un jugement en faveur de Djibouti. Elle a jugé que les requêtes du gouvernement de Djibouti étaient bien fondées et a obligé Boreh a déclaré l'ensemble de ses actifs mondiaux et l'a obligé également à bloquer des actifs d'une valeur globale d'environ 77 millions USD sur son patrimoine jusqu'à la fin du procès.
Dans cette affaire, le gouvernement djiboutien demande la restitution des profits obtenus illicitement par M. Boreh, ainsi que des dommages et intérêts pour les pertes subies.
"Il est encore difficile de déterminer la somme exacte, mais les tribunaux français ont gelé 23 millions d'euros et notre demande de gel des avoirs au Royaume-Unis s'élève à au moins 77 millions USD. Au total, en prenant en compte les taxes non payées et les sommes demandées devant les juridictions anglaises, il s' agit de plus de 100 millions d'euros, l'équivalent de 25 milliards de francs djibouti, soit environ un quart du budget annuel de Djibouti", explique l'Inspecteur Général d'Etat de Djibouti.
A la question "du procès politique" dénoncé par l'opposition, qui a nommé en avril dernier M. Charles Boreh, comme son ambassadeur itinérant, il a répondu que le Franco-Djiboutien s'est positionné comme un opposant politique après que le gouvernement de Djibouti lui ait demandé de payer ses impôts.
"M. Boreh a le droit de s'affilier à la cause politique et aux partis politiques de son choix. Cela n'est pas le sujet de nos revendications. Notre seul objectif est de récupérer l'argent qui a été détourné et le rendre au peuple djiboutien. Est-ce que vous pensez que nous aurions intenté des actions judiciaires à Londres ou en France sans des preuves concrètes contre lui ? Au contraire nos poursuites sont basées sur des preuves matérielles et c'est pour cette raison que les premiers résultats obtenus auprès de la justice française et britannique sont en notre faveur", a-t-il martelé.
Djibouti connaît manifestement un regain d'intérêt à la notion de contrôle des deniers de l'Etat surtout, depuis que le Gouvernement a organisé en décembre 2012, à travers l'Inspection Général d'Etat, un séminaire nationale sur l'intégrité et la lutte contre la corruption.
Durant ces travaux, les représentants du secteur public, le secteur privé et la société civile avaient débattu pour la première fois à Djibouti sur les moyens de combattre ce fléau car selon les autorités compétentes, la lutte contre la corruption n' est pas une prérogative exclusivement réservée à un département ministériel ou à une institution du secteur public mais nécessite la mobilisation de toutes les composantes de la société.
Dans un autre registre, le 24 juin 2010, la Cour Criminelle de Djibouti a condamné par contumace M. Charles Boreh à 15 ans de réclusion criminelle pour "instigation d'actes terroristes et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
Cette condamnation constituait alors l'aboutissement d'une instruction criminelle consécutive à deux attentats à la grenade perpétrés le 4 mars 2009 contre le Supermarché Nougaprix situé au centre-ville de la capitale djiboutienne, puis le 8 mars 2009 contre la Brigade de Gendarmerie de Cheikh Moussa dans la banlieue de Djibouti.
Pour l'homme d'affaire franco-djiboutien, ces deux dossiers ne sont que l'expression d'un acharnement politico-judiciaire.