Abidjan (© 2024 Afriquinfos)- L’héritage politique joue un rôle central dans la dynamique des Gouvernements à travers le monde, notamment en Afrique. Les exemples de leaders successeurs, comme Faure Gnassingbé au Togo, Franck Biya au Cameroun, Joseph Kabila au Congo, ou encore Karim Wade au Sénégal, illustrent l’impact des dynasties politiques sur le paysage politique actuel. Ces héritiers, souvent perçus comme des produits de leurs prédécesseurs, soulèvent des questions sur leur légitimité et leur capacité à mener des réformes.
D’un côté, l’héritage politique peut apporter des avantages. La continuité des politiques publiques et la stabilité gouvernementale sont souvent mises en avant par les partisans de ces dynasties. Des dirigeants comme Faure Gnassingbé, fils de Gnassingbé Eyadèma, ont hérité d’un réseau de soutien et de structures établies. Cela peut faciliter la gouvernance et assurer une certaine cohésion nationale, en particulier dans des pays où les institutions sont fragiles.
Cependant, cette continuité présente également des risques. La concentration du pouvoir au sein d’une même famille peut engendrer un manque de diversité politique et limiter l’émergence de nouvelles idées. En effet, les successeurs héritent souvent d’un système qui privilégie la loyauté sur la compétence, ce qui peut entraver les réformes nécessaires.
Des pays comme le Gabon où Ali Bongo Ondimba a succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, illustrent cette problématique. Les critiques affirment que ces héritiers sont souvent plus préoccupés par la préservation de leur pouvoir que par le bien-être de la population.
L’arrivée au pouvoir des ‘petits-fils’ de leaders historiques, comme T. Thiam en Côte d’Ivoire, soulève également des interrogations. Ces jeunes héritiers, tout en bénéficiant d’un certain capital symbolique, doivent prouver leur capacité à s’éloigner de l’ombre de leurs aînés. Et surtout de la tribu Baoulé. C’est le reproche que lui fait Billon. Ils représentent un espoir de renouveau, mais aussi une continuité qui peut être perçue comme un manque d’innovation politique.
Au Gabon, image en ligne
C’est le dernier-né du feu Président gabonais Omar Bongo Ondimba. Fils d’Edith, la fille aînée du Président congolais Denis Sassou Nguesso, donc petit-fils de ce dernier, Denis Omar Bongo Ondimba a donné des insomnies à son demi-frère alors au pouvoir. Alors que les rumeurs se répandent de plus en plus sur les intentions de ce jeune de 26 ans de briguer la magistrature suprême, rumeurs que le concerné a pourtant démenties, au Palais présidentiel, tout a été pris au sérieux.
L’exemple de l’ancien Président sénégalais Abdoulaye Wade, qui a vu son fils Karim Wade en politique, illustre aussi les complexités de cette dynamique. La société sénégalaise, souvent engagée dans la lutte pour la démocratie, a montré son aversion à la dynastie politique. Ce qui a poussé des figures comme Karim Wade à naviguer avec précaution dans un paysage politique tumultueux.
En conclusion, l’héritage politique en Afrique est un phénomène aux multiples facettes. Il peut offrir des avantages en termes de stabilité et de continuité, mais il pose également des défis majeurs. Les jeunes héritiers doivent naviguer entre tradition et modernité, tout en répondant aux aspirations d’une population de plus en plus exigeante. La question demeure: ces héritiers ont-ils le mérite de porter le nom de leurs ancêtres, ou doivent-ils prouver leur valeur par des actions concrètes et des réformes significatives? Le futur politique de nombreux pays africains dépendra de leur capacité à se forger une identité propre tout en respectant leur héritage.
ALEX KIPRE, écrivain, éditeur, journaliste