Demande de remboursement de la ‘double dette’ imposée à Haïti par la France bientôt actée?

Afriquinfos Editeur
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Une vue de l'hémicycle en France (DR, Le Télégramme)

Paris (© 2025 Afriquinfos)- Le jeudi 5 juin 2025 marque peut-être une avancée dans le processus de restitution de la double dette imposée à Haïti », il y a 200 ans par le Roi Charles X. L’Assemblée Nationale française a approuvé le 05 juin une proposition de résolution invitant le Gouvernement à reconnaître l’injustice faite à Haïti, et à étudier le processus de remboursement de cette double dette.

A l’initiative du groupe GDR (communistes et ultramarins), la proposition de résolution appelant à « étudier le processus de restitution de la double dette imposée à Haïti », il y a 200 ans, en échange de la reconnaissance par le roi Charles X de l’indépendance de l’ancienne colonie, a été approuvé par 53 députés contre 9, issus du RN et de son allié le groupe UDR.

«En 1825, ce qui est demandé, ce n’est rien de moins qu’une rançon, une rançon que la première république noire ne peut pas payer mais qu’elle est obligée d’accepter sous la menace d’un blocus et de 500 canons»! Le rappel historique vient du député (GDR) de Martinique, Marcellin Nadeau, à la tribune du Palais-Bourbon. Il ne s’arrête pas là: «L’économiste Thomas Piketty estime la dette à plus de 300% du PIB haïtien. La république a dû contracter des emprunts afin de pouvoir échelonner sa dette, intégralement honorée jusqu’au début du XXè siècle. L’impact de cette «double dette» sur le développement du pays n’est plus à démontrer. Il s’agit d’une seule chose au final: du financement du capitalisme français».

Le textes soumis le 5 juin dernier, invite le gouvernement français à reconnaître l’injustice faite à Haïti, considérer ses conséquences, et sur la question des réparations, l’invite à une « prise en considération des demandes de remboursement et à étudier le processus de restitution de la double dette ».

Il appelle à la mise en place d’une commission indépendante et à « soutenir les initiatives s’inscrivant dans une démarche de justice réparatrice et particulièrement les initiatives franco-haïtiennes à portée mémorielle ». Le Gouvernement ne s’est pas opposé au texte. Non sans rappeler que «le président Emmanuel Macron a engagé un processus de réparation envers Haïti à l’occasion du Bicentenaire de la «double dette» et annoncé la mise en place d’une commission mixte d’historiens».

Lors d’une campagne lancée en 2003, l’ex-Président haïtien Jean-Bertrand Aristide avait évalué cette « double dette » à 21,7 milliards de dollars. Reste à savoir si au-delà de la reconnaissance, Paris est disposée à rembourser sa dette.

Boniface T.