Abidjan (© 2025 Afriquinfos) – Une nouvelle génération frappe à la porte du pouvoir. Ils sont nombreux à vouloir incarner une autre Côte d’Ivoire, celle de demain. Olivier Djè Bi Djè, Vincent Toh Bi, Henriette Lagou, Assalé Tiémoko, Jean-Louis Billon, Blé Goudé… autant de figures, jeunes ou issues de la rupture, qui affirment leur volonté d’en finir avec une classe politique qui refuse de passer le relais.

Certains sont déjà candidats déclarés à la présidentielle du 25 octobre 2025. D’autres se préparent, sondent, mobilisent, ou dénoncent. La plupart partagent une même ambition : tourner la page. Faire émerger une offre politique plus jeune, plus en phase avec les défis contemporains.
Grand remplacement… générationnel
Faut-il parler de « grand remplacement » ? Certainement pas au sens xénophobe évoqué par Zemmour, Camus ou Le Pen en France. Ici, il ne s’agit pas d’un peuple qui en remplacerait un autre, mais bien d’une génération qui en remplace une autre — comme cela devrait se faire naturellement dans toute démocratie vivante.

C’est un passage de témoin que les aînés, souvent arc-boutés sur leurs privilèges et leur légitimité historique, refusent encore. Mais la relève est en marche, malgré les embûches.
Deux larrons en dissidence : Billon et Yapo

Jean-Louis Billon et Valérie Yapo, membres du Bureau politique du PDCI-RDA, en sont un cas à part. Ils refusent de reconnaître Cheick Tidjane Thiam, désigné pourtant largement lors des 8ᵉ et 9ᵉ congrès extraordinaires du parti.

Plutôt que de composer avec la nouvelle direction, ils ont choisi la dissidence.
Billon a démissionné de ses fonctions au sein du Bureau exécutif. Ni lui ni Yapo ne participent plus à aucune instance du parti depuis 2023 Leur cible ? Thiam. Leur objectif ? Le faire écarter à tout prix.
Une opposition devenue complice ?
Ils réclament une nouvelle convention pour désigner un autre candidat. Mieux, ils exigent que la révision de la liste électorale se fasse après l’élection présidentielle. Traduction : s’assurer que Thiam, radié, ne puisse être réinscrit.

Un tournant générationnel inévitable ?
Pendant ce temps, la génération montante s’organise. Elle propose, mobilise, rêve tout haut. Mais elle doit affronter les vieilles logiques, les manipulations institutionnelles et les blocages d’un système peu enclin à se renouveler.

La question n’est donc plus de savoir si une relève est possible, mais quand et par quels moyens elle réussira à imposer l’alternance.
Si la Côte d’Ivoire veut regarder vers l’avenir, elle devra tôt ou tard laisser sa jeunesse prendre le relais — non dans la marginalisation, mais dans une transmission maîtrisée, respectueuse, constructive.
ALEX KIPRE écrivain, éditeur, journaliste