Covid-19 en Afrique du Nord/L’Egypte gère la situation « en toute transparence », le Maroc en urgence sanitaire

Afriquinfos Editeur
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Abdel Fattah al Sissi (DR) | Coronarivus

Rabat (© 2020 Afriquinfos) – Pour faire respecter l’état d’urgence sanitaire du au Coronavirus, que des groupes avaient défié dans la nuit en allant prier ou protester dans la rue, le Maroc a dû déployé dimanche des unités de blindés.

« Allah Akbar, Dieu est grand et seul à pouvoir nous aider », ont scandé les fidèles réunis à Tanger, Fès ou encore Tétouan (nord), certains parlant du nouveau coronavirus comme d’une « épreuve divine », selon des images diffusées sur les réseaux sociaux et par les médias marocains.

La sûreté nationale (DGSN) a annoncé dimanche soir sur son compte twitter l’arrestation à Tanger de deux personnes poursuivies pour « incitation collective à la désobéissance ».

Au Maroc, comme ailleurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, les mosquées sont fermées et le mot d’ordre des autorités religieuses est: « Priez chez vous ».

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Les blindés ont été déployés dimanche dans les rues de Rabat, a constaté un journaliste de l’AFP, ainsi que dans d’autres villes, selon les médias locaux, pour faire respecter le confinement obligatoire imposé jusqu’au 20 avril pour freiner la propagation du coronavirus.

Renforcement des sanctions

Les sanctions des contrevenants ont été renforcées dimanche, jusqu’à trois mois de prison et/ou des amendes allant jusqu’à 1.300 dirhams (environ 124 euros), selon un communiqué de l’agence officielle MAP.

Le nombre de cas officiellement déclarés au Maroc a atteint 115 dimanche, avec 4 décès et 3 rémissions. Le pays a décrété vendredi soir l’état d’urgence sanitaire et déployé les forces de l’ordre pour contrôler les déplacements dérogatoires. Les aéroports sont fermés, les transports en commun très réduits, les déplacements interurbains étroitement contrôlés.

Un libraire qui vendait des permis de circuler a été arrêté à Casablanca et un policier de Marrakech (sud) qui monnayait les droits de passage fait l’objet d’une enquête, selon la DGSN.

Une vingtaine de personnes accusées de propager des rumeurs mensongères ou d’appeler à la désobéissance ont également été arrêtées ces derniers jours, selon la même source.

140 vols spéciaux pour la France

Parallèlement, le dispositif spécial de retour des touristes étrangers vers leur pays est suspendu depuis dimanche 11H00 GMT, selon un communiqué des Affaires étrangères.

Ceux qui n’ont pas réussi à partir depuis la suspension des liaisons aériennes internationales, la semaine dernière, doivent désormais chercher des hébergements provisoires.

Les passages terrestres vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla où des touristes motorisés se sont rendus pour pouvoir embarquer en ferry vers l’Espagne, seront fermées dimanche à minuit, selon un communiqué de l’ambassade de France au Maroc.

Quelques 140 vols spéciaux ont été affrétés pour ramener plus de 25.000 personnes en France depuis la suspension des liaisons aériennes, selon la même source.Britanniques, Américains et Canadiens ont également affrété des vols payants jusqu’à la dernière minute pour rapatrier leurs concitoyens, d’après les ambassades locales.

Alors que plusieurs chercheurs dans le monde travaillent sur la piste des antipaludéens, Rabat a demandé à la filiale marocaine du groupe français Sanofi de remettre son stock de Nivaquine et de Plaquenil, selon un communiqué de Sanofi Maroc.

L’Egypte gère la situation « en toute transparence »

Le président Abdel Fattah al-Sissi a affirmé dimanche que l’Egypte gérait l’épidémie de nouveau coronavirus « en toute transparence », récusant les accusations d’opacité dont les autorités ont récemment fait l’objet.

« Nous avons été transparents depuis le début de la crise et nos données reflètent la réalité (…).Pourquoi cacher quoi que ce soit? », s’est interrogé M. Sissi dans des propos retransmis à la télévision et tenus à l’occasion d’une célébration officielle de la fête des femmes égyptiennes.

Alors que Le Caire a officiellement enregistré son premier cas de nouveau coronavirus mi-février, son bilan atteignait samedi soir 294 personnes contaminées et dix décès dus Covid-19, selon le ministère de la Santé.

Ces dernières semaines, des doutes ont été exprimés sur la réalité des chiffres avancés par l’Egypte, pays le plus peuplé de la Méditerranée avec ses 100 millions d’habitants.Plusieurs pays ont fait état de la contamination de personnes y ayant récemment séjourné.

Mercredi, lors d’une conférence de presse au Caire, le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la Méditerranée orientale, Ahmed al-Mandhari, avait notamment appelé les Etats du Moyen-Orient à partager davantage d’informations avec son agence, afin de contenir la pandémie.

Gestion de l’économie

Lors de son allocution, M. Sissi a également annoncé des mesures visant à aider l’économie égyptienne à « faire face à cette crise inédite ».

Parmi celles-ci, l’injection de 20 milliards de livres (1,2 milliard d’euros) en soutien à la Bourse, la baisse des prix du gaz naturel et de l’électricité pour le secteur industriel et l’attribution d’une enveloppe d’un milliard de livres (59,4 millions d’euros) aux exportateurs.

Début mars déjà, M. Sissi avait annoncé qu’une enveloppe de 100 milliards de livres (soit 5,9 milliards d’euros) serait consacrée à la lutte contre le virus.

Pour en limiter la propagation, Le Caire a dernièrement décidé la fermeture des écoles et des universités, des lieux de cultes, des musées et sites archéologiques, des aéroports ainsi que la fermeture nocturne des cafés, restaurants et discothèques jusqu’au 31 mars.

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