Comprendre les fondements du désistement de Luanda dans sa médiation en RDC depuis 2022

Afriquinfos Editeur
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Tete Antonio, ministre angolais des Affaires étrangères (photo, DR).

L’Angola qui assure un rôle de médiateur dans le conflit en RDC (République démocratique du Congo) depuis 2022, a annoncé ce 24 mars 2025 renoncer à ce rôle pour se consacrer à sa présidence tournante de l’UA (Union africaine (UA), dans un communiqué de la Présidence. Un choix motivé par plusieurs mobiles.

Le ministre angolais des Affaires étrangères Tete Antonio, le 8 juillet 2022 à la clinique Teknon de Barcelone où est décédé Jose Eduardo dos Santos.

L’Angola, qui dit s’être engagé « avec tout son sérieux, son énergie et ses ressources à parvenir à une paix définitive dans l’est de la RDC et à normaliser les relations entre les deux pays voisins » jette ainsi l’éponge après « plusieurs cycles de négociations« . Evoquant l’échec des discussions directes prévues à Luanda le 18 mars, la Présidence angolaise affirme qu’elles ont été « avortées in extremis par un certain nombre de facteurs, y compris des facteurs externes et étrangers au processus africain qui était en train de se dérouler« .

Près de deux mois après le début de la Présidence tournante de l’UA, l’Angola « estime nécessaire de se libérer de la responsabilité de la médiation » du conflit dans l’Est de la RDC pour « se consacrer plus largement » aux priorités de l’organisation africaine. Le groupe armé antigouvernemental M23 occupait dimanche 23 mars 2025 Walikale, nouvelle localité prise dans son offensive lancé dans l’est de la RDC ayant déjà permis la conquête de Goma et Bukavu, les deux grandes villes de l’est congolais depuis le début de l’année.

La médiation angolaise a globalement mal apprécié l’oblitération de ses travaux et de ses efforts intenses (depuis 2022) par le Qatar dans le mutisme quasi unanime des institutions et principales puissances diplomatiques du continent africain le 18 mars 2025 à Doha.

Deuxième économie d’Afrique australe derrière le pouvoir de Pretoria, Luanda est un pays jaloux de sa souveraineté et de ses attributs diplomatiques. Etat riche en or noir, le pays nourrit l’ambition de laisser des traces dans « l’Agenda 2063 » de l’UA, à la faveur de la présidence tournante de l’organisation qu’elle assume depuis la mi-février 2025.

Un chantier diplomatique dans lequel abondent des tâches colossales et pressantes comme les liens à renouer avec les diasporas africaines aux Amériques. Et qui bénéficient de l’accompagnement structurel du Brésil (première puissance lusophone de la planète) et de son activisme diplomatique.

Cette année 2025, l’Angola fête les 50 ans de son accession à la souveraineté internationale, après une violente guerre l’ayant opposé aux colons portugais. La plus vaste des ex-colonies du Portugal en Afrique tient pour ce faire à décrocher de nouveaux succès diplomatiques, prendre davantage de la lumière dans de grands enjeux panafricains contemporains comme les questions diasporiques pour se faire un peu plus désirer sur le vaste échiquier de la diplomatie en Afrique.

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