Paris (© 2020 Afriquinfos)-Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé vendredi un nouvel assouplissement, léger, de l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique, un sujet qui a donné lieu à de vives frictions entre la France et la Russie.
Une résolution, rédigée par Paris, prolongeant de seulement six mois l’embargo, notamment jusqu’au 31 juillet, prévoit la possibilité pour la Centrafrique d’acquérir pour ses forces des « véhicules militaires dépourvus d’armes et des engins armés d’un calibre inférieur à 14,5 mm », à condition d’en notifier l’ONU au préalable. La mesure a été approuvée par 13 voix pour et deux abstentions, celles de Moscou et Pékin.
Selon des diplomates, les négociations ont donné lieu à des tensions importantes entre la France et la Russie.
Ex-puissance coloniale, la France, soutenue par les membres européens et africains du Conseil (Afrique du Sud, Niger et Tunisie), ne voulait procéder à aucun nouvel assouplissement de l’embargo au vu de la situation dans le pays, selon ces sources concordantes s’exprimant sous couvert d’anonymat.
De son côté, la Russie, soutenue par la Chine, en voulait un conséquent, faisant valoir que Bangui réclamait depuis longtemps une levée totale de l’embargo. La Russie est militairement présente en Centrafrique où elle apporte, selon Bangui, une « aide énorme ».
Dans la négociation tendue, Moscou a été jusqu’à proposer cette semaine à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution concurrent à celui de la France. Un compromis a finalement été trouvé jeudi, permettant d’éviter la mise aux voix des deux textes et le risque d’un arrêt total de l’embargo en cas d’utilisation d’un veto par l’un des membres permanents du Conseil.
Par la voix de son ambassadrice adjointe, Anne Gueguen, la France a regretté « profondément » vendredi qu’il n’y ait pas eu une adoption unanime. « Le Conseil de sécurité est pleinement à l’écoute des autorités centrafricaines » dans le domaine de la sécurité, a-t-elle assuré, soulignant la nécessité d’une « approche responsable ».