Attaque à Bamako ce 17 septembre: Le contenu de la revendication du JNIM fait froid dans le dos

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Des manifestants anti-gouvernementaux acclament des soldats maliens mutinés, le 18 août 2020, à Bamako (AFP).

Les jihadistes affiliés à Al-Qaïda ont revendiqué une attaque audacieuse et inédite depuis des années mardi 17 septembre 2024 dans la capitale malienne Bamako, où ils ont été jusqu’à prendre temporairement le contrôle d’une partie de l’aéroport international.

Des images diffusées par les canaux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM suivant l’acronyme arabe) montrent des combattants déambulant en tirant au hasard dans les vitres du pavillon présidentiel qui accueille habituellement les départs et arrivées du Chef de l’Etat et de ses hôtes, dans ce pays dirigé par un régime militaire depuis aout 2020. Un homme en arme incendie posément le réacteur d’un appareil qui paraît appartenir à la flotte officielle. D’autres images montrent d’épaisses fumées s’élevant de l’aéroport et du hangar de l’avion présidentiel.

La capitale du Mali, Bamako, paraît calme quelques heures après que des «attaques terroristes» ont visé des écoles de la gendarmerie, selon un communiqué du ministère de la Sécurité et de la Protection. L’État-major général des armées a précisé dans son message que « la situation est sous contrôle », bien qu’aucun bilan officiel n’ait encore été communiqué. En ville, la circulation semble normale, et les habitants vaquent à leurs occupations.

La situation a été confuse toute la journée dans la capitale de ce pays enclavé confronté depuis 2012 à la propagation jihadiste et une crise multidimensionnelle profonde, après le déclenchement d’une attaque surprise avant l’aube. Aucun bilan humain fiable n’a été diffusé. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré des corps calcinés présentés selon les cas comme ceux d’assaillants ou de gendarmes.

Tandis que certaines régions du Mali restent la proie d’attaques quasiment quotidiennes, sa capitale avait été préservée de la violence depuis une attaque anti-occidentale visant en mars 2016 un hôtel abritant l’ancienne Mission européenne d’entraînement de l’Armée malienne. « Une opération spéciale (a ciblé) l’aéroport militaire et le Centre d’entraînement des gendarmes maliens au centre de la capitale malienne (Bamako) ce matin du 17 septembre à l’aube, causant d’énormes pertes humaines et matérielles et la destruction de plusieurs avions militaires », a dit le JNIM via ses canaux de communication.

Dans un contexte de tension et de fortes restrictions imposées à la circulation de l’information sous la junte au pouvoir, le mode opératoire restait mal défini. Les combats se sont poursuivis une partie de l’après-midi de ce 17 septembre 2024 avec des échanges de tirs nourris près de l’aéroport. Les tirs semblent avoir cessé en milieu d’après-midi, a rapporté un correspondant de l’AFP. « La situation est sous contrôle », a affirmé sur la télévision d’Etat le chef d’état-major des Armées, le général Oumar Diarra. « Les terroristes ont été neutralisés. Le ratissage continue« , a-t-il dit. L’Armée a aussi appelé la population au calme.

La télévision a montré des images d’une vingtaine de prisonniers les mains liées et les yeux bandés. Le général s’est contenté de parler de « tentatives d’infiltration un peu complexes » dans l’Ecole de gendarmerie, sans évoquer d’attaque contre l’aéroport, contrairement aux jihadistes. L’Ecole de gendarmerie se trouve à quelques minutes seulement par la route du secteur aéroportuaire, où l’aéroport militaire jouxte les installations civiles.

Autres détails sur une attaque inédite

Une source du Renseignement a fait état de l’emploi de lance-roquettes par les assaillants. Le lycée français ‘Liberté’ a diffusé un message annonçant qu’il resterait fermé « en raison d’évènements extérieurs ». Des employés de l’ONU ont également reçu un message leur intimant de « limiter (les) déplacements jusqu’à nouvel ordre ». Le Mali a été le théâtre de deux putschs, en août 2020 et mai 2021. Il est depuis gouverné par le colonel Assimi Goïta. A sa suite, ses voisins, le Burkina Faso et le Niger, ont également vu des militaires s’emparer du pouvoir par la force.

L’attaque de mardi remet en question le discours des autorités maliennes qui assurent avoir inversé en leur faveur la tendance contre les jihadistes. En 2022, les jihadistes avaient mené une attaque également audacieuse contre le camp militaire de Kati, fief de la junte situé à une quinzaine de kilomètres de Bamako.

Depuis 2022, les militaires au pouvoir ont rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Ils ont multiplié les actes de rupture, poussant vers la sortie la Mission de l’ONU, Minusma, et dénonçant l’accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord, considéré comme essentiel pour stabiliser le pays. Ils ont fondé avec les régimes militaires burkinabè et nigérien une Alliance des Etats du Sahel il y a tout juste un an. Et ont annoncé avec eux quitter la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), accusée d’être inféodée à l’ancienne puissance coloniale française.

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