Avec le Bilyf, Brazzaville a fait battre le cœur des jeunes Africains

Afriquinfos Editeur
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Premier Brazzaville International Youth Leadership Forum (Bilyf).

«Confirmer la jeunesse comme catalyseur de l’intégration régionale à travers une Convention de partenariat solide et durable». Le premier Brazzaville International Youth Leadership Forum (Bilyf) s’est donné les moyens de ses ambitions. Des milliers de participants, dont une centaine de leaders économiques et politiques du continent et de ses diasporas, se sont rassemblés dans la capitale congolaise les 30 et 31 mars. L’occasion aussi, pour le Congo, de s’imposer comme l’un des pays-phares des énergies africaines.

Des panélistes de prestige

Ils s’appellent Youssoupha, Christian Karembeu ou Sonny Anderson et sont des figures incontestées du monde de la musique et des sports ; Mamadou Ismaïla Konate, Patrice Anato ou Fatoumata Jallow Tambajang et ont occupé les plus hautes fonctions politiques dans leurs pays d’origine ; Chancelle Bilampassi Moutsatsi et Mariam Tendou Kamara et connaissent par cœur les arcanes des grandes institutions supranationales ; Prodiges Saint-Auffret, une entrepreneure reconnue ou encore Adama Paris, une femme de premier plan les médias sénégalais.

Une liste de personnalités influentes à laquelle s’ajoutent des militants et activistes du climat et des droits humains, des spécialistes des enjeux numériques, des investisseurs et des représentants d’organisations non-gouvernementales renommées. Une diversité d’invités qui répond aussi à la pluralité des enjeux traités pour cette première édition du Bilyf: développement durable ; paix et sécurité ; développement numérique ; engagement civique ; entrepreneuriat et dialogue intergénérationnel. Les organisateurs ont pris soin de n’ignorer aucune question.

S’ils ont participé à la première édition du Bilyf, c’est pour «discuter des stratégies visant à améliorer la condition des jeunes ; encourager l’engagement actif des jeunes dans la gouvernance, l’entrepreneuriat, le leadership politique et la prise de décision», mais aussi pour diffuser aux nouvelles générations africaines la soif et l’envie de réussir sur un continent qui a la lourde tâche d’intégrer une jeunesse de plus en plus nombreuse et aux besoins transversaux.

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Répondre à des besoins pluriels et transversaux

Les statistiques ne mentent pas. Avec un âge médian de 19,6 ans, contre 30,4 à l’échelle internationale, plus de la moitié de la population africaine de moins de 25 ans à l’horizon 2050 et 450 millions d’emplois supplémentaires à créer d’ici 2030 pour répondre à l’augmentation massive de la population, les défis à relever sont en effet colossaux. Et après les débats, c’est désormais l’heure des solutions qui s’impose dans les agendas politiques africains et internationaux. «Il ne s’agit plus de faire l’inventaire de ce que l’on devrait faire pour la jeunesse, mais de savoir comment mieux soutenir et financer ses activités», précise d’ailleurs le ministère congolais de la Jeunesse et de l’Éducation civique. Mais, derrière une vision trop souvent négative, la jeunesse africaine apparaît comme une force indéniable pour le continent. Notamment pour son optimisme qui tranche avec celui de la communauté internationale et des médias étrangers. En 2020, le rapport Africa Youth Survey estimait que 65% des jeunes Africains considéraient le XXIe siècle comme celui de l’Afrique, tandis que 75% des répondants affirmaient ressentir une identité commune à l’ensemble des jeunes Africains.

Pour soutenir ses ambitions, le forum s’est d’ailleurs attaché des alliés de poids: plusieurs grandes entreprises congolaises, mais aussi l’UNICEF et l’UNESCO font partie des sponsors officiels d’un évènement placé sous le haut patronage de Denis Sassou NGuesso. Un engagement nécessaire, pour le Président de la République, qui se veut «à l’écoute des jeunes et particulièrement attentif aux différentes initiatives prises à leur avantage». Plusieurs membres du gouvernement ont d’ailleurs participé, signe qu’au plus haut niveau de l’État, on ne veut pas rester spectateur de l’évènement. Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a ouvert l’évènement le 30 mars, portant ainsi la voix du Président de la République.
À terme, cet évènement vise à créer les conditions d’une meilleure inclusion des jeunes dans les processus de prises de décision politique et économique ; à orienter les politiques publiques vers une plus forte capacité de réponse aux besoins et aspirations de la jeunesse et la mise en place de mécanismes destinés à aboutir à un strict respect de la Charte africaine de la jeunesse, l’un des textes de référence de l’Union africaine dans ce domaine.

En bref, l’objectif est de la voir la jeunesse «mobilisée et engagée à jouer un rôle déterminant dans la création des conditions propices à l’émergence d’une solide plateforme associative des jeunes en Afrique», afin de faciliter l’émergence de «solutions novatrices aux nombres problèmes auxquels l’Afrique est confronté», selon les mots du Premier ministre, venu ouvrir l’évènement et représentant le Président de la République.

Pour le Congo, revenir sur le devant de la scène

Pour Brazzaville, cet évènement reste aussi empreint d’un objectif inavoué : contribuer à la montée en puissance du Congo sur la scène africaine. Une visée que Denis Sassou NGuesso a patiemment construite ces dernières années, en faisant preuve d’un suractivisme diplomatique et d’une implication sans défaut dans les grandes crises du continent.

Il se sait aujourd’hui incontournable dans la gestion de la guerre au Nord-Kivu, se plaçant comme un intermédiaire de confiance entre les présidents Kagame et Tshisekedi ; il est indéboulonnable de son poste de patron du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la crise en Libye et est l’un des plus grands promoteurs de la défense des richesses forestières d’Afrique centrale. La dernière visite du Président Macron dans le pays lui a permis de se réaffirmer comme un acteur incontournable auprès des Occidentaux, dont il souhaite garder la confiance. L’accueil du Bilyf répond aussi à ce besoin : faire du Congo un État pleinement engagé dans les grands enjeux du continent. Avec la crise climatique, l’avenir de la prolifique jeunesse africaine est d’ailleurs le plus capital.

Afrimag