Réforme du CS de l’ONU, investissements d’ici 2025: Promesses de la TICAD 8 à l’Afrique

Afriquinfos Editeur
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Tunis (© 2022 Afriquinfos)- La huitième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8), s’est soldée ce dimanche dans la capitale tunisienne par la publication de la « Déclaration de Tunis entre les dirigeants africains et japonais pour une coopération conjointe dans divers domaines« .

La Déclaration comprend les trois grands axes de coopération du Japon avec l’Afrique : une accélération de la croissance avec des investissements dans l’économie verte et les start-up ; une « économie résiliente » avec un soutien à la production de médicaments et de vaccins ainsi que le renforcement de la sécurité alimentaire ; et « la paix et la sécurité » en soutenant les médiations et la prévention des conflits.

Le Japon a promis « une étroite collaboration » avec l’Afrique, afin d’y promouvoir une économie « plus résiliente » face aux crises et aux épidémies et davantage de « sécurité » sur un continent miné par les guerres et le terrorisme, lors de la Ticad 8 qui s’est déroulé les 27 et 28 août 2022, à Tunis.

Le premier ministre japonais Fumio Kishida a jugé indispensable de « remédier à une injustice historique » pour que l’Afrique obtienne un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et le Japon, a-t-il déclaré, poussera dans cette direction quand il y sera un membre non permanent en 2023-2024. Le Japon entend « créer un environnement où le peuple africain pourra vivre en paix et en sécurité afin de pouvoir se développer », a expliqué M. Kishida, en visioconférence depuis Tokyo, parce que positif à la Covid-19.

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Cette thématique a été longuement développée par le président sénégalais et président en exercice de l’Union africaine (UA) Macky Sall, réclamant que « les mentalités changent ». Ce qui nous déstabilise et nous empêche de nous développer doit être pris en compte par le Conseil de sécurité dont c’est la mission, a ajouté M. Sall. « L’Afrique est le ventre mou du terrorisme international. Il faut une réponse globale. »

Certains pays d’Afrique de l’Ouest « consacrent 30 % de leur budget à la lutte contre le terrorisme », a fait observer M. Sall. Aussi a-t-il plaidé pour que « ces nouvelles charges » des armées africaines « soient sorties du calcul du déficit ». Il a appelé en outre les bailleurs de fonds à contribuer au Fonds de l’UA pour la paix.

30 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans

Le Japon a en outre annoncé l’octroi de 30 milliards de dollars (30 milliards d’euros) à de fonds privés et publics à l’Afrique sur trois ans, et prévoit un volet « paix et sécurité » pour la formation de policiers, l’aide à l’organisation d’élections, le contrôle des frontières.

Une aide concrète de 8,3 millions de dollars sera notamment allouée à la région sahélienne du Liptako-Gourma, à cheval sur le Mali, le Burkina-Faso et le Niger, dévastée par des attaques djihadistes.

Le Japon a aussi décidé de nommer un ambassadeur pour la Corne de l’Afrique, où « la situation se dégrade », a noté M. Kishida, avec un afflux de réfugiés et des pénuries alimentaires. « Le continent africain continue de souffrir, on y a vu des actes répétés de violences. Tristement en Libye, la situation s’est enflammée de nouveau hier », a abondé le président tunisien Kaïs Saïed, hôte du sommet.

Comme Macky Sall, M. Saïed a réclamé « une nouvelle approche » internationale pour l’aide au développement à l’Afrique, pour les pays très endettés, comme la Tunisie, et à transformer « les dettes en investissements ».

Le président Sall a évoqué «un rééchelonnement ou effacement des dettes » et réitéré la demande africaine d’une « réallocation de droits de tirage spéciaux » du Fonds monétaire international (FMI), et « la mise en œuvre de la suspension du service de la dette» (remboursement des intérêts) promise par le G20.

« Face à la double crise que nous traversons », sous l’effet du Covid et de la guerre en Ukraine, il a jugé ces mesures nécessaires pour accompagner la relance des économies africaines.

La Déclaration de Tunis, adoptée dimanche, a exprimé une « profonde inquiétude » face à l’impact de la guerre en Ukraine. Les dirigeants ont appelé à « une reprise des exportations de céréales, produits agricoles et engrais » vers l’Afrique.

Près de vingt chefs d’Etat et de gouvernement africains ont assisté à Tunis à la huitième Conférence Ticad  qui a rassemblé 5 000 participants.

Vignikpo Akpéné