Algérie: Des étudiants manifestent contre la présidentielle prévue le 12 décembre

Afriquinfos Editeur
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Des Algériens font le V de la victoire lors d'une manifestation antigouvernementale à Alger le 3 décembre 2019.

Les étudiants ont manifesté pour un 41e mardi d’affilée à Alger, rejetant l’élection présidentielle du 12 décembre et relayant un appel à la grève générale diffusé sur les réseaux sociaux, a constaté une journaliste de l’AFP.

Quelque 2.000 étudiants et citoyens ont marché sans incident de la place des Martyrs, au pied de la Casbah (vieille ville) jusqu’à la Grande Poste, au coeur d’Alger, lieu de rassemblement du « Hirak », le mouvement populaire de contestation inédit qui secoue l’Algérie depuis le 22 février. « Je jure que je ne vais pas voter et le 8 (décembre) je vais fermer ma boutique », ont scandé en choeur les manifestants, en référence à un appel à la grève générale lancé sur les réseaux sociaux à partir de dimanche, pour protester contre la tenue de la présidentielle du jeudi suivant. Pour l’heure, aucune structure n’a relayé ces appels à la grève. Les précédents appels lancés depuis le début du « Hirak » n’ont rencontré qu’un écho limité.

Après avoir obtenu en avril la démission d’Abdelaziz Bouteflika, président depuis 20 ans, le « Hirak » réclame le démantèlement du « système » politique au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962 et refuse que celui organise un scrutin perçu comme devant servir à assurer sa survie. En outre, les cinq candidats en lice à la présidentielle sont décriés par le « Hirak », car tous ont participé à la présidence Bouteflika ou l’ont soutenue, plus ou moins longtemps. A Annaba, dans le nord-est du pays, une trentaine de personnes, qui manifestaient contre la venue du candidat Ali Benflis, ancien proche et Premier ministre (2000-2003) de M. Bouteflika, ont été arrêtées par la police, ont rapporté des habitants à l’AFP. En campagne depuis 17 jours, les candidats organisent des meetings dont l’accès est filtré et dont les salles sont étroitement protégées par la police, ce qui ne les empêche pas de faire régulièrement face à des manifestations d’hostilité lors de leur déplacements. « Qu’ils organisent leur vote, nous on continuera à manifester pacifiquement », a assuré à l’AFP Kamel 23 ans, étudiant en architecture qui a pris part à la manifestation estudiantine à Alger.

Cette fois, le pouvoir ne pourra pas brandir « l’épouvantail de la peur en nous rappelant que le pays risque de revivre une guerre civile comme celle des années 1990 », entre l’Etat et des maquis islamistes, qui a fait en dix ans officiellement 200.000 morts, affirme Hana, étudiante de 22 ans. « La peur, c’était avant », le 22 février et le début de manifestations massives contre M. Bouteflika, puis le régime dans son ensemble, jure-t-elle.

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