Trois mois du dossier des soldats ivoiriens au Mali: Qu’est-ce qui refroidit l’optimisme du Président Ouattara?

Afriquinfos Editeur
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Abidjan (© 2022 Afriquinfos)- Quelques jours plus tôt, le président ivoirien affichait un certain optimisme sur le sort des soldats de son armée toujours en détention au Mali. Le dossier n’a pourtant guère évolué et Bamako reste arcboutée sur ses exigences, tandis qu’à Abidjan, on dénonce ‘’ un chantage et une prise d’otages’’.

 A l’issue d’une rencontre fin de semaine dernière avec ses homologues de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo et du Togo, Faure Gnassingbé respectivement, président de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et médiateur sur le dossier des soldats arrêtés, Alassane Ouattara déclarait : « Les choses évoluent bien (…), nous pensons que très rapidement nous aurons sans doute un heureux aboutissement« . Cette déclaration laissait alors pensé que le dossier était en bonne voie mais quelques jours plus tard, c’est toujours le statu quo. Si la libération des 3 femmes dans le lot des 49 soldats avait semblé être un signe de décrispation, il n’en est rien.

Malgré les nombreuses médiations, que ce soit celle de la mission de haut niveau de la CEDEAO, celle des leaders religieux ou encore celle pilotée par le Togo, le dossier n’a quasiment pas évolué. Arrêtés le 10 juillet, les 49 soldats ivoiriens sont présentés par Bamako comme des « mercenaires » et de nationalités étrangères notamment libérienne et sierra-léonaise.

Abidjan réfute ses allégations et soutient que ses soldats sont bel et bien Ivoiriens. ‘’ Nul ne peut appartenir à la fonction publique d’un pays s’il n’est national de ce pays, explique-t-il. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette règle. Pour être membre de la fonction publique ivoirienne, il faut d’abord être ivoirien. Les militaires sont des agents de l’État, ce sont des fonctionnaires et leur corps étant encore plus particulier, vous imaginez bien que ce n’est pas dans l’armée de Côte d’Ivoire que l’on pourrait avoir des non-nationaux. Ces militaires ivoiriens sont bel et bien Ivoiriens’’, a insisté ce mercredi Amadou Coulibaly, le Ministre Porte-parole du Gouvernement.

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Lesdits soldats Ivoiriens ou pas, ont été inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et formellement écroués, et sont dans l’attente de leur procès, selon Bamako.

Un procès qui ne devrait pas avoir lieu si Abidjan accède aux exigences de la junte malienne. Bamako avait conditionné la libération des soldats à l’extradition de personnalités maliennes vivant à Abidjan. ‘Au même moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, elle continue de servir l’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux émis par la justice », déclarait en septembre dernier, le président de la transition malienne, Assimi Goïta. Il s’agit notamment de Karim Keïta, fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta et de l’ancien ministre de la Défense Tiéman Hubert Coulibaly.

« Le Conseil national de sécurité considère ce chantage comme inacceptable et exige la libération sans délai de nos 46 soldats. Cette demande confirme une fois de plus le fait que nos soldats ne sont en aucun cas des mercenaires mais plutôt des otages », avait répondu cette institution présidée par le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara.

Bamako n’en maintient pas moins ses exigences tout en affirmant qu’il ne céderait à aucune forme de pression. « Il est important que les partenaires extérieurs ne prennent pas de position qui porte préjudice à l’équilibre de leur rôle », avait déclaré Abdoulaye Diop, Chef de la Diplomatie malienne, affirmant que le Mali était prêt à discuter mais n’obéirait à aucun « diktat« .

Cette position tranchée des autorités maliennes de Transition ne les empêche pourtant de solliciter l’appui d’Abidjan pour relancer leur économie. Bamako demande en effet un soutien ivoirien pour obtenir des facilités auprès de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), afin de se refinancer. Et si c’était le levier financier qui était la solution à la crise entre le deux pays voisins?

Boniface T.