Le Burkina Faso justifie sa demande d’exigence du départ des troupes françaises

Afriquinfos Editeur
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Ouagadougou (© 2023 Afriquinfos)- Les autorités burkinabés demandent le départ des troupes françaises déployées sur son territoire. Le gouvernement souhaite toutefois poursuivre les relations diplomatiques avec la France. L’information a été confirmée ce lundi 23 janvier 2023, par le porte-parole du gouvernement du Burkina Faso.

« Ce que nous dénonçons, c’est l’accord qui permet aux forces françaises d’être présentes au Burkina Faso. Il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France », a précisé Jean-Emmanuel Ouédraogo, dans une interview sur Radio-Télévision du Burkina (RTB).

« Les forces françaises sont basées à Ouagadougou sur la demande du Burkina Faso et de ses autorités. Cette dénonciation est dans l’ordre normal des choses, elle est prévue dans les termes de l’accord militaire », a-t-il poursuivi, indiquant que la dénonciation des accords laissait « un mois à l’autre partie pour accéder à cette requête ».

Le Burkina héberge actuellement un contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre. « La mauvaise image de l’armée française au Sahel favorise le recrutement des djihadistes »

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Dans un courrier du ministère burkinabé des Affaires étrangères adressé à Paris et daté de mercredi, dont l’AFP a eu copie, Ouagadougou « dénonce et met fin dans son entièreté à l’accord » du 17 décembre 2018 « relatif au statut des forces armées françaises intervenant » dans le pays sahélien.

Dimanche dans l’après-midi, le président français Emmanuel Macron avait dit attendre « des clarifications » de la part du Burkina Faso sur une éventuelle demande de départ des troupes françaises.

Dans la soirée, la présidence française avait indiqué attendre une confirmation de la position burkinabé au « plus haut niveau ». « Au stade actuel, nous ne voyons pas comment faire plus clair que cela », a déclaré ce lundi Jean-Emmanuel Ouédraogo. Pour lui, cette demande de départ des forces françaises « n’est pas liée à un événement en particulier ». « C’est lié à la volonté aujourd’hui, des autorités de la transition et de l’ensemble des Burkinabés, d’être les acteurs premiers de la reconquête de notre territoire », a-t-il ajouté.

Cette décision intervient alors que le sentiment anti-français s’est renforcé ces derniers mois au Burkina Faso, ancienne colonie française, et que les manifestations visant la France s’y sont multipliées. Des centaines de personnes sont descendues, vendredi, dans le centre de Ouagadougou pour protester contre la présence française dans le pays.

Les sentiments anti-français ont éclaté au Sahel depuis novembre 2021 : blocages de convois militaires à Kaya (Burkina Faso) le 18 novembre 2021, à Téra (Niger) le 27 novembre 2021, et à Ansongo (Mali) le 20 janvier 2022. À chaque fois, des centaines (des milliers ?) de manifestants, criant « À bas Barkhane, à bas la France » et parfois « Vive la coopération Mali-Russie », ont surgi dans des zones rurales habituellement à l’abri des soubresauts politiques des capitales. Ces heurts violents, qui ont fait plusieurs victimes, comme à Téra, illustrent des capacités d’organisation et une puissance de conviction qu’il serait imprudent de ne relier qu’à des manipulations étrangères.