Après la fermeture unilatérale de ses frontières, Abuja agite la menace d’une dislocation de la CEDEAO

Afriquinfos Editeur
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Fermeture des frontières au Nigéria

Fermeture des frontières au Nigéria | Le moins que le puisse dire, c’est que du côté de l’économie ouest africaine la plus prospère, on n’est pas content de la tournure que prend le processus de passage  du FCFA à l’ECO dans la zone UEMOA. Dans une série de tweets, le Président nigérian Muhammadu Buhari a marqué sa désapprobation et menace de quitter le bloc sous régional et d’entraîner dans son sillage les autres pays anglophones.

Le Nigeria n’avait pas attendu la crise sanitaire née de la propagation de la Covid-19  pour fermer ses frontières à ses voisins nigérien et béninois alors même que le processus de mis en œuvre de la Zone de Libre-échange était mis en branle. Abuja menace cette fois-ci de provoquer la dislocation de la CEDEAO si les pays membres de l’UEMOA faisaient cavaliers seuls quant à l’adoption de l’ECO comme monnaie commune. Une série de tweets bien sentie du n°1 nigérian a réaffirmé la position du Nigeria sur la question si elle n’était pas déjà connue : « Cela me donne un sentiment de malaise que la zone UEMOA souhaite reprendre l’Eco en remplacement de son Franc CFA avant les autres Etats membres de la CEDEAO », a déclaré Muhammadu Buhari.

Visiblement l’annonce faite en décembre 2019 à Abidjan par le Président Ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français, Emmanuel Macron d’accélérer le processus d’adoption de l’ECO qui devrait aboutir au cours du deuxième semestre de cette année 2020, est mal passée à Abuja. Alors même que les autorités nigérianes ont fait une requête afin que soit prolongée le délai pour le lancement de la monnaie unique. « Il est inquiétant qu’un peuple avec lequel nous souhaitons nous associer prenne des mesures importantes sans nous faire confiance pour la discussion », s’insurge le président nigérian.

« Le Nigeria soutient pleinement et est attaché à une union monétaire dotée des fondamentaux appropriés – une union qui garantit la crédibilité, la durabilité, la prospérité et la souveraineté régionale entière. Mais nous devons faire les choses correctement et assurer le respect absolu des normes établies », a poursuivi Buhari dans un autre tweet. L’atteinte des critères de convergence par tous les pays de la CEDEAO est primordiale pour le Nigeria. Pour l’heure seul le Togo respecterait les exigences et critères principaux pour la mise en place d’une monnaie unique sous-régionale.

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Aussi, il n’est pas question pour la première puissance ouest-africaine de se lancer dans une aventure sans lendemain : « nous ne pouvons pas nous ridiculiser en entrant dans une union pour se désintégrer potentiellement au plus tôt lorsque nous y entrons. Nous devons être clairs et sans équivoque sur notre position concernant ce processus ». Ajoutant que « nous devons procéder avec prudence et respecter le processus convenu pour atteindre notre objectif collectif tout en nous traitant les uns les autres avec le plus grand respect. Sans cela, nos ambitions pour une union monétaire stratégique en tant que bloc de la CEDEAO pourraient très bien être sérieusement menacées » prévient Muhammadu Buhari.

Boniface T.