Lomé (© 2024 Afriquinfos)- Sur le continent, l’Affaire Bello Baltasar est venue confirmer les fortes tendances des possessions et des partages des contenus intimes, notamment des corps nus ou partiellement dénudés, et mêmes des relations sexuels sur les appareils mobiles et connectés. Ce constat fait état d’un changement fondamental dans les règles implicites régissant les interactions sociales et amoureuses à l’ère numérique, et exposant les individus à des risques accrus.
Dans le cas Baltasar Ebang Engonga, ce sont plus de 400 fichiers qui ont été retrouvés dans les appareils de ce dernier. Dans ces films, cet éminent membre du pouvoir a des relations intimes avec de nombreuses femmes. La plupart sont des filles ou des femmes de ministres ou de personnages importants de l’Etat. Certaines relations sexuelles ont lieu au ministère des finances, dans son bureau avec parfois en arrière-plan le drapeau de la Guinée-Equatoriale.
Ce phénomène met non seulement en lumière l’impact croissant des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur la dégradation des valeurs morales en Afrique, mais soulève des questions éthiques et morales importantes, remettant en question les valeurs de respect de la vie privée et du consentement. Car dans de nombreux contextes culturels africains, la notion de respect et d’honneur familial peut fortement s’opposer à la honte et à la stigmatisation qui accompagnent souvent les victimes de ce type de violence, et c’est qu’illustre l’Affaire Bello Baltasar.
Le scandale en Guinée Equatoriale lié à des contenus compromettants, comme les vidéos saisies lors de perquisitions, illustrent comment ces outils peuvent être utilisés à des fins malveillantes, exacerbant la corruption et l’impunité. Cette situation témoigne d’une évolution des normes éthiques et sociales sur le continent, incitant à une réflexion sur l’intégrité et la responsabilité dans l’usage des TIC.
Les images à caractère sexuel ont suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux : Facebook, X, tiktok. Une avalanche de discussions, de débats ont lieu, alimentés par les vidéos partagées sur la toile depuis la Guinée équatoriale. L’affaire a pris une dimension internationale et des médias du monde entier ont rendu compte de l’histoire.
Sur les vidéos, la majorité du temps, les visages des partenaires de Baltasar Ebang Engonga ne sont pas floutés. Durant plusieurs jours, de nouvelles vidéos ont été divulguées au compte-goutte. La diffusion virale des images montrant le haut fonctionnaire en plein ébat a conduit les autorités à réduire le flux internet pour restreindre les téléchargements.
Cette mesure n’a pas permis d’enrayer la polémique. A partir des vidéos, des internautes ont créé des photomontages, des chansons, une danse a même vu le jour et un médicament pour obtenir une vigueur sexuelle surfe sur la vague.
Les célébrités aussi ont réagi, de la star nigériane Davido au rappeur français Kaaris. Tous y sont allés de leurs commentaires.
Des vidéos ferment des porn-revenges
L’autre aspect des sex-tapes, c’est qu’elles ouvrent la voie à des cas de « revenge porn », où une personne divulgue des vidéos intimes d’une autre personne dans le but de nuire à sa réputation. Cela souligne l’importante de la question du consentement et de la protection de la vie privée dans des relations personnelles.
En Guinée Equatoriale, le gouvernement a tenté sans succès de limiter la diffusion de centaines de vidéos pornographiques impliquant le haut fonctionnaire. L’affaire a tout simplement dépassé les frontières.
la télévision d’État TVGE a diffusé le témoignage d’une femme, au visage flouté, qui s’est identifiée comme l’une des partenaires d’Engonga et a exprimé son indignation, se demandant comment les vidéos avaient pu être conservées sans son consentement. Elle a expliqué qu’elle avait accepté d’être filmée, mais qu’elle pensait que les images seraient ensuite effacées, ce qui l’a laissée dans un sentiment d’humiliation et d’atteinte à sa réputation.
Le phénomène du revenge porn aussi bien en Afrique que tout comme dans d’autres régions du monde prend de l’ampleur, avec une augmentation des cas de partage non consensuel de contenus sexuels explicites. Même si la personne filmée a donné son consentement initial à l’enregistrement, la loi punit cette infraction.
Des lois commencent à être mises en place pour lutter contre ce fléau, mais l’efficacité de ces mesures dépend largement de la sensibilisation du public et de l’évolution des mentalités face aux droits individuels et à la protection contre les abus en ligne.
Les scandales sexuels sont légion en Afrique centrale
Ce n’est pas la première fois que des vidéos à caractère sexuel impliquant des fonctionnaires fuitent sur les réseaux sociaux, mais l’affaire a pris une ampleur inédite du fait de la notoriété des protagonistes.
Se dévêtir ou faire l’amour devant une caméra est désormais tendance. Les jeux sexuels via une webcam ou un téléphone mobile ont la cote même si en Afrique le phénomène réflète une grande immoralité. Un récent sondage a révélé l’ampleur du phénomène en France: la proportion de jeunes (18-25 ans) s’étant déjà adonnés à des telles pratiques a presque doublé entre 2009 (9%) et 2013 (16%). Par ailleurs, un jeune sur dix (11% des sondés) confie avoir déjà réalisé une «sextape»
Faire l’amour face à la caméra est une tendance qui séduit de plus en plus de nombreux couples. Certes, une sextape peut être une bonne occasion pour stimuler la vie sexuelle, toutefois, il faut rester conscient des risques qu’entraînerait sa diffusion non contrôlée. Le point sur ce phénomène.
On serait enclin à penser que ce sont la culture de l’image et la visibilité accrue des films pornographiques qui ont participé à démocratiser les sextapes. Si, en théorie, elles sont destinées à un visionnage privé, il arrive, dans de rares occasions, qu’elles deviennent publiques.
L’affaire Baltasar qui défraie actuellement la chronique pousse les personnes qui ne s’adonnent pas à cette pratique à se demander les motivations derrière la réalisation d’une sextape. Les couples qui filment leurs ébats amoureux évoquent diverses raisons. Ce serait, entre autres, un moyen de mettre du piment dans leur vie sexuelle, de briser la monotonie, de tenter de nouvelles expériences ou encore pour se glisser dans la peau d’un acteur ou d’une actrice de films pour adultes.
Vignikpo Akpéné