A quand les premiers JO d’été sur le continent africain?

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JO 2028 à Los Angeles, aux USA.

Paris (© 2024 Afriquinfos)- La question a été de nouveau soulevée dans les têtes le soir de la conclusion des Jeux de la 33è olympiade à Paris. Et va se préciser à l’avenir.

Après le Mondial de 2010 organisé en terre sud-africaine avec succès, l’Afrique se rêve d’abriter une olympiade. Un défi d’une autre dimension qui demande des moyens logistiques et financiers d’une toute autre nature.

Dakar (Sénégal) va certes abriter les JOJ (Jeux olympiques de la jeunesse) en 2026, une grande première en Afrique, mais cela est loin d’égaler la prouesse d’accueillir les JO d’été dans un seul Etat d’Afrique ! Au point que les Républiques africaines qui ont envisagé d’organiser l’évènement planétaire, il y a deux décennies, ont essuyé des quolibets à peine voilés dans l’univers de l’olympisme. Il s’agissait du Kenya et de l’Egypte.

«De nos jours, les défis liés à l’organisation d’une olympiade sont tels qu’il faut nécessairement une mutualisation des énergies pour abriter l’évènement en Afrique. Une co-organisation serait la bienvenue en la matière», plaide sans détours sur le sujet Françoise Mbango Etone (double championne olympique du triple saut en 2004 et 2008).

Un argument massue qui corrobore le plaidoyer de l’athlète franco-camerounaise, c’est la mise en commun que fait de plus en plus le CIO (Comité international olympique) dans l’attribution des JO d’été, en privilégiant les candidats à l’organisation à la fois des JO d’été et des JO d’hiver dans le même pays et dans la même ville.

Mascotte célèbre des JO d’été Paris 2024 (DR).

Les chiffres d’une organisation des JO d’été parlent d’eux-mêmes

En 1984, la ville de Los Angeles avait réalisé des recettes de 200 millions de dollars en abritant les JO. Quarante ans plus tard, à Paris 2024, l’affluence a été au rendez-vous dans les stades des différentes compétitions, grâce à une organisation bien huilée de la vente des billets.

«10.714 athlètes participants», 45 mille volontaires (dont certains venus de l’étranger) ont été accueillis en terre française à la faveur de ces JO 2024 sur le plan logistique (aéroports, gares et lieux d’hébergement).

«9 milliards d’euros», c’est le coût global des JO 2024; «7 milliards de dollars US» sont mis sur la table par la cité de Los Angeles (qui dispose du 3è plus grand réseau de transport des USA, réseau appelé à se moderniser avec entre 700 millions et 1 milliard de dollars).

Signes de ces défis organisationnels qui vont aller crescendo, les Jeux d’été de Los Angeles 2028 connaîtront 5 nouvelles disciplines de plus, avec le célèbre «Coliseum de Los Angeles (à moderniser, car construit en 1923) qui deviendra le premier stade au monde qui va réaliser l’exploit d’avoir accueilli 3 fois les JO d’été. Toujours à titre de comparaison astronomique, les prochains Jeux d’Asie en Arabie Saoudite sont dotés d’un budget colossal de 500 milliards d’investissements !  

 Des chiffres et des statistiques au-dessus des capacités actuelles de la plupart des grandes villes africaines ! «9 milliards d’euros» comme budget organisationnel, c’est à titre d’exemple les recettes annuelles du Canal de Suez en Egypte majorées de 2 milliards de dollars !  C’est une somme astronomique pour un seul Etat africain. Des pays en développement qui ont des priorités quotidiennes ailleurs. Comme l’alimentation, la santé, l’assainissement, l’éducation, le développement des infrastructures de base, la transition écologique, etc.

L’Afrique a des priorités éternellement ailleurs ?

A titre d’exemple, 17è au classement général des JO 2024, et premier pays en Afrique grâce à ses performances en athlétisme, le Kenya est englué dans des défis existentiels qu’il n’oserait pas à l’heure actuelle envisager, à nouveau, une candidature pour l’organisation des JO. L’Afrique du Sud qui a brillamment organisé le premier Mondial de foot sur le continent berceau de l’Humanité n’a de cesse de rejeter des offres de candidature pour de nouveaux évènements sportifs à dimension planétaire, tant l’ardoise de 2010 a été difficile à éponger.

Co-organisateur du Mondial 2030 avec le Portugal et l’Espagne, le Maroc (qui monte davantage en puissance sur le plan économique en Afrique ces 10 dernières années) pourrait désintoxiquer les esprits en Afrique sur le sujet à l’horizon 2030, si ses performances organisationnelles sont à la hauteur des défis du 2è Mondial que va accueillir l’Afrique.

C’est dire que même après les JO d’été de 2032 de Canberra (Australie), l’Afrique ne pourra envisager une olympiade historique sur ses terres sans miser sur une co-organisation. L’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc seront forcément en première ligne pour oser rêver grand depuis le continent berceau de l’Humanité.

Par GGKE