79è AG de l’ONU: Le Mali confirme et étale son froid diplomatique à l’égard de l’Algérie

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Le colonel Abdoulaye Maïga s'exprimant à la tribune des Nations Unies en marge de la 79ème AG

New York (© 2024 Afriquinfos)- Le ministre d’État et ministre de l’Administration territoriale du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, a profité de son intervention lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies pour émettre une critique virulente à l’encontre de l’Algérie, dénonçant ce qu’il a qualifié d’ingérence inacceptable dans les affaires internes du Mali.

Cette intervention du Colonel Maïga s’inscrit dans un contexte de tensions délicates entre le Mali et l’Algérie, exacerbées depuis décembre 2023 par la convocation et le rappel des ambassadeurs de Bamako et d’Alger. Il a saisi cette plateforme internationale pour affirmer la souveraineté du Mali et réitérer sa volonté de protéger son intégrité face aux ingérences extérieures.

Dans son discours, le Colonel Maïga a d’abord mis en avant les relations privilégiées entre le Mali et les agences des Nations Unies, particulièrement dans le domaine de la coopération pour la sécurité et le développement. Il a également salué le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour ses déclarations de soutien aux nations sahéliennes, faites lors de sa visite dans le sud de l’Algérie en août 2024. Il a souligné que le peuple malien accueillait favorablement les propos de Tebboune, affirmant que l’Algérie serait aux côtés de ses voisins, y compris le Mali, dans leur quête de stabilité et de sécurité.

Le discours du Colonel Maïga a pris une tournure critique lorsqu’il a mentionné les récentes déclarations de deux hauts responsables algériens, qu’il considère comme nuisibles aux efforts du Mali pour restaurer la paix et l’ordre dans le pays. Sa première cible a été le ministre algérien des Affaires étrangères, qui avait affirmé le 31 juillet 2024 que « la crise malienne ne pouvait être résolue que par des moyens politiques », soulignant l’importance de l’Accord d’Alger. Le Colonel Maïga a qualifié cette affirmation d’« ingérence sérieuse », rappelant que le Mali avait officiellement mis fin à cet Accord en janvier 2024, estimant qu’il ne servait plus les intérêts maliens. « Le Mali est maître de ses décisions, et personne ne peut revendiquer un amour pour notre pays supérieur à celui de nos propres citoyens », a-t-il déclaré, dénonçant les tentatives d’Algériens visant à maintenir un accord que les Maliens jugent désormais obsolète.

Le deuxième responsable critiqué par le Colonel Maïga est l’ambassadeur algérien aux Nations Unies, qui, en août 2024, avait insinué qu’une frappe de drone dans le nord du Mali avait causé des pertes civiles, suggérant un manque de contrôle sur ces opérations. Maïga a rejeté ces accusations, les qualifiant de « diffamatoires » et affirmant que les pilotes de drones maliens étaient « hautement qualifiés et respectaient les normes internationales ». Il a précisé que ces frappes ciblaient des groupes terroristes et non des civils, et que les Forces de défense et de sécurité maliennes étaient parfaitement capables de mener ces opérations sans intervention extérieure.

Ces frappes de drones ayant tué des civils dans la localité frontalière de Tinzaouatène avaient été menées juste après la sévère défaite des militaires maliens et des mercenaires russes contre les rebelles touaregs dans cette même région.

« Nous constatons une grave ingérence dans les affaires intérieures du Mali. Depuis la fin de l’Accord d’Alger le 25 janvier 2024, le Mali n’exprime qu’un seul vœu le concernant, que son âme repose en paix. Monsieur le ministre des Affaires étrangères, l’accord est bel et bien mort. Vos incantations ne serviront pas à le ressusciter. Pour chaque balle tirée contre nous, nous réagirons par réciprocité, pour chaque mot employé de travers, nous réagirons par réciprocité. Quant aux représentants permanents algériens, en plus d’offrir le gîte et le couvert, certainement avec des succulents plats de tchaktchouka et de chorba à des terroristes et des renégats en débandades, son rôle d’estafette désorientée ne contribue guère à la promotion des relations de bon voisinage », a lancé le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement malien.

« Aujourd’hui, les groupes terroristes ont été sérieusement affaiblis, les forces de défense et de sécurité sont déployées sur l’ensemble du territoire national. En outre, les actions offensives de nos forces se poursuivent pour démanteler les réseaux terroristes résiduels », a également déclaré le ministre malien à la tribune de l’ONU.

L’éloge des « alliés sincères »

Le gouvernement du Mali reste conscient que la réponse uniquement sécuritaire à ses limites. C’est la raison pour laquelle en appui à l’action militaire. Le gouvernement du Mali s’est doté d’une stratégie globale et intégrée ayant pour objectif la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. Elle comprend des mesures politiques, administratives, de développement économique et social, y compris le dialogue avec les groupes armés et la fourniture de services sociaux de base à nos braves populations.

À la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unis, le porte-parole du gouvernement malien a tenu à citer les « alliés sincères » de son pays dans cette lutte : la Russie, la Chine, la Turquie et l’Iran, avant d’accuser encore une fois les autorités ukrainiennes d’avoir violé la charte de l’ONU pour avoir participé à une « attaque terroriste » contre le Mali.

Le Colonel Maïga a souligné l’importance des liens historiques entre les deux nations, notamment le soutien du Mali durant la guerre de libération algérienne. Cependant, il a insisté sur le fait que ces relations ne justifient pas une ingérence dans les affaires intérieures du Mali, affirmant que ce dernier a le droit de tracer son propre chemin pour garantir sa stabilité et sa sécurité. « Le Mali ne restera pas inactif face à toute atteinte à sa souveraineté », a-t-il averti, signalant que toute action hostile serait suivie de représailles.

Le Colonel Maïga a par ailleurs exprimé son souhait d’améliorer les relations entre les deux pays, à condition que l’Algérie respecte pleinement la souveraineté du Mali. « Nous appelons les dirigeants algériens à cesser toute ingérence dans nos affaires internes et à se concentrer sur le renforcement de la coopération fraternelle entre nos deux peuples », a-t-il déclaré.

Enfin, le Colonel Maïga a salué les efforts du Président Tebboune pour maintenir des relations pacifiques entre les deux nations.

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