Marrakech (© 2025 Afriquinfos)- Marrakech abrite ce 18 au 20 février 2025, la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière, avec en ligne de mire une coordination mondiale pour réduire de moitié le nombre de décès et de blessures graves causés par les accidents de la route d’ici 2030.
« Les accidents de voitures sont évitables ». C’est en prononçant ces mêmes mots, que le ministre du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a donné le coup d’envoi de la 4e Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière qui réunit des décideurs, des experts, des acteurs économiques et des représentants d’organisations de la société civile, du monde entier. L’objectif étant d’apporter des réponses à une urgence qui provoque plus de 1,19 million de décès chaque année.
« La Déclaration de Marrakech qui sera discutée et adoptée lors de cet événement, appelle à un changement radical dans les efforts visant à réduire les décès sur les routes et à garantir une mobilité sûre et durable pour tous », a affirmé le ministre, notant qu’aucun décès sur la route n’est acceptable, d’où l’impératif de redoubler d’efforts pour appliquer des solutions éprouvées. « Cet événement intervient à un moment crucial, nous permettant de réaffirmer notre engagement collectif envers la sécurité routière », a indiqué le ministre Istiqlalien, mettant l’accent sur le rôle central des agences nationales de sécurité routière. Il a donc souligné la nécessité d’une coopération intersectorielle et d’une approche innovante en matière de gouvernance de la sécurité routière afin d’atteindre les objectifs escomptés, surtout que lesdites agences sont en ‘’première ligne de l’application des réglementations, de l’amélioration des infrastructures et des normes de sécurité, ainsi que de la sensibilisation des usagers de la route’’.
Cet événement réunira des décideurs politiques, des experts internationaux, des organisations de la société civile et des acteurs économiques pour aborder la question de la sécurité routière, qui cause chaque année plus de 1,19 million de décès et des dizaines de millions de blessés graves.
Les accidents de la route ont un impact économique considérable, coûtant environ 3 % du PIB mondial chaque année, particulièrement dans les pays à revenu faible et intermédiaire selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Malgré un parc automobile limité à 60 % du total mondial, ces pays concentrent 90 % des décès liés aux accidents de la route.
Ainsi, la conférence organisée par le Maroc vise à promouvoir des solutions innovantes et à renforcer la coopération internationale pour la gestion des risques routiers. Le Royaume est d’ailleurs présenté comme un modèle régional en matière de sécurité routière.
Concrètement, cette conférence se déroule dans un contexte de grandes disparités régionales en matière de mortalité routière, particulièrement élevée en Afrique avec 19 décès pour 100 000 habitants, soit près de trois fois plus qu’en Europe, toujours selon les chiffres de l’OMS. Les défis comprennent des infrastructures inadaptées, le non-respect des réglementations et le manque de ressources pour la prévention et l’éducation. Hôte de cette 4ᵉ édition, le Maroc se distingue par une stratégie intégrée incluant des investissements dans des infrastructures modernisées, des réglementations renforcées et des campagnes de sensibilisation. Ces efforts, alignés avec les objectifs de la Deuxième Décennie d’Action pour la Sécurité Routière (2021-2030), ont déjà réduit significativement les accidents mortels.
Alors que les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les jeunes de 5 à 29 ans, l’objectif est de faire de la sécurité routière une priorité mondiale et de concrétiser des engagements fermes pour une mobilité sécurisée.
Sommes toute, cette conférence de Marrakech se concentrera sur plusieurs thématiques stratégiques pour améliorer la sécurité routière. Les principaux sujets incluent les politiques publiques et la gouvernance, l’innovation technologique (véhicules autonomes, intelligence artificielle et données massives), la mobilité durable et inclusive, ainsi que la sensibilisation et l’éducation. L’objectif est de proposer des solutions concrètes pour prévenir les accidents, développer des transports sécurisés et accessibles à tous, et changer durablement les comportements. Des ateliers interactifs et des échanges avec des experts reconnus permettront de traduire les réflexions en actions concrètes, avec l’ambition de faire de la sécurité routière une priorité mondiale partagée.
Réduire de 50 % le nombre de morts et de blessés dus aux accidents de la route
L’atteinte des objectifs de la Conférence dépend de l’expertise, du leadership et de la capacité des Agences à relever les défis complexes liés à la gouvernance de la sécurité routière, a précisé Kayouh.
Etienne Krug, directeur du département des déterminants sociaux de la santé à l’OMS, nous a déclaré dans ce même sillage que la prévention des décès par accidents « à notre portée », à condition que la sécurité de hisse au rang de priorité politique internationale. C’est ainsi que la Conférence s’attribue l’objectif de consolider la coopération Sud-Sud et Nord-Sud pour partager les meilleures pratiques et soutenir les pays les plus touchés par l’insécurité routière. « Des efforts louables sont fournis par les dirigeants, mais beaucoup reste à faire », déplore Krug, affirmant que la déclaration de Marrakech veillera à intégrer la sécurité routière dans les politiques de développement durable et de mobilité urbaine, tout en faisant de l’innovation et les nouvelles technologies une partie intégrante des politiques de sécurité routière
Benacer Boulaajoul, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), a pour sa part souligné l’importance de booster les financements dans les chantiers liés à la sécurité routière, auquel la déclaration de Marrakech prête une grande attention.
En effet, la version préliminaire de la déclaration, dénonce le fait que la sécurité routière, « des pays en développement, notamment les pays africains, reste gravement sous-financée par des fonds publics et privés et que, malgré l’existence d’une stratégie nationale pour la sécurité routière dans une majorité d’États membres, la plupart de ces stratégies ne sont pas financées et ne sont pas mises en œuvre ». Il a dans ce sens déclaré que des engagements concrets seront scellés de la part des bailleurs de fonds internationaux, notamment la Banque mondiale (BM).
Le patron de la NARSA a souligné que l’objectif global est désormais de réduire de 50 % le nombre de morts et de blessés dus aux accidents de la route, précisant que la situation au Maroc reste « sous contrôle » et que les indicateurs sont, certes , déplorables, mais pas alarmants. Dans cette perspective la déclaration note la nécessité d’un financement supplémentaire sur une période de dix ans pour atteindre cet objectif, dont le montant se situe entre 200 milliards de dollars et plus de 700 milliards de dollars.
V.A.