Weah, gentleman politique à jamais après avoir perdu une présidentielle, dans la lignée de Wade, Soumaïla Cissé, de L. Zinsou, Jonathan…

Afriquinfos Editeur
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A gauche: le Président du Liberia George Weah prononce un discours à Charm el-Cheikh (Egypte) le 8 novembre 2022. A droite: Joseph Boakai arrive au siège de son parti à Monrovia le 29 décembre 2017.

Monrovia (© 2023 Afriquinfos)- C’est un ouf de soulagement en Afrique de l’ouest qui  a renoué depuis aout 2020 avec une série de putschs. Le Liberia a magnifié ce 17 novembre la démocratie en consacrant une troisième alternance pacifique à sa tête. Un motif d’espoir pour les derniers peuples ouest-africains qui courent encore derrière la quête de la dévolution pacifique du pouvoir dans l’ouest du continent.

«Ce soir, le CDC (le parti de M. Weah) a perdu l’élection mais le Liberia a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la défaite. Les résultats annoncés ce soir du 17 novembre, bien que non finaux, indiquent que (M.) Boakai a une avance que nous ne pouvons rattraper. J’ai parlé au Président élu Joseph Boakai pour le féliciter pour sa victoire». Ces propos tenus par G. Weah, dans le feu de sa défaite électorale au second tour de la présidentielle 2023 dans son pays vont le faire monter dans l’estime d’un plus grand nombre d’Africains, déjà sous le charme de sa virtuosité footballistique depuis plusieurs décennies.

George Oppong Ousman Manneh Weah s’est ainsi rangé ce 17 novembre dans la lignée d’un cercle fermé de politiques qui ont le courage public de reconnaître leur défaite au soir d’une élection. Des exemples si rares en Afrique en général, et qui recommencent à s’étioler en Afrique occidentale, après l’espoir massif suscité par les alternances pacifiques dans plusieurs pays au début des années 90.

Me Abdoulaye Wade face à Macky Sall en 2012, feu Soumaïla Cissé en 2013 au Mali, Lionel Zinsou en 2016 au Bénin, Yaya Jammeh en Gambie en 2016 (même s’il est revenu sur l’aveu de sa défaite quelques jours plus tard), Goodluck Ebele Azikiwe Jonathan au Nigeria en 2015 sont quelques unes des images marquantes de la vie politique ouest-africaine à avoir félicité leurs concurrents électoraux, avant même la proclamation des résultats définitifs des joutes ils ont pris part. Une lignée rare dans laquelle vient de se ranger le Président G. Weah.

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L’image du Liberia va davantage être polie auprès de la communauté internationale, et son exemple d’alternance va être brandi par plusieurs défenseurs de la démocratie en Afrique, au moment où l’on assiste à un regain de putschs sur le continent. Des renversements de pouvoir de plus en plus populaires pour la plus grande tristesse des ardents défenseurs des vertus démocratiques.

L’histoire aime ainsi faire de grands clins d’œil au Liberia, Etat ouest-africain créé par d’anciens esclaves rentrés du continent américain. L’image de la sinistre guerre civile qui a endeuillé des millions de familles libériennes entre 1989 et 2003 (14 ans durant) reste collée à ce pays, et ses stigmates avec, en arrachant plus de 250 mille vies. Mais, le Liberia, c’est aussi le premier pays africain à avoir offert au continent une Cheffe d’Etat (Ellen Sirleaf), son premier Ballon d’or en 1995 en football. Une distinction inégalée à ce jour.

G. Weah rentre assurément ce 17 novembre 2023 dans le cercle fermé de dirigeants érigés en gardiens de vertus démocratiques en Afrique, et potentiels facilitateurs dans des différends, juste au regard de leur courage politique qui est passé dans la postérité.

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