Le Togo milite pour une solution pacifique au Niger tout en lui appliquant les sanctions économiques régionales

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2023 Afriquinfos)-Même si jusqu’à nouvel ordre le Niger va devoir se passer des transactions commerciales et des services de transit avec le Togo, son 2e fournisseur dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), la diplomatie togolaise n’est pas favorable à une intervention militaire dans ce pays sahélien.

Contrairement à certains de ses homologues qui ont évoqué la possibilité d’une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, Faure Gnassingbé ne partage pas cette option. Le dirigeant togolais opte plutôt pour la voie du dialogue et de la négociation.

Pour confirmer sa position, le dirigeant togolais aurait reçu en toute discrétion le lundi 7 août 2023 une délégation de putschistes nigériens à Pya (dans le Nord du Togo). Selon des sources citées par le confrère togolais « IciLomé », cette approche vise à trouver un compromis nécessaire pour éviter de déstabiliser davantage la sous-région, déjà fragilisée par la menace djihadiste.

Le silence relatif de Faure Gnassingbé depuis le début de la crise suscite des interrogations, mais cette implication témoigne de son engagement pour une résolution pacifique et concertée du conflit. Cette position s’inscrit dans la lignée de la politique diplomatique du Togo, qui a déjà porté des fruits dans un passé récent. Notamment lors de l’affaire « des soldats ivoiriens à Bamako, accusés d’atteinte à la sûreté de l’État malien ».

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Le maintien des sanctions économiques

En revanche, le Togo applique depuis début aout 2023 les sanctions économiques décidées par l’UEMOA et la CEDEAO à l’encontre du Niger. C’est ce qu’indique une note de l’Office Togolais des Recettes (OTR, structure qui intègre les directions générales des Douanes et des Impôts) « qui a suspendu depuis le 1er août dernier les transactions commerciales et de service de transit en provenance ou à destination du Niger, conformément aux décisions prises lors du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO le 30 juillet à Abuja« .

Au sein de la CEDEAO, les Nigériens sont très actifs dans le domaine commercial. Aussi, des Etats disposant d’infrastructures portuaires comme le Togo constituent des partenaires privilégiés pour le Niger. Il s’agit en réalité d’un partenariat gagnant-gagnant qui subit un coup dur avec les sanctions économiques imposées par la CEDEAO après le coup d’Etat militaire du Général Tchiani.

Le pays enclavé a importé 6 milliards de FCFA (environ 9,8 millions USD) de biens via le Togo dont 4 milliards pour l’huile de palme au 2e trimestre 2022, contre 11,4 milliards de biens acquis via la Côte d’Ivoire, son principal fournisseur dans l’UEMOA. Des données publiées par l’Institut national togolais de la statistique, de la conjoncture et des études économiques, dans son bulletin des statistiques du commerce.

Selon les statistiques de l’Organisation des Nations unies (ONU), le Togo a exporté pour plus de 80 millions USD de marchandises vers le Niger en 2019, contre 38 millions en 2018. Le pays sahélien devenait ainsi le 4ème marché d’exportation du Togo, représentant 8,9% de ses exportations.

V. A.