Yaoundé (© 2022 Afriquinfos)- On ne décolère toujours pas dans la délégation comorienne après la défaite en 8è de finale de la CAN contre le pays organisateur, le Cameroun. Amoindris par la Covid-19 qui a touché douze de ses membres et victime d’un règlement de la CAF qui les a privés d’un gardien de but, les Cœlacanthes crient à l’injustice. Un carton rouge dans les premiers instants du match les a fait jouer à 10 quasiment toute la rencontre. Depuis, la polémique enfle, arguant d’un «arbitrage maison» et en raison des cas de Covid qui touchent certaines équipes et pas d’autres dans la compétition, au point où le président de la Fecafoot a fait une sortie pour fustiger les allégations de favoritisme.
Les héroïques comoriens sont, depuis leur rencontre face au Cameroun perdue (1-2), devenus les coups de cœur de la CAN 2022. Il faut dire que les conditions dans lesquelles ils ont affronté le Cameroun, pays organisateur, ont été particulières. 12 cas de la Covid-19 ont été détectés dans leur effectif parmi lesquels leurs deux gardiens de but.
Pour ne rien arranger, alors que leur gardien titulaire, Ali Ahamada a été testé négatif le jour du match, une nouvelle règle prise par la CAF quelques heures plus tôt, l’empêchera de disputer la rencontre : «Notre gardien avait été testé positif. Puis il a refait un nouveau test, négatif cette-fois ci. Nous avions donc confiance en sa participation. Jusqu’à ce que nous apprenions l’après-midi du match qu’il ne peut pas jouer et qu’il doit rester à l’isolement pendant cinq jours. Cela a été une très mauvaise surprise. Nous avons appris que le règlement par rapport aux joueurs touchés par le virus avait changé très récemment, la veille de notre match contre le Cameroun», relate Saïd Ali Athouman, le président de la Fédération de football des Comores.
Cette décision de la CAF qui stipulait que tout joueur atteint de Covid devait s’isoler cinq jours supplémentaires après qu’il soit déclaré négatif, est intervenue alors que la veille, la Tunisie avait pu aligner son joueur Wabhi Khazri dans les mêmes circonstances.
Les suspicions de favoritisme en faveur des grosses équipes n’ont pas tardé à jaillir : «Ce n’est pas normal, effectivement, que les règles changent au dernier moment, alors que des équipes jouaient. Je ne comprends pas. Cela a empêché les Comores de jouer à armes égales. Surtout que notre cas concernait un poste particulier, celui de gardien de but. C’est donc un joueur, Chaker Alhadur, qui a joué gardien. Et au bout de sept minutes, Nadjim Abdou, notre capitaine, est expulsé… Cela fait beaucoup, mais malgré cela, l’équipe a eu un comportement magnifique, donc les Comoriens peuvent être fiers. Je crois que nous avons gagné le cœur de beaucoup de gens, et pas seulement des Africains», a poursuivi Saïd Ali Athouman.
«Vous, les journalistes et ceux qui regardent le football, vous constatez ce qui s’est passé. C’est à vous de tirer des enseignements. Ce n’est pas à nous de dénoncer quoique ce soit. Nous, la seule chose qu’on dénonce, c’est l’éthique et l’équité du football. Du football africain, parce que c’est notre continent, il est tout le temps décrié. Ce n’est pas normal que des choses comme ça se passent», a pour sa part, déclaré plein d’amertume, le joueur comorien Youssouf M’Changama au sortir de la rencontre face au Cameroun.
Ces différentes sorties auxquelles s’ajoutent des milliers d’autres sur les réseaux sociaux qui dénonçaient sans détours les largesses dont bénéficiaient les Lions Indomptables n’ont pas manqué de faire réagir Samuel Eto’o, président de la Fécafoot: «Je tiens à signifier que l’agence choisie pour faire les tests n’est pas sous le contrôle du Cameroun, c’est à 100% sous le contrôle de la CAF.
Les règles de jeu étaient connues par tous avant le début de la compétition et je souhaite vraiment, humblement que mon pays soit respecté. La Tunisie a eu 7 cas de joueurs testés positifs face au Nigeria, je ne pense pas que la Tunisie jouait face au Cameroun (…) Le Maroc, lors de la première rencontre, parce que les matchs se suivent mais ne se ressemblent pas, a été pénalisé, il ne jouait pas contre le Cameroun. Donc, ce n’est pas fairplay d’insinuer des choses, d’accuser le gouvernement camerounais, de m’accuser moi-même. Vous savez, j’ai essayé d’être un grand champion, je l’ai été parce que j’ai mérité toutes mes victoires dans les stades, je n’ai jamais accepté la tricherie et je n’accepterai jamais la tricherie maintenant.
J’espère que c’est clair pour tout le monde et que les faux débats qu’on veut mettre sur le dos de l’Etat camerounais et de ma Fecafoot cesseront», a clarifié l’ancien footballeur, visiblement agacé par les rumeurs de favoritisme dont bénéficieraient les Lions Indomptables.
S. B.