La Police a été déployée en force ce lundi 31 mars dans les principales villes du Zimbabwe, où les entreprises et les administrations ont été fermées, après des appels à manifester pour demander au Président Emmerson Mnangagwa de quitter le pouvoir.
Un petit groupe de personnes a essayé de se rassembler sur la place du Président Robert Mugabe à Harare mais a été dispersé par les forces de l’ordre, selon des vidéos postés sur les réseaux sociaux. « C’était annoncé comme une marche pacifique mais la Police commence déjà à frapper les gens« , a déclaré une manifestante au média en ligne CITE. « Je reste ici et si je dois mourir, cela sera pour le bien de mes enfants« , a-t-elle ajouté.
Dans la deuxième ville du pays, Bulawayo, les principaux commerces et bureaux étaient aussi fermés et seules quelques personnes se trouvaient au marché de produits frais qui est normalement très fréquenté, a rapporté un journaliste de l’AFP. Le Chef de l’Etat fait face à la plus vive contestation depuis son arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat il y a huit ans, entre luttes intestines au sein de son parti et colère croissante de l’opinion sur fond d’économie défaillante.

Défiant ouvertement le Chef de l’Etat de 82 ans, surnommé « le crocodile » (pour son caractère impitoyable et sa ruse politique), Blessed Geza, un ancien combattant de la guerre d’indépendance et ancien cadre de la Zanu-PF au pouvoir, a appelé à des manifestations contre lui lundi 31 mars.
« La tâche de destituer Mnangagwa a déjà commencé« , avait fanfaronné la semaine dernière sur les réseaux sociaux Blessed Geza, en treillis, qui est aussi connu sous le nom de « Bombshell » (signifiant en anglais à la fois une bombe et une forte surprise). En réponse, la Police avait annoncé avoir renforcé ses positions dans tout le pays et indiqué qu’elle prendrait des mesures contre toute personne « incitant à la violence« , dans ce pays d’Afrique australe où les manifestations sont rares et très contrôlées par les autorités.
Le parti Zanu-PF est au pouvoir depuis l’indépendance en 1980. Les manifestants s’inquiètent d’un éventuel maintien du Président Mnangagwa au pouvoir après la fin de son mandat en 2028. M. Geza et sa faction de vétérans de la guerre qui a conduit à l’indépendance font pression pour remplacer le Chef d’Etat par son Vice-président, Constantino Chiwenga, un général à la retraite qui est précisément celui qui avait orchestré le coup d’État de 2017.
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