Harare (© Afriquinfos 2016) – Pour avoir critiqué ouvertement les dérives dictatoriales du président Robert Gabriel Mugabe (92 ans) au pouvoir depuis 1980, ils le payent cash. Cinq (05) anciens combattants de la guerre d’indépendance du Zimbabwe comparaissent devant le Tribunal d’Harare. Il leur est reproché d’avoir «sapé l’autorité».
Les vétérans se sont aussi désolidarisés de leur compagnon-Président en annonçant qu’ils ne donneraient pas leur caution à sa prochaine candidature. «Il n’y avait aucun délit commis dans ce document», a plaidé Beatrice Mtetwa, l’avocate des accusés. Selon elle, ses clients ont fait part de leur inquiétude au président de leur parti, la ZANU-PF, Robert Mugabe et non en sa qualité de président du Zimbabwe. Ils ne pourraient pas ainsi être poursuivis pour offense à l’Etat.
Considérés comme des piliers du régime, ces vétérans avaient publiquement désavoué leur ancien compagnon de lutte qui subit des vagues de contestations. Ce dernier, mène une répression implacable contre ceux qui sont opposés à son pouvoir. C’est ainsi que deux étudiants ont été récemment arrêtés, pour avoir critiqué ouvertement Robert Mugabe à qui il est reproché d’avoir plongé le pays dans une grave crise économique. Ils avaient été interpellés lors d’une cérémonie de remise de diplôme à l’Université du Zimbabwe à laquelle assistait le président.
«Diplômé aujourd’hui, au chômage demain», était une affiche brandie par Tonderai Dombo l’un des étudiants arrêtés par la Police. Le second avait été accusé d’avoir proféré des insultes à l’égard du Président. Selon Promise Mkwananzi, porte-parole du mouvement «Tajamuka» (qui veut dire «nous sommes agités»), il est reproché à l’étudiant d’avoir traité de «diable» Robert Mugabe. «Le gouvernement pense qu’on ne peut pas critiquer le président. Or, on devrait pouvoir critiquer le chef de l’Etat plus que n’importe quelle autre personne, parce qu’il doit rendre des comptes pour le chaos actuel», peste Promise Mkwananzi.
Ces vagues d’arrestations traduisent la situation délétère au Zimbabwe dirigé par le «Vieux Bob», après sa révolution agraire qui a consisté à redistribuer des terres agricoles (appartenant en grande partie aux fermiers blancs) aux Noirs, au début des années 2000. Arriérés de salaire, manques de liquidités sont entre autres des manifestations de la situation à laquelle le pays est confronté. A cela s’ajoutent, 80% de la population qui travaillent dans l’informel, l’inflation sans cesse galopante et le chômage…
ANANI G.