Abuja (© 2024 Afriquinfos)- Sa parole est précieuse et son engagement pour la bonne gouvernance et la Justice sociale n’a pas faibli malgré le poids de l’âge! Wole Soyinka, 90 ans, a réagi aux manifestations meurtrières qui surviennent au Nigeria depuis le 1er aout et à la gouvernance du Président Bola Ahmed Tinubu. Le célèbre essayiste a condamné l’usage disproportionné de la violence contre les Nigérians. Et dénonce un silence coupable du dirigeant de l’État fédéral.
A l’instar de nombreux intellectuels et universitaires nigérians, Wole Soyinka qui a célébré ses 90 ans en juillet 2024, n’est pas resté silencieux face à la situation qui prévaut au Nigeria. Le Professeur Akinwande Oluwole Babatunde Soyinka, connu pour être un des soutiens du Président Tinubu, s’est insurgé contre la teneur du discours de celui-ci, alors que le pays est à feu et à sang, et qu’on déplore de nombreux morts résultant de la répression des forces de l’ordre. Pour le Prix Nobel de Littérature, le refus de Bola Tinubu d’aborder et de condamner l’usage de la violence par les services de sécurité était «une approbation et une autorisation à continuer leurs exactions en toute impunité».
La police et les agents du services de sécurité ont tiré à balles réelles sur des journalistes qui se trouvaient autour du stade national Moshood Abiola d’Abuja pour couvrir les manifestations samedi 3 aout. Selon des rapports d’OSC, plus de 40 personnes ont été tuées depuis jeudi 1er aout à travers le Nigeria, et des dizaines d’autres ont été blessées. «Ma principale préoccupation, comme on pouvait s’y attendre, est la détérioration continue de la gestion des manifestations par l’État, un domaine dans lequel le discours présidentiel a manifestement échoué», a dénoncé le littéraire nigérian.
«Les balles réelles comme réponse de l’État aux manifestations civiques – c’est là le problème central. Même le gaz lacrymogène reste discutable dans la plupart des circonstances, certainement un abus dans des situations de protestation clairement pacifiques. Les marches de la faim constituent un SOS universel, pas particulier à la nation nigériane», a encore écrit le tout premier Africain Prix Nobel de Littérature.
Le nonagénaire voit en ces soubresauts au Nigeria des germes d’une révolution. «Tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques qui déploraient la faim dans le pays symbolise, selon M. Soyinka, une régression inquiétante, celle qui précède les bouleversements et très probablement les «révolutions».
Le Professeur Soyinka est un dramaturge, romancier, poète, essayiste, acteur, chanteur, compositeur et documentariste de renommée mondiale. Infatigable défenseur des droits de l’Homme, il a toujours été aux avant-postes de tous les combats pour la bonne gouvernance et une société juste et équitable.
Boniface T.