L’objectif de Tokyo à travers le sommet de Nairobi est de bousculer les Chinois, qui depuis quelques années, investissent en masse en Afrique. Le duel s’annonce palpitant, pour le grand bonheur des dirigeants africains.
Au dernier Sommet Afrique-Japon il y a trois ans à Yokohama, Tokyo avait dévoilé un vaste programme d’investissements en Afrique de 24 milliards d’euros, étalé sur 5 ans. Cette sixième «Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique», ces 27 et 28 août, sera donc l’occasion pour le Japon de décliner les grands axes et le planning de son projet pour briller davantage en Afrique.
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, et plusieurs membres de son gouvernement seront à la tête de la délégation japonaise. Très fier du gros potentiel de son pays et de sa marge de progression sur le continent africain, le sieur Abe a déclaré ce jeudi matin, avant de mettre le cap sur le Kenya: «La force du Japon, ce sont ses technologies de haute qualité et la formation du personnel». Les Japonais sont très attendus sur le continent, et pour cause, ils auraient dans leurs valises une soixantaine de protocoles divers et accords commerciaux. «À la demande des pays africains, un très grand nombre de représentants du secteur privé font partie du voyage», a confié Shu Nakagawa, un responsable du ministère japonais des Affaires étrangères.
Le sommet sera axé sur trois grands thèmes, le tout fondé sur un document intitulé «Déclaration de Nairobi»: Le développement économique (il est question d’infrastructures, de formation et d’amélioration de la productivité), un aspect sanitaire (dont un projet de couverture sociale pour tous les habitants du continent) et enfin la stabilité sociale.
La concurrence au rendez-vous
L’an dernier, on dénombrait 687 entreprises nippones opérant en Afrique, mais le Japon ne veut pas se satisfaire de cela; il s’est mis en tête de contester le leadership de la Chine dans le financement et la construction de nouvelles infrastructures sur le continent. Et il a plus d’un atout; il a la réputation d’offrir des services d’une qualité supérieure, même si ses projets en Afrique ont moins d’envergure que ceux de la Chine. «Le Japon sait qu’il doit concurrencer la Chine, mais comme il ne peut pas s’aligner sur le plan financier, il met l’accent sur la qualité», a mis en valeur Koichi Sakamoto, Professeur d’études de développement régional à l’Université Toyo à Tokyo.
«La Chine a été le plus grand ennemi imaginaire du Japon dans sa stratégie diplomatique en Afrique», fait remarquer de son côté Lu Hao, de l’Académie chinoise des sciences sociales. «Le Japon voit désormais l’Afrique très peuplée comme le dernier marché à conquérir», renforce cet universitaire.
Samir GEORGES