Ouagadougou (© 2019 Afriquinfos)-En prélude au sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le conseil de médiation et de sécurité sur le terrorisme s’est réuni en session spéciale, le jeudi 12 septembre 2019 à Ouagadougou. Il s’est agi de convenir d’un plan d’urgence de lutte contre le terrorisme qui sera soumis à l’appréciation des chefs d’Etats.
C’est après-demain, samedi 14 septembre que s’ouvre à Ouagadougou en sommet extraordinaire sur le terrorisme. Une rencontre à laquelle prendront part les chefs d’Etats et de gouvernements de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Mais en prélude à ce sommet, le conseil de médiation et de sécurité, composé des ministres en charge ont au cours d’une réunion extraordinaire, tenu ce jeudi 12 septembre 2019, a examiné plusieurs rapports et recommandations issus des réunions préparatoires qui ont regroupé les chefs d’état-major, des chefs de services de sécurité et de renseignement, ainsi que des acteurs civils, à Niamey en fin août dernier.
Il a donc été convenu lors de cette réunion une stratégie commune et d’un plan d’urgence assortis d’actions prioritaires en vue d’endiguer l’extension du terrorisme dans la sous-région.
Kalla Ankourao président du conseil de médiation et de sécurité et ministre en charge des affaires étrangères du Niger a laissé entendre que les actes terroristes dont les manifestations remontent au début de cette décennie, ont entraîné des nombreuses pertes en vies humaines, de blessés graves, des destructions de biens et la peur.
«Ils constituent de crimes graves et contribuent à l’aggravation de la pauvreté», a-t-il indiqué. Cependant, a-t-il poursuivi, en plus du terrorisme, d’autres types de menaces telles que les conflits intercommunautaires, les crimes organisés et le trafic de tout genre, doivent faire l’objet d’une attention particulière.
Et ce, à son avis, en vue d’éviter une interaction entre les menaces et une instrumentalisation de ces conflits par les terroristes.
M. Ankourao invite à cet effet les Etats membres de la CEDEAO à faire preuve de détermination pour éradiquer le fléau afin de créer un environnement propice à une intégration régionale effective, à un développement économique dans la paix et dans la sécurité. «La réalisation de cet objectif exige un engagement collectif résolu sans faille des Etats pour agir de manière concertée à tous les niveaux», a-t-il proposé.
Le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, a souligné que le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernements vise principalement trois objectifs. «Le premier est de réaffirmer l’engagement ferme de notre communauté à lutter collectivement l’extrémisme violent dans notre région. Le second est d’évaluer et d’adapter notre stratégie de lutte au regard des récentes évolutions.
Le troisième est de proposer des mesures fortes de lutte contre le terrorisme», a-t-il énuméré. M. Brou a relevé que la question du financement des opérations de lutte contre les attaques ne doit pas être occultée.
«Pour lutter contre le terrorisme, la contribution financière provenant des pays membres de la CEDEAO et même du secteur privé, doit être évoquée», a-t-il laissé entendre. Car, il a estimé que le secteur privé ayant besoin de stabilité et de paix, pourrait aussi contribuer au financement des activités de lutte contre l’extrémisme violent. «Sans financement, nous savons tous que les mesures proposées ne pourront pas être mises en œuvre», a-t-il prévenu.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Burkina, Alpha Barry, a lui relevé que l’urgence de la situation sécuritaire nécessite une synergie d’actions des Etats. Et pour cause, a-t-il rappelé, les attaques de Grand Bassam en Côte d’Ivoire en 2016 et l’enlèvement de Français au Bénin en 2019, ont fini par convaincre tout le monde que l’expansion de la menace terroriste est une réalité en Afrique de l’Ouest.
«La mutualisation de nos moyens apparait comme l’action la plus sûre contre le phénomène terroriste », a-t-il émis, avant de poursuivre que le bilan du phénomène est très évocateur.
«Il ne se passe un seul jour, une seule semaine, sans qu’il n’y ait un attentat dans notre région. Sur la période de 2015 à 2019, on a enregistré 1 115 incidents au Mali, 440 au Burkina Faso et 110 au Niger avec des milliers de victimes parmi les civiles et forces de sécurité», a-t-il illustré. A l’entendre, cette situation a provoqué de mouvements importants de personnes à l’intérieur des pays. Pour preuve, près de 300 000 déplacés sont dénombrés au Burkina Faso en août 2019.
M. Alpha Barry s’est également montré préoccupé par cette insécurité, qui progresse vers une insécurité alimentaire inédite, alors que les personnes touchées par ce phénomène en août 2019 sont estimées à près de 1,5 million de personnes.
I.N.