Un débat historique sur le renforcement de la représentativité de l’Afrique au CS sur initiative de la Sierra Leone ce 12 aout

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New York (© 2024 Afriquinfos)- Le Président de la Sierra Léone a demandé que les pays africains obtiennent plus de sièges au CS (Conseil de sécurité) des Nations Unies, dont deux sièges permanents et potentiellement assortis d’un droit de veto. Julius Maada Bio a formulé cette requête ce lundi 12 août 2024 lors d’un débat du Conseil sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales, en sa qualité de président du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour le mois d’août 2024.

« L’Afrique demande deux sièges permanents au Conseil de Sécurité des Nations Unies et deux sièges non permanents supplémentaires, ce qui porterait le nombre total de sièges non permanents à cinq. L’Union Africaine choisira les membres permanents africains’’, a formulé le dirigeant ouest-africain.

« Bien qu’elle abrite plus de 1,3 milliard de personnes et que les 54 pays africains représentent 28% de l’ensemble des membres des Nations Unies, avec des contributions significatives au maintien de la paix et à la résolution des conflits, l’Afrique reste largement sous-représentée au sein de cet organe vital des Nations Unies’’, a dénoncé le dirigeant africain qui assure la présidence tournante du CS onusien.

Il a ajouté sur le sujet: « Il est désormais acquis que le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé. L’impératif de réforme est irréfutable. Près de 80 ans après sa création, le Conseil est resté figé dans le temps« .

Abordant les implications plus larges de cette sous-représentation, le Président Bio a fait remarquer que « l’Afrique reste la victime incontestable. En l’absence de changement structurel, la performance et la légitimité du Conseil de Sécurité restent discutables« . Il a souligné que « l’héritage du colonialisme, de l’exploitation économique et de la marginalisation politique a laissé de profondes cicatrices sur le continent, affectant son développement, sa stabilité et son influence dans les affaires internationales« .

Dans son discours sur le thème « L’injustice historique et le renforcement de la représentation effective de l’Afrique au Conseil de Sécurité des Nations Unies« , le Président Bio a en outre souligné les injustices historiques auxquelles l’Afrique a été confrontée au sein des Nations Unies, en rappelant la position africaine commune exprimée dans le consensus d’Ezulwini et la déclaration de Syrte.

« L’Afrique a formulé une vision et un modèle de réforme clairs et convaincants, qui garantissent une représentation équitable et sa participation significative au sein du Conseil« , a-t-il rappelé. « La structure actuelle du Conseil de Sécurité reflète un ordre mondial dépassé, une ère qui ne reconnaît pas l’importance et les contributions croissantes de l’Afrique« , a-t-il davantage insisté.

Le Président Bio a conclu en appelant à une action immédiate: « En rectifiant l’injustice historique qui frappe depuis longtemps le continent, les Nations Unies ont l’occasion de forger un ordre mondial plus juste et plus inclusif, qui honore la dignité et les aspirations de toutes les Nations, indépendamment de leur taille ou de leur stature. Le moment est venu d’agir. L’Afrique ne peut plus attendre« .

Le débat a comporté des exposés perspicaces du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, et du président de la 78e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, Denis Francis.

D’autres membres du Conseil de sécurité, des représentants du Comité des dix Chefs d’État et de Gouvernements de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies (C-10) et d’autres représentants ont également apporté leur contribution à ces travaux. Tous soutenant la nécessité de remédier à l’injustice historique et de renforcer la représentation effective de l’Afrique au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Les pays africains bien mobilisés pour l’obtention des sièges

Créé en 1945 pour tenter de maintenir la paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil de sécurité peut imposer des sanctions, déployer des missions de maintien de la paix et adopter des résolutions juridiquement contraignantes, même si elles sont parfois ignorées.

Sa composition reflète la structure du pouvoir d’après-guerre et une époque où la majeure partie de l’Afrique était sous contrôle européen. Les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France sont des membres permanents disposant d’un droit de veto. Dix autres sièges — six à l’origine, jusqu’à l’élargissement de 1965 — reviennent à des pays qui obtiennent des mandats de deux ans au Conseil, sans droit de veto. L’Assemblée générale élargie élit ses sièges par région, avec trois places pour l’Afrique.

Les pays africains, et bien d’autres, ont fait valoir que cet arrangement lésait ce continent dont la population croît le plus rapidement au monde, avec aujourd’hui 1,3 milliard d’habitants. Les 54 pays du continent représentent 28% des États membres de l’ONU. Cinq des 11 opérations de maintien de la paix actuelles de l’ONU se déroulent en Afrique, tout comme quatre des 10 premiers pays en termes d’envoi de troupes.

Tout changement dans la composition du Conseil serait du ressort de l’Assemblée Générale, qui mène des négociations depuis des années. Le président de l’Assemblée Dennis Francis a déclaré lundi 12 aout que l’Afrique est «manifestement sous-représentée» au Conseil et que le statu quo est «tout simplement erroné». Mais les pays membres de l’ONU ont lancé de nombreuses idées différentes pour modifier le Conseil, et toute initiative visant à accommoder l’Afrique susciterait probablement une pression pour envisager d’autres propositions.

Les États-Unis, par exemple, soutiennent l’ajout de sièges permanents pour les pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, entre autres. «Arrêtons de contempler le problème ici. Nous devons passer à des solutions», a plaidé ce 12 aout l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, dont les affectations précédentes incluent plusieurs pays africains.

V. A.