UA: Raila Odinga pour succéder à Moussa F. Mahamat, le Kenya y croit dur comme fer

Afriquinfos Editeur
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Kenya's opposition leader Raila Odinga addresses mourners during a military honours and memorial service to Kenya's military chief, General Francis Ogolla, who was killed in a military helicopter crash, at the Ulinzi Sports Complex in Langata district of Nairobi, Kenya April 20, 2024. REUTERS/Thomas Mukoya

Nairobi (© 2024 Afriquinfos)- Le Président kenyan William Ruto n’est certes pas prêt de partager son mandar à la tête du pays avec son rival Raila Odinga. Cependant, le chef de file de l’opposition peut entièrement compter sur le soutien du Président Ruto au sujet de sa candidature pour la succession de  Moussa Faki Mahamat à la présidence de la Commission de l’Union africaine.

Dans un communiqué publié lundi 29 juillet 2024, Nairobi a annoncé avoir officiellement déposé la candidature de « l’opposant historique » Raila Odinga pour succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat, dans la course à la présidence de la Commission de l’UA (Union africaine). L’élection doit avoir lieu en février 2025.

Le soutien de William Ruto, Président du Kenya, constitue un atout majeur pour R. Odinga. En effet, Ruto et Odinga, autrefois rivaux politiques, ont trouvé un terrain d’entente pour cette candidature. En février 2024, une rencontre stratégique avec le Président ougandais, Yoweri Museveni, a renforcé cette alliance.

Suivant le principe de rotation pour l’élection des membres de la Commission de l’UA, c’est au tour de la région est-africaine de présenter des candidats pour le poste de présidence. Raila Odinga avait annoncé sa candidature en début d’année. Il a, depuis, obtenu le soutien du Gouvernement. «La remarquable vie et la carrière exemplaire de l’honorable Raila Odinga font de lui la personne idéale pour prendre la tête de la Commission de l’Union Africaine». C’est dans ces termes élogieux que Nairobi a annoncé avoir déposé la candidature de cette figure de la politique kényane, le qualifiant «d’exceptionnel».

Raila Odinga a, lui, dit se consacrer à «ramener le siège à la maison». Perdant de la présidentielle face à William Ruto en 2022 et leader de l’opposition, ses appels à manifester contre le Gouvernement avaient paralysé le pays pendant plusieurs semaines l’année dernière. Beaucoup d’observateurs voient donc un rapprochement entre les deux hommes ces derniers mois à travers le soutien de William Ruto à la candidature de Raila Odinga. Un rapprochement d’autant plus commenté depuis que le Président a nommé la semaine dernière quatre membres du parti de l’opposant dans son nouveau Gouvernement.

Les deux concernés, eux, démentent toute alliance. L’enjeu est aussi stratégique pour le Chef de l’État. L’analyste politique, Dismas Mokua, souligne que si Raila Odinga remporte ce mandat au sein de l’Union africaine, il devra s’éloigner de la politique kényane et donc du scrutin présidentiel de 2027.

Raila Odinga, âgé de 79 ans, n’est pas un nouveau venu sur la scène politique africaine. Chef de l’opposition kényane et ancien Premier ministre, il possède une vaste expérience et une profonde compréhension des dynamiques politiques africaines. Plusieurs fois candidat à l’élection présidentielle dans son pays, ce fils d’un ancien compagnon de Jomo Kenyatta (père de l’indépendance kényane) n’a jamais pu atteindre la magistrature suprême. Son engagement pour la démocratie et la gouvernance en Afrique de l’Est a été largement reconnu. Il aspire à apporter cette expertise à la Commission de l’Union africaine (UA).

Le Kenya doit encore convaincre les États africains de voter pour son candidat. Nairobi affirme avoir déjà reçu plusieurs soutiens, comme l’Ouganda, le Zimbabwe ou encore l’Algérie ou le Ghana.

Les autres prétendants au poste de président de l’Union africaine

Plusieurs autres noms circulent, dont celui de l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Union des Comores, Souef Mohamed El-Amine. Maîtrisant quatre des langues officielles de l’UA (anglais, français, swahili et arabe), l’actuel représentant spécial de la Commission de l’UA et chef de la Mission de maintien de la paix en Somalie se verrait bien succéder à celui qui l’a nommé à ces postes en septembre 2022. Ce diplomate chevronné sait pouvoir compter sur le soutien d’Azali Assoumani. Pour faire la différence, Souef Mohamed El-Amine compte mener un intense lobbying auprès des institutions dont l’Union des Comores est membre, de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), au sein du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Sans oublier la Ligue arabe et la Commission de l’Océan indien (COI).

Parmi les autres prétendants les plus régulièrement cités, figurent le ministre djiboutien des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, qui aura 59 ans en 2025, ainsi que l’ancien Chef de l’État malgache, Hery Rajaonarimampianina. Âgé de 66 ans l’année prochaine, ce dernier a déjà confirmé sa volonté de se présenter, mais attend toujours le soutien officiel de son successeur, l’actuel Président Andry Rajoelina.

La date limite pour le dépôt des candidatures est le 6 août. L’élection, prévue lors du 38e Sommet de l’UA en février 2025, se déroule dans un contexte de défis majeurs pour le continent africain. Sur le plan sécuritaire, de la gouvernance politique (multiplication des coups d’Etat et des Transitions politiques, élections contestées, etc.) et financière post Covid-19.

Vignikpo Akpéné