Tunisie : L’accord sur un nouveau Premier ministre relance l’espoir malgré de grands défis à relever

Afriquinfos Editeur
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Le nouveau premier ministre Mahdi Jemaa,  actuel ministre de l'Industrie du gouvernement à majorité islamiste dirigé par Ali Laarayedh fortement contesté depuis l'assassinat le 6 février 2013 de l'opposant Chokri Belaïd, devrait  former un cabinet "de compétences nationales" dans un délai d'une semaine.

"Nous allons poursuivre mercredi prochain le dialogue afin de parvenir à tous les termes de la feuille de route", a déclaré le secrétaire général de la centrale syndicale et porte-parole officiel du dialogue Houcine Abassi, à la suite de  l'annonce du nom du nouveau Premier ministre.

"Nous félicitons les Tunisiens pour réussir à parvenir à un consensus sur le nom du prochain Premier ministre", a dit M. Abassi formulant l'espoir de voir un nouveau cabinet "neutre et apolitique" comme énoncé dans la feuille de route de sortie de crise en Tunisie.

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"Ce gouvernement, a-t-il insisté, est appelé à se pencher sur les dossiers socioéconomiques et sécuritaire essentiellement le dossier du terrorisme." Il (nouveau gouvernement) sera aussi dans l'obligation d'"instaurer un climat favorable à l'organisation d'élections démocratiques et transparentes devant mener le pays à la stabilité"

En effet, pas toutes les parties intervenantes dans le dialogue national ne semblaient être de concert sur le choix de Mahdi Jemaa comme Chef du gouvernement par intérim. Alors que 9 partis ont voté en sa faveur, 7 partis se sont abstenus de voter. Deux partis de poids au sein de l'opposition, à savoir Nidaa Tounes (Appel de Tunisie) et Al Jomhouri (Parti républicain) se sont déjà retirés du dialogue.

Après avoir remarqué que le dialogue national "s'est dévié de sa voie et pris d'autres tournures, la délégation qui représente Nidaa Tounes s'est retirée samedi", a expliqué dimanche le leader de ce parti et ancien Chef de gouvernement postrévolutionnaire, Béji Caïd Essebsi.

"Le choix sur une personnalité à la primature qui n'était pas pressentie pour ce poste outre la division de la scène politique du pays en deux clans antagonistes font en sorte que le résultat est inacceptable et loin de remplir le consensus espéré", a commenté M. Essebsi en marge d'une journée d'étude tenue par son parti à Tunis.

D'après lui, la position officielle et définitive du Nidaa Tounes sera divulguée publiquement jeudi 19 décembre courant à l'issue d'une réunion de son bureau exécutif.

Du côté du Parti Républicain (opposition), son porte-parole officiel Issam Chebbi se dit persuadé que le dialogue national, ayant abouti à l'élection de Mahdi Jemaa, n'a pas réussi à toucher le consensus (…) et les partis intervenants au vote sont appelé à assumer leurs responsabilités".

"Le Parti républicain, a-t-il accentué, détient la même position que celle du Front de salut national (principale alliance au sein de l'opposition) ".

Hamma Hammami, leader du parti des travailleurs et porte-parole du "Front populaire" (représentant la gauche au sein du Front de salut national) a confirmé aux médias que l'opposition a opté pour  l'abstention du fait qu'elle a n'a pas accepté la candidature de l'un des ministres du gouvernement d'Ali Laarayedh.

"Un nouveau cabinet dirigé par un ministre ayant exercé au sein d'un gouvernement défaillant ne peut pas susciter le consensus", a encore estimé M. Hammami.

Numéro un du parti islamiste Ennahdha qui conduit la Troïka (coalition tripartite au pouvoir), Rached Ghannouchi a réagi positivement suite à l'annonce du nouveau Premier ministre tunisien tout en félicitant toutes les parties pour avoir trouvé finalement un terrain d'entente.

"Le dialogue national n'a pas exigé la non-appartenance du prochain Chef du gouvernement au gouvernement actuel d'Ali Laarayedh". Et de faire savoir, lors d'une déclaration médiatique, que plus de la moitié (61%) des membres de l'actuel gouvernement sont des indépendants, y compris le nouveau Premier ministre Mahdi Jemaa.

Les députés du parti Ennahdha à l'Assemblée constituante, a-t-il rassuré, "respectent le résultat du dialogue national et présenteront Mahdi Jomaâ comme nouveau premier ministre après l'approbation du président de la République en adéquation avec la loi organisant les pouvoirs publics (petite Constitution)".

Après avoir désigné un nouveau Chef du gouvernement, pierre d'édifice du processus gouvernemental, la réussite de la phase transitionnelle en Tunisie sera tributaire – comme dicté par la feuille de route du dialogue national – de l'accomplissement des deux autres processus, constituant et électoral: former un nouveau cabinet apolitique, finaliser la Constitution et mettre en place une instance et un code pour les élections.