La Tunisie face à une multitude des défis à relever

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EVENTUEL REMANIEMENT MINISTERIEL

Prévu pour ces jours-ci, le remaniement ministériel du gouvernement tunisien suscite encore une polémique sur la scène politique du pays concernant les critères tout comme les objectifs de cet élargissement de la coalition au pouvoir. Deux parmi les partis de l’opposition favoris à intégrer le gouvernement sont revenus sur leur intention de faire partie du pouvoir à savoir le Parti républicain et le mouvement Wafa (Fidélité).

Le mouvement Wafa a exprimé officiellement samedi dernier son refus définitif d' une proposition gouvernementale d' avoir un portefeuille ministériel. "Le mouvement Wafa a demandé un remaniement au niveau des politiques gouvernementales et non pas seulement au changement de ministres", selon le porte-parole officiel de ce mouvement Slim Boukhdhir.

La proposition de l’actuel gouvernement "a relativement omis le contenu politique du remaniement ministériel pour se limiter au principe du quota politique", a ajouté M. Boukhdhir affirmant que son parti "refuse occuper un portefeuille ministériel sans efficacité".

Les premières indiscrétions relayées lundi concernant le remaniement ministériel indiquent que les ministères devant être subis des changements seraient notamment ceux du Commerce, de l’Industrie, de la Réforme administrative et de l’Environnement. D' un autre côté, le changement touchera également les postes de coordinateur général du gouvernement, du conseiller politique du Premier ministre, du ministre chargé des relations avec la Constituante en plus de l’annulation des secrétaires d’Etat aux Affaires étrangères.

"Le remaniement ministériel attendu ne va pas résoudre la crise qui va se poursuivre et imposer la formation d’un gouvernement de crise", selon le porte-parole officiel du Front populaire (coalition de partis de gauche). "De par qu’il sera basé sur des quotas, ce remaniement ne va pas répondre aux revendications des Tunisiens ni apporter des solutions viables".

La participation dans le nouveau gouvernement tunisien remanié sera considérée comme une "suicide politique", pour reprendre l’expression de Mohamed Baroudi, député du bloc démocratique au sein de l’Assemblée constituante. M. Baroudi a confirmé l’intention de faire partie d’une coalition avec le mouvement islamiste Ennahdha (parti majoritaire au pouvoir) "mais on refuse intégrer un gouvernement qui n’a pas de feuille de route claire et participative".

INCERTITUDES SECURITAIRES AUX FRONTIERES

Le premier niveau d’incertitude sécuritaire concerne la ligne frontalière avec l’Algérie où les forces tunisiennes ont réussi dimanche à arrêter deux individus de nationalités algérienne et marocaine ayant franchi illégalement la frontière tunisienne avec l’Algérie au niveau de la localité de Sakiet Sidi Youssef (nord-ouest tunisien). Ces deux individus étaient en possession d’importantes sommes d’argent notamment en Livre sterling.

Les autorités tunisiennes ont renforcé la présence sécuritaire sur cette frontière nord-ouest à la lumière de la récente prise d’otages dans l’attaque sur une installation gazière à In Amenas en Algérie en plus des développements du conflit au Mali.

Au moment où la présidence de la République tunisienne avait annoncé l’existence d’un ressortissant tunisien parmi les otages libérés en Algérie, la presse tunisienne a rapporté lundi que l' Algérie a convoqué l' ambassadeur tunisien à Alger pour vérifier les identités de 11 Tunisiens tués dans cette prise d' otages.

Le second niveau d’incertitude sécuritaire pour la Tunisie est en étroite relation avec la situation en Libye avec laquelle le sud-est tunisien partage un tracé frontalier d’environ 460 kilomètres qui enregistre un volume important d’échanges commerciaux et trafic de passagers.

A bord d' un véhicule tout terrain et portant des treillis, deux Libyens armés ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi derniers après avoir accédé au territoire tunisien et tiré des coups de feu en direction de l' un des postes frontaliers tunisiens de la région.

Quelques peu avant cet incident, une bande fut arrêtée à Médenine (province du sud-est tunisien frontalière avec la Libye) et d’importantes quantités d’armes et munitions ont été saisies dans deux dépôts situés dans la ville de Médenine. "Ces armes appartiennent à un groupe qualifié de terroriste dont deux membres ont été arrêtés", a confirmé une source sécuritaire tunisienne.

DEFI SOCIAL A L'INTERIEUR DU PAYS

Sur le plan local, la Tunisie semble être face à un double défi à relever: concevoir des mesures urgentes pour apaiser la tension sociale qui prévaut récemment dans certaines provinces d' un côté et aboutir à un consensus politique autour des priorités à court et moyen termes partant de la finalisation de la Constitution, l' élargissement de la coalition au pouvoir (remaniement ministériel) pour en finir avec l' organisation des prochaines élections qui rassureront les partenaires étrangers de la Tunisie.

Les mouvements sociaux dans les régions intérieures du pays continuent à prendre de l’ampleur dont les derniers en date ont été observés dans la province du Kef (nord-ouest) où les citoyens notamment les chômeurs demandent de l’emploi, du développement et des réformes administratives. Des protestations ont été déclenchées accompagnées d’affrontements avec les agents de l’ordre et une grève générale paralysant la vie sociale et économique dans toute la province.

Pour sa part, la ville d'Aguereb (au centre-est du pays) a vécu ces deux derniers jours sous le règne d' un climat de tension marqué par des accrochages entre des jeunes et les agents de sécurité suite au décès vendredi d' un citoyen heurté par un véhicule de la Garde nationale.

La situation générale en Tunisie est  marquée actuellement par la multitude des défis auxquels les dirigeants devront faire face avec courage et sagesse politiques.  Il s'agit notamment l’accélération de la finalisation de la Constitution pour stabiliser le pays politiquement et rassurer les partenaires économiques étrangers, ainsi que l’aboutissement à un consensus national sur les choix prioritaires de la prochaine étape en matière de modèle de développement et des politiques d’emploi et d’investissement.