Tueries, enlèvements, viols: Le Soudan du Sud continue de s’enfoncer à bas bruit, alerte l’ONU

Afriquinfos Editeur
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Le Président du Soudan du Sud, Salva Kiir, le 3 février 2023 à Juba.

Le nombre de civils tués au Soudan du Sud a atteint son niveau le plus élevé en près de cinq ans, a alerté le 02 juillet 2025 la Mission des Nations Unies dans ce pays pauvre et instable d’Afrique de l’Est.

Les tensions se sont récemment fortement accrues au Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète où la rivalité entre le Président Salva Kiir et son premier Vice-président Riek Machar a dégénéré en hostilités ouvertes en début d’année 2025, avec son arrestation en mars à Juba, la capitale.

Mercredi, 02 juillet 2025, l’UNMISS (Mission des Nations Unies au Soudan du Su) a déclaré qu’entre janvier et mars, 739 civils ont été tués, 679 blessés, 149 enlevés et 40 ont été victimes de violences sexuelles liées au conflit. Ce bilan marque une « augmentation de 110% des civils tués (de 352 à 739) » par rapport au trimestre précédent, ajoute l’UNMISS dans son communiqué.

Le Vice-président du Sud-Soudan, Riek Machar (g), et le Président, Salva Kiir, au Mausolée John Garang à Juba, au Sud-Soudan, le 5 février 2023.

Le nombre total de victimes est « le plus élevé sur une période de trois mois depuis 2020 », précise-t-elle encore. La majorité des victimes – comptabilisées notamment dans la région de Warrap, où M. Kiir a déclaré l’état d’urgence en juin 2025- sont le fait de milices communautaires ou de groupes de défense civile mais l’UNMISS note cependant la progression « préoccupante » d’attaques dues à des « parties conventionnelles et autres groupes armés« , qui ont crû de 27%.

Président S. Kiir du Soudan

L’ONU s’est plusieurs fois inquiétée de la détérioration récente de la situation dans le pays, très pauvre malgré ses richesses pétrolières, et qui peine à se remettre d’une guerre civile sanglante à laquelle un fragile accord de paix a mis fin en 2018. En mai 2025, le Haut-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, Volker Turk, a appelé toutes les parties à « se retirer d’urgence du bord du gouffre » et à respecter cet accord qui semble de plus en plus compromis.

Une escalade de la violence aggraverait encore la situation humanitaire déjà désastreuse et les violations généralisées des droits humains, avait-il ajouté. 

© Afriquinfos & Agence France-Presse