Transport aérien : 7 milliards FCFA de chiffre d’affaires annuel au Congo, de source administrative

Afriquinfos Editeur
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"A Brazzaville, nous avons de huit vols internationaux par jour en moyenne et douze vols domestiques. A Pointe-Noire, on a six vols internationaux par jour et aussi douze vols domestiques. Du point de vue des passagers, nous n'avons pas encore les statistiques de cette année", a fait savoir Bernard Tchicaya, directeur du Bureau de contrôle et de supervision de concession des aéroports.

Respectivement situés dans la capitale et la métropole économique congolaises, les deux aéroports sont gérés par les Aéroports du Congo (AEROCO). Dépourvue de sa propre compagnie, le pays offre un ciel complètement ouvert qui en faut une destination courue pour des transporteurs étrangers d'envergure internationale.

Selon Tchicaya, "l'industrie du transport aérien au Congo est florissante. Chacun fait son affaire. Etant donné que nous sommes dans la mondialisation, on est sur l'open sky, c'est-à-dire qu'on a ouvert le ciel, jusqu'au cinquième degré de liberté. Donc, les compagnies qui présentent des appareils de sécurité peuvent desservir les plateformes congolaises".

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Premier bénéficiaire de cette politique libérale, la compagnie Air France aligne sept vols hebdomadaires, tant à Brazzaville qu'à Pointe-Noire, en direction de Paris, avec cependant des tarifs hors de portée.

"En période basse, le tarif le moins cher est de 700.000 francs (1.400 USD) pour Brazzaville-Paris. Et Pointe-Noire-Paris, on ajoute 100.000 francs (200 USD) de plus, parce que Pointe-Noire est un peu plus loin vers le Sud-Ouest. En période de pointe, on monte jusqu'à 1.200.000 francs (2.400 USD) Brazza-Paris et Pointe- Noire-Paris 1.300.000 francs (2.600 USD)", informe le directeur du Bureau de contrôle et de supervision de concession des aéroports.

Une des références africaines, le transport éthiopien Ethiopian totalise pour sa part sept vols hebdomadaires sur le Congo. A en croire Bernard Tchicaya, ses tarifs sont globalement près de 40% moins bas que ceux d'Air France. Soit la même fourchette que son concurrent kényan Kenya Airways, situé entre 35 à 40% de réduction.

Il n'est pas étonnant dans ce cas que les passagers préfèrent ces deux compagnies africaines, mais elles passent d'abord par leurs hubs respectifs avant de relier la capitale française.

"Dans tous les cas, Air France fait toujours le plein, parce que c'est un vol de 7 heures, on y arrive vite. Vous avez aussi Royal Air Maroc, qui passe par Casablanca. Le taux de réduction ( par rapport à Air France) est de 30%", souligne Tchicaya, ancien directeur général de l'aviation civile congolaise.

Pour les grandes destinations, l'ex-puissance coloniale, la France, domine également le classement, suivie de la Belgique à travers la capitale Bruxelles, l'Allemagne par Frankfort.

"Nous avons aussi toute l'Afrique, dit le responsable congolais. Les compagnies africaines qui viennent au Congo desservent toute l'Afrique. Pour l'Asie, il y a Guanzhou, parce qu'Ethiopian fait Brazzaville-Addis-Abeba-Guanzhou. Ils font même aussi une deuxième ville de Chine et les Etats-Unis aussi mais en passant par Paris".

A l'évidence, le voyageur congolais souffre de l'absence d'une compagnie nationale, reconnaît-il. Le Congo dispose pourtant de cinq compagnies domestiques dont deux qui s'adjugent elles-mêmes le titre de compagnies nationales. "On a trois compagnies privées et deux nationales, mais qui ne peuvent pas concurrencer les compagnies occidentales, ni même les compagnies d'Afrique".

"Nous avons Equair et Transair Congo qui dessert Libreville, Cotonou et Douala sous le label Transair Bénin. Nous avons Canadian et Mistral qui ne desservent que le Congo. Alors que ces compagnies pouvaient se regrouper. Le Congo a déjà deux compagnies nationales : Nouvel Air Congo et Equair, dont les avions sont payés par le trésor public. Il faut que le gouvernement du Congo arrive à réunir ces deux compagnies pour faire une seule compagnie nationale", suggère Bernard Tchicaya.

"Equair a deux avions 737-400, Transair Congo cinq avions 737- 300 et 737-200. Nouvel Air Congo a un avion chinois de type Mac-MA 60 qui vole très bien. C'est vrai qu'Equair est dirigée par une Congolaise, mais la plupart des Européens que je vois là-bas sont Allemands. Ils peuvent faire qu'Equair desserve Frankfort, Berlin et même Paris. Ils en ont les moyens", poursuit-il.

Il y a un an encore, le voyageur congolais pour se rendre à Douala au Cameroun devait d'abord aller à Nairobi au Kenya. Le défi reste entier pour l'Afrique centrale d'être desservie par ses propres compagnies.

"Le Gabon n'a plus de compagnie concurrente. Le Cameroun vient d'avoir une compagnie (Camair-co, ndlr), il faut que cette compagnie ait deux ou trois avions concurrents, pour concurrencer la Ram, Air France, Kenya Airways, Ethiopian", souhaite Tchicaya.

Le projet d'une compagnie commune sous le nom d'Air CEMAC annoncé depuis des années tarde à prendre corps.

"Air CEMAC, j'étais moi-même acteur au début, quand j'étais directeur général de l'aviation civile au Congo. Les présidents de la République de la Cemac ont décidé sa création, mais je crois que quelque part il manque une volonté politique", regrette-t-il.

D'après lui, "il aurait fallu seulement que chaque pays donne 1, 5 milliard (de francs CFA, soit environ 3 millions USD, ndlr). Nous sommes six pays de l'Afrique centrale, on peut bien soit prendre d'abord des avions en leasing, ou acheter des avions".