Togo/Affaire de vol présumé d’argent dans la maison d’un ministre: Des OSC réclament une enquête sur la provenance du montant mis en cause

Afriquinfos Editeur
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Lomé (© 2023 Afriquinfos)- Au Togo,  des OSC (ALCADES – ASVITTO – GAGL – GCD – GLOB – FDP– LCT – LTDH – MCM – MJS – SEET) demandent une enquête officielle suite aux informations relayées depuis une semaine par plusieurs médias locaux et faisant état du vol présumé d’une importante somme d’argent au domicile du ministre Kodjo Adedze. Ces OSC exigent du Chef de l’État Faure Gnassingbé une « bonne dose d’éthique dans la gestion de la chose publique au sommet de l’État ».

Depuis le 5 novembre 2023, circule dans plusieurs médias togolais une information faisant état du vol, au domicile du ministre d’État, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière, Kodjo Adedze, d’une somme d’argent avoisinant quatre cent millions (400.000.000) de FCFA.

Dans le même temps et suivant les mêmes formes, une autre information révèle des faits de braquage du domicile du même ministre, avec vol de fonds d’un montant supérieur au premier et des objets précieux d’une très grande valeur. Une enquête sur ces deux évènements suivrait son cours à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), relève un communiqué signé par 11 OSC.

Pour les organisations signataires du texte, si les faits sont avérés, ‘’il demeure non seulement inadmissible, mais aussi illégal qu’une personne, et de surcroît un ministre de la République, détienne par-devers lui et à son domicile une telle somme. Car le ministre Kodjo Adedze, Inspecteur des douanes de son état, ne peut pas ignorer que sans déclaration préalable auprès de l’autorité administrative compétente, posséder une telle somme à domicile est considéré comme du blanchiment d’argent consistant à dissimuler l’origine de fonds obtenus illégalement afin qu’ils paraissent être issus de sources légitimes. Et le blanchiment est souvent une composante d’autres infractions graves telles que les détournements, les prises illégales d’intérêts, le trafic de stupéfiants, le vol et l’extorsion’, détaille le communiqué rendu public ce 12 novembre.

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Ces faits présumés et pointés du doigt par des OSC précités sont prévus et punis par le « Titre IX de la Loi n°2015-10 du 24 novembre 2015 portant nouveau Code pénal, modifiée par la Loi n°2016-027 du 10 octobre 2016, sous les chefs des infractions économiques, bancaires et financières, notamment le blanchiment simple, le blanchiment aggravé, le blanchiment de capitaux. En rappel aussi, ces infractions doivent faire l’objet d’une mise en mouvement d’office de l’action publique, sans plainte préalable d’une quelconque victime« , insistent ces OSC.

Les organisations signataires justifient leur démarche par le fait que « Monsieur Kodjo Sevon-Tepe Adedze a occupé successivement les postes d’Inspecteur des douanes, Directeur des études et de la législation douanière, Directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics, Directeur général des douanes, Commissaire des douanes et droits indirects, et Commissaire général de l’OTR (Office togolais des recettes) plus de quatre ans, ministre du Commerce, de l’Industrie, du Secteur privé et de la Consommation locale, et aujourd’hui ministre d’État, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Réforme foncière« . Et que ces ministères ont été mis en cause dans le « Rapport d’audit du Fonds de riposte et de solidarité de la Covid-19, gestion 2020’’.

 »Lorsqu’on sait en outre que tous les jours, l’État fait saigner les populations, les pauvres contribuables à travers les taxes, les redevances fiscales, le taux d’inflation insupportable, alors qu’un seul ministre peut garder chez lui, à domicile la somme d’un montant qui avoisine un milliard, il y a lieu de s’interroger », met en avant le même communiqué.

Une demande de démission

Sur la base de leurs rappels, les organisations signataires du communiqué ayant fait le constat que les faits allégués entament « l’intégrité et la crédibilité du ministre Kodjo Adedze dans la gestion et la conduite de son portefeuille ministériel, demandent qu’il soit immédiatement démis de son poste de ministre, une manière pour le Chef de l’État de promouvoir l’éthique dans son leadership afin de mettre le pays sur les rails d’un véritable essor économique pour le développement, car un grand homme disait qu’’on reconnaît l’intelligence du roi dans le choix de ses conseillers’. Autrement dit, si les collaborateurs ont du mépris pour les règles d’éthique et de la gouvernance, cela pourrait être interprété comme étant la vision du premier responsable« .

Il en va d’ailleurs de la politique d’assainissement des finances publiques que le Gouvernement togolais tente ces derniers temps de clamer à cor et à cri et de vendre à ses populations, argument encore ces OSC.

Les Organisations signataires demandent enfin à la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) de s’auto-saisir de cette affaire, et à la Justice togolaise de pas seulement « s’intéresser aux dossiers relatifs aux coups d’État, mais aussi et surtout, elle doit étendre ses actions aux infractions relatives à l’éthique dans la gouvernance et dirigeants qui empêchent les populations de vivre décemment.

La Justice togolaise doit donc « faire toute la lumière sur cette affaire, le principal intéressé doit être mis à sa disposition pour répondre de ses actes« , concluent encore ces OSC.

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