Togo: ‘Dialogue national’ ou démission de l’exécutif, nouvel appel d’Opposants

Afriquinfos Editeur
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Les Partis politiques et OSC demandent la démission de Faure Gnassingbé (Dr-Koaci.com)

Lomé (© 2025 Afriquinfos)- Deux grands partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile ont demandé ce 12 juin la « démission » de Faure Gnassingbé. Au cours d’une conférence de presse tenue ce jeudi à Lomé, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les forces démocratiques pour la République (FDR), le front citoyen Togo debout et la novation internationale ont une fois de plus rejeter la nouvelle Constitution, adoptée en avril 2024, qui permet à Faure Gnassingbé de consolider son pouvoir au sein d’un régime parlementaire dont il occupe la plus haute fonction, celle de président du Conseil.

Dans une déclaration lue lors d’une conférence de presse, l’Alliance nationale pour le changement (ANC), les Forces démocratiques pour la République (FDR) et une partie de la société civile ont demandé « solennellement et publiquement la démission immédiate de Faure Gnassingbé ».

Il « doit rendre le pouvoir au peuple togolais à qui appartient la souveraineté nationale« , ont-ils martelé. « L’imposition d’une constitution dite de la 5ème République, sans référendum, sans consultation populaire et sans consensus national, constitue un acte de haute trahison contre le peuple togolais et la démocratie », ont-ils dénoncé.

Le Togo est dirigé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays. Faure Gnassingbé, le 3 mai dernier, a prêté serment pour le poste de président du Conseil, une fonction créée suite à un changement de Constitution intervenu en 2024, l’ancien chef d’État conservant l’essentiel du pouvoir exécutif.

Des années caractérisées, selon le Crac, par des violences politiques, des difficultés économiques et une corruption endémique. Le Crac dénonce un échec de gouvernance et demande la démission de Faure Gnassingbé. ‘’Le président doit démissionner pour des raisons claires et objectives, lance le professeur David Dosseh, membre de la conférence des présidents du Crac, durant une conférence à laquelle assistait notre correspondant à Lomé, Peter Sassou Dogbé. La première raison, c’est qu’il n’a pas de légitimité. La deuxième raison, c’est parce qu’il y a un échec de sa gouvernance. Quand vous voyez sa gouvernance au plan politique où on peut se permettre d’arrêter des journalistes, de récupérer leur matériel, de les obliger à effacer les images, d’attraper un jeune médecin et le bastonner – pour reprendre ses propres termes – sauvagement, et puis tranquillement aller chez soi parce que c’est une République bananière…’’

David Dosseh poursuit : ‘’Il a échoué au plan économique. Et, enfin, je pense qu’il a échoué au plan social. C’est un échec parce que c’est un modèle mauvais qu’il laisse aux jeunes générations. Pour toutes ces raisons, monsieur le président Faure Essozimna Gnassingbé, vous devez rendre le tablier’’.

Un appel au dialogue lancé par la CET

Dans un message solennel adressé à la Nation à l’occasion de la fête de l’Ascension et en prélude à la Pentecôte, la Conférence des Évêques du Togo (CET), avait elle aussi exprimé sa vive inquiétude face à la situation sociopolitique du pays.

Dans ce communiqué publié sous le thème spirituel ‘’Ne résistons pas à l’Esprit’’, les Évêques ont interpellé les autorités.

Le passage à la Vème République, effectif depuis le 3 mai 2025, est qualifié de source de  ‘’fortes crispations’’ et de ‘’frustrations générales’’ dans un contexte socioéconomique déjà difficile

Face à cette situation, la CET a appelé à un ‘’véritable dialogue, franc, sincère, inclusif et constructif’’ et exhorte tous les acteurs – politiques, société civile, forces de sécurité et confessions religieuses – à s’unir pour préserver la paix. Elle souligne : ‘’La paix véritable ne peut se construire sans la justice, la vérité et un dialogue sincère’’.

Un nouvel appel à la désobéissance

Ces partis politiques et des membres de la société civile ont également appelé les Togolais à « désobéir et à s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime à compter du lundi 23 juin« .

L’opposition et la société civile l’accusent de vouloir rester indéfiniment à la tête de l’État. Mais pour les autorités, la réforme constitutionnelle vise plutôt à « dépersonnaliser » le pouvoir.

La semaine dernière, les 5 et 6 juin, des manifestations lancées sur les réseaux sociaux par des jeunes et des militants de la société civile ont eu lieu à Lomé pour protester contre le régime. Elles ont été dispersées par la police, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées puis libérées, tandis que d’autres personnes ont été placées en garde à vue.

Ces manifestations du 5 et 6 juin sont intervenues dans un climat politique tendu, aggravé par l’arrestation de l’artiste engagé Narcisse Essowè Tchala, alias Aamron, figure influente de la scène culturelle togolaise.

De nouveaux appels à manifester ont été d’ailleurs lancés, pour les 26, 27 et 28 juin. « Ce n’est que le début de l’exaspération du peuple togolais. Le mur de la peur est en train de se fissurer. La jeunesse se réveille« , a renchéri David Dosseh, porte-parole du Front citoyen Togo debout (FCTD, regroupement d’organisations de la société civile).

Vignikpo Akpéné