Starlink d’E. Musk dans 15 Etats africains, lance une concurrence redoutable au Mali et au Niger

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Starlink accepté au Niger et au Mali (DR-Sahel Tribune)

Niamey (© 2024 Afriquinfos)- Après la récente levée de l’interdiction par les autorités maliennes  d’importer et de commercialiser les kits Starlink (donnant accès à internet via le satellite), c’est autour du Niger d’autoriser Starlink (propriété du milliardaire américain Elon Musk) sur son territoire.

Un accord a été signé en ce sens entre les autorités nigériennes et le fournisseur d’accès à internet par satellite, Starlink. En optant pour ce choix, Niamey ambitionne ainsi de couvrir la quasi-totalité du territoire et améliorer la connectivité dans un pays où le taux de couverture internet est encore très faible.

Ce retour de Starlink au Mali et son entrée au Niger s’inscrivent dans un contexte de réorganisation du Sahel. La Confédération des États du Sahel, au-delà de son objectif de coordination sécuritaire et économique, cherche à réduire la dépendance de ses membres vis-à-vis des acteurs extérieurs et des institutions perçues comme lointaines.

Le numérique fait désormais partie intégrante de ce projet de modernisation. Offrir aux citoyens et aux entreprises locales un accès fiable au haut débit contribue à consolider l’autonomie de cette Confédération dans des domaines critiques, de l’éducation à la santé, en passant par l’économie et la sécurité.

Avec Starlink, le Mali et le Niger font le pari de l’innovation et de l’ouverture au monde sans pour autant perdre le contrôle de leur infrastructure numérique. Ils démontrent qu’il est possible de conjuguer indépendance et progrès technologique. Face aux défis du 21e siècle, ces États sahéliens tracent une voie ambitieuse et nécessaire : celle d’une autonomie numérique au service de leur développement et de la souveraineté des peuples africains.

Avantage principal de l’offre : du haut débit à un tarif abordable avec 200 Mb/s pour environ 25.000 FCFA par mois. Un tournant pour les entreprises nigériennes, selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché : «Ce qui va changer avec Starlink, c’est que le déploiement du haut débit sera très important pour le secteur de l’entrepreneuriat. Beaucoup de chefs d’entreprises se plaignent de la mauvaise qualité des offres existantes. Avec Starlink, cette crainte sera levée, les entreprises vont pouvoir développer leur business ». ‘’Que ce soit en 2G, 3G ou 4G la couverture internet ne dépasse pas le tiers du territoire au Niger’’, selon Rfi.

Les autorités nigériennes ont longtemps craint l’utilisation de ce réseau par les groupes terroristes, mais le rapport bénéfice-risque semble avoir changé. « Avec un acteur comme Starlink, le problème de la couverture est résolu », assure Antony Adopo, spécialiste du numérique en Afrique.

Il explique que la stratégie de Starlink sur le continent a également évolué. Le fournisseur d’accès envoie désormais ses équipes négocier pour convaincre un à un les pays africains. « Starlink a contacté plusieurs États afin de rassurer sur les différentes craintes qu’ils peuvent avoir, comme le respect de leurs cadres réglementaires, explique Antony Adopo, il y a eu plusieurs étapes. La première, c’est quand les pays ont constaté que Starlink opérait sur leurs territoires sans y avoir été autorisé, donc il y a eu une levée de boucliers pour dire que c’est contraire à la loi. Ensuite, discussions entre les gouvernements et l’opérateur. Et une fois qu’ils se sont compris, troisième étape : acceptation de ce nouvel acteur ».

D’après le média français, reste le défi de la souveraineté numérique. Comment seront contrôlées les données collectées et les communications qui transiteront par le réseau ? De nombreux pays comme le Cameroun, ou la République démocratique du Congo refusent encore d’autoriser Starlink. « Les pays, en réalité, n’interdisent pas Starlink, mais réfléchissent à comment faire venir cet acteur-là tout en préservant l’écosystème local’’, assure Antony Adopo.’Il y’a des opérateurs locaux qui investissent depuis longtemps, qui ont besoin de beaucoup de budget pour pouvoir connecter tout le monde. C’est cette équation qui est en réflexion dans la plupart des pays africains’’.

Le Burkina Faso joue encore la carte de la prudence

Au Burkina Faso, en revanche, l’Autorité de Régulation des Communications électroniques et des Postes (ARCEP) a réitéré son opposition à Starlink, jugeant « irrégulière » la commercialisation de ses terminaux internet. L’ARCEP a rappelé que toute entreprise de communication doit se conformer aux lois locales. Les Burkinabés sont ainsi invités à se méfier de ce service, qui demeure interdit tant que Starlink n’aura pas satisfait aux exigences réglementaires du pays.

Ce positionnement contraste avec les choix faits au Mali et au Niger, mais reflète une prudence que l’on peut comprendre, surtout dans un pays où les préoccupations sécuritaires sont très fortes. Néanmoins, la décision du Burkina Faso de ne pas encore autoriser Starlink pourrait à terme isoler davantage sa population, en la privant de services numériques essentiels dans des zones souvent coupées du reste du pays.

Starlink s’étend donc désormais dans 15 pays africains avec ces récents accords. Progressivement, l’Afrique gagne en qualité de connexion Internet et permet aux populations locales d’accéder à l’information et au vaste savoir disponible en ligne grâce au fournisseur.

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