Soudan/Camp de déplacés de Zamzam au Darfour: MSF suspend ses prestations pour insécurité

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture
Image satellite diffusée par Maxar Technologies montrant l'entrée du camp de Zamzam près d'el-Facher, la capitale du Darfour-Nord, le 14 janvier 2025 au Soudan.

L’ONG française Médecins sans frontières (MSF) a annoncé ce 24 février 2025 la suspension de ses activités dans le camp de déplacés de Zamzam frappé par la famine, dans l’ouest du Soudan, en raison des combats et des violences.

Ce camp, situé juste au sud d’el-Facher, la capitale du Darfour-Nord, abrite au moins un demi-million de personnes, la plupart déplacées par la guerre entre les paramilitaires et l’Armée du général Abdel Fattah al-Burhane, déclenchée le 15 avril 2023. Il a été attaqué le 11 février par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par Mohamed Hamdane Daglo, et des combats ont suivi pendant deux jours dans le camp entre les FSR d’une part et l’Armée et des milices alliées de l’autre. « Malgré la faim généralisée et les immenses besoins humanitaires, nous n’avons d’autre choix que de prendre la décision de suspendre toutes nos activités dans le camp, y compris l’hôpital de campagne de MSF », a indiqué l’ONG dans un communiqué.

Des Soudanais déplacés, qui ont fui le camp de Zamzam, rassemblés près de Tawila, au Darfour-Nord, le 14 février 2025.

« Arrêter nos activités en pleine catastrophe qui s’aggrave à Zamzam est une décision déchirante », a déclaré Yahya Kalilah, chef de mission de MSF au Soudan. Mais « les conditions de sécurité les plus minimales ne sont actuellement pas réunies pour que nous puissions rester ».

L’hôpital de campagne de MSF, qui manque de services de traumatologie, a reçu 139 blessés lors des trois premières semaines de février, la plupart atteints par balle ou par des éclats d’obus. Onze patients, dont cinq enfants, sont décédés, selon l’ONG. Le transfert des patients vers l’hôpital saoudien entièrement équipé d’el-Facher est devenu de plus en plus dangereux après les attaques contre les ambulances de MSF, d’après l’ONG.

Les belligérants ont été accusés de bombarder sans discernement des établissements de santé et des zones résidentielles et d’utiliser la faim comme arme de guerre. La guerre opposant deux généraux alliés devenus rivaux a fait des dizaines de milliers de morts,  déraciné plus de 12 millions de personnes et engendré un désastre humanitaire. Les FSR contrôlent une grande partie de l’ouest et du sud du Soudan tandis que l’Armée a consolidé son emprise sur l’est et le nord. Ces dernières semaines, les paramilitaires ont intensifié leurs attaques contre el-Facher, la seule capitale provinciale du Darfour encore aux mains de l’Armée, après que celle-ci a réalisé des gains importants à Khartoum.

Depuis mai 2024, les FSR assiègent el-Facher sans réussir à s’en emparer. Leurs attaques ces dernières semaines contre la ville et les villages environnants a forcé des milliers de personnes à fuir, selon l’ONU. Le camp de Zamzam, le plus grand du Darfour, a été le premier endroit où l’état de famine a été déclaré au Soudan en août 2024, selon une évaluation soutenue par l’ONU.

La famine touche désormais cinq zones du pays et devrait s’étendre à cinq autres y compris el-Facher en mai 2025. Huit millions de personnes sont au bord de la famine au Soudan, tandis que près de 25 millions, soit environ la moitié de la population, souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë.

© Afriquinfos & Agence France-Presse